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Interview Jean-Pierre Como en concert à Paris avec "Infinite", album très personnel et aventure collective

Le pianiste Jean-Pierre Como, cofondateur du célèbre groupe Sixun, a sorti à la rentrée son onzième album studio, "Infinite" (l'infini), résultat d'un travail collectif d'improvisation et d'une profonde synergie entre les musiciens de son quartet. Un très beau disque. Avant de se produire ce vendredi 1er et samedi 2 mars à Paris, au Sunside, il nous présente ce projet artistique très personnel.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le pianiste Jean-Pierre Como (2018)
 (Pierre-Anthony Allard)

Pour enregistrer "Infinite", Jean-Pierre Como, 55 ans, pianiste, compositeur et par ailleurs cofondateur de Sixun, célèbre groupe de fusion jazz-rock, a réuni autour de lui trois excellents musiciens : le saxophoniste Christophe Panzani, le contrebassiste Bruno Schorp et le batteur Rémi Vignolo.

Paru en septembre 2018 (chez L'Âme Sœur/Socadisc), "Infinite" est né d'un souffle puissant d'inspiration collective, et cela s'entend dans le lyrisme, la chaleur et l'émotion dont la musique est gorgée. Le quartet sera présent au grand complet ce vendredi et ce samedi sur la scène du Sunside, célèbre club de jazz de la rue des Lombards, au cœur de Paris.

- Culturebox : Pouvez-vous m'expliquer le processus qui a mené à l'enregistrement d'"Infinite" ?
- Jean-Pierre Como : C'est la question fondamentale. Ce projet est très personnel dans ma carrière. Il a été conçu d'une manière différente de tous ceux que j'ai pu faire dans le passé. La première chose, c'est le temps. Avec les musiciens du groupe, on en a eu beaucoup. On se connaît depuis un certain nombre d'années. Je connais le batteur Rémi Vignolo depuis 20, 25 ans et les autres musiciens depuis à peu près cinq, six ans. Le projet est né de jam sessions que je faisais régulièrement avec plein de musiciens dont ceux qui ont intégré le groupe. Ce que je dis toujours, c'est que dans une aventure quelle qu'elle soit, l'essentiel, c'est la connexion. Être connecté. C'est comme dans la vie. Et j'ai été connecté.

J'ai proposé aux musiciens de faire de l'improvisation pure. C'est la base de ce projet.


- Racontez-moi !
- Ça se passait il y a six ans. Au tout début, on est parti sur des standards, des chansons hollywoodiennes, comme on en a l'habitude dans le jazz : on improvise, on s'amuse autour de ça, on a des codes, des phrasés. Ça marche plus ou moins bien. Et quand on est connecté, ça marche vraiment bien. Et là, j'ai senti ce fil conducteur dans l'improvisation. Je me suis pris au jeu. On se voyait régulièrement autour de standards, deux fois par mois. Au bout d'un moment, j'ai ouvert les portes : j'ai proposé de faire de l'impro pure. On était complètement libre. Faire ce qu'on avait envie de faire, s'éclater, être connecté, c'est la base de ce projet.

Comme ça marchait bien, j'ai décidé d'amener des petites idées, sans les écrire, sans les figer. Les musiciens arrivaient, je leur proposais d'improviser à partir de ces idées que je leur jouais. Ils chopaient la mélodie, entendaient l'harmonie, et hop, on improvisait. On s'est tous pris au jeu. J'enregistrais et c'est de là que ça s'est construit. La moitié du disque a été conçue comme ça, à l'image des premiers morceaux "I Remember" et "Little Man" par exemple. C'est ce qui a fait pour moi le passeport de ce disque. On a pris notre temps, ce qui constitue un luxe aujourd'hui dans le jazz.
- Pour avoir pu prendre ainsi votre temps, avez-vous un petit studio d'enregistrement chez vous, ou disposez-vous d'un accès à un studio ?
- Non, mais chez moi, j'ai installé une salle de musique où j'ai mon piano, une batterie et une petite sono. J'ai cette chance et ça me permet de faire ce type de travail avec les musiciens. Ensuite, une fois en studio, on a eu trois jours pour enregistrer le disque.

- Pour revenir au processus d'élaboration de l'album, c'est donc bien une première pour vous...
- Oui, j'ai vraiment essayé de trouver quelque chose de différent. De l'impro pure, j'en ai fait il y a très longtemps avec le groupe Sixun, où on pouvait commencer à jouer à partir d'un accord. Il y a huit ou neuf ans, j'ai fait un trio avec Aldo Romano [ndlr : batteur] et Diego Imbert [bassiste]. On a enregistré sur des standards en une journée. C'était de l'improvisation, mais dans le sens classique du terme dans le jazz : on avait une mélodie, des accords, on jouait le thème puis on improvisait sur cette forme pré-établie.

Mais pour "Infinite", la part de mélodie et d'harmonie est sortie de l'improvisation. C'est l'apport d'un moment, d'une situation, des gens avec qui on travaille. De plus, c'est une nouvelle équipe pour moi qui avais toujours travaillé avec des familles, comme c'est souvent le cas : on joue avec des gens de notre génération. Cette fois, j'ai travaillé avec des gens nouveaux pour moi, ils n'ont pas la même culture et du coup, le son n'est pas le même. Je trouve que le projet est réussi, il me fait changer de voie, de couleur, même si on me reconnaît car il y a toujours ma patte.

Il y aura un "Infinite 2".


- Ce disque annonce-t-il un virage vers une nouvelle direction ?
- Il n'y a pas de règles, j'ai tellement d'envies ! Sur ce disque, ça s'est passé comme ça, mais c'est lié à une rencontre : les musiciens d'"Infinite" m'ont amené sur cette voie ! Sur un prochain projet, j'essayerai de trouver autre chose... Mais ce que je peux vous dire, c'est que je vais continuer l'aventure avec eux. J'ai tellement aimé la façon dont on a travaillé que dans un an, je vais enregistrer un autre album avec ce groupe. Il y aura un "Infinite 2". Ce sera la première fois de ma vie que j'enfonce le clou comme ça !

Jean-Pierre Como "Infinite" en concert
Vendredi 1er et samedi 2 mars 2019 au Sunside, à Paris, 21H
60, rue des Lombards, 75001 (tél : 01 40 26 46 60)
Lundi 20 mai 2019 au Pan Piper, à Paris, scène Sacem Jazz
2-4, impasse Lamier, 75011
> L'agenda-concert de Jean-Pierre Como sur son site

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