Jazz à Vienne : comme un manouche avec Thomas Dutronc
Un concert avec Thomas Dutronc, c'est un peu comme un rendez-vous entre vieux potes. On discute en buvant un coup (l'apéro, c'est sacré, on l'aura compris !), on grignote des chips (même s'il n'y en avait pas pour tout le monde, seuls les premiers rangs y ont eu droit), en se creusant les méninges, stylo à la main, pour trouver les rimes qui termineront "Archimède", l'un des titres du prochain album à paraitre dans les mois qui viennent.
"On travaille sur deux nouveaux couplets qu'on veut essayer ce soir. Vous êtes des cobayes !" Avec pareille mise en scène, le rire est assuré et le public, déjà en partie conquis d'avance, savoure.
Et puis on joue bien entendu. Des compos souvent inspirées du jazz manouche, du grand Django, c'est LA référence absolue, "un génie au rang des Bach ou des Mozart". "Qui je suis", titre du futur opus ouvre le bal. Puis s'enchainent les chansons légères des précédents albums, "Comme un manouche sans guitare" (2007) et "On tourne en rond" (2011) ou encore des clins d'oeil à d'illustres prédecesseurs comme Gainsbourg ("Chez les yéyés") ou un certain Jacques Dutronc ("A toute berzingue").
Extrait du concert: "Comme un manouche sans guitare"
Incroyables talents
Les solos de l'un, dont les doigts courent et pincent la guitare à une allure folle dans cet esprit si caractéristique du jazz manouche, répondent aux coups d'archet fulgurants de l'autre dans des instrumentaux qui laissent pantois. Thomas Dutronc apprécie... il pose même sa guitare (qu'il manie fort bien également, quoi qu'il en dise, voir la rencontre ci-dessous) et sort son portable pour filmer ses compères. Dans les gradins, on rit de la blague. Mais "chuuuut ! " souffle le trublion. Angelo Debarre, visage acéré, reste imperturbable, la jambe droite repliée sur son genou gauche. Il ne changera pas de position. Thomas Dutronc n'en a pas fini avec le public. Avant d'entamer "J'suis pas d'ici", il invite 20 personnes à monter sur scène, comme ça, parce que c'est "Un air de fête" comme dit la chanson. Lui disparait derrière ces vedettes éphémères ravies qui s'en donneront à coeur joie pendant trois morceaux, swinguant devant les musiciens.
"Minor swing" pour terminer
Le concert s'achève avec un "Minor swing" endiablé et un public transporté: dans le théâtre antique, tout le monde s'est levé. Les pieds bougent, les mains claquent. Si seulement tous les apéros entre copains étaient de cet acabit !
Rencontre
Avant de monter sur scène, Thomas Dutronc avait accepté une recontre avec la presse. Interrogé par le journaliste Robert Lapassade, il a rappelé, comme il l'a fait sur scène, qu'il était venu à Vienne il y a 12 ans, accompagner un certain Bireli Lagrène. Concert "all stars manouches" mémorable dont il se délecte toujours. Dans la séquence ci-dessous, il se confie sur les musiciens qui l'accompagnent et sur ses projets.
Pour ceux qui souhaitent découvrir Thomas Dutronc sur scène, les possibilités sont encore nombreuses cet été. Il se produira notamment le 11 juillet au festival Nuits du Sud à Vence, le 12 au festival Nuits du Jazz à Vauvert, le 18 au festival Guitare en scène à Saint-Julien-en-Genevois, le 19 au Montreux Jazz Festival mais aussi à Jazz in Marciac le 9 août (retrouvez toutes les dates de sa tournée sur son site officiel).
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