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Hausse du prix des vinyles : le syndicat des disquaires indépendants dénonce les maisons de disques qui cherchent à faire "de la profitabilité"

La flambée du prix des polymÚres, matiÚre premiÚre nécessaire à la fabrication des vinyles, explique en partie la hausse des prix. Mais le disquaire Christophe Ouali reproche aux maisons de disques de vouloir faire davantage de marge.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le disquaire Christophe Ouali pointe des hausses de prix spectaculaire des vinyles, Ă  l'occasion du Disquaire Day, ce samedi 18 juillet. En cause, les maisons de disques qui cherchent Ă  faire des marges sur des disques iconiques, tels que Nevermind de Nirvana. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

Christophe Ouali, disquaire, patron de la boutique de disques Le Silence de la rue Ă  Paris, et co-prĂ©sident du GREDIN, syndicat professionnel regroupant prĂšs de 300 disquaires indĂ©pendants en France, a dĂ©noncĂ© ce samedi 17 juillet sur franceinfo la hausse spectaculaire du prix des vinyles, alors que se dĂ©roulait le mĂȘme jour le deuxiĂšme Disquaire Day de l'annĂ©e. MĂȘme si la crise sanitaire et la pĂ©nurie des matiĂšres premiĂšres expliquent cette hausse, le patron des disquaires indĂ©pendants pointe les maisons de disques qui cherchent "Ă  refaire de la profitabilitĂ© de façon spectaculaire". RĂ©sultat, "il y a une rĂ©tractation d'achat des consommateurs", car "ils ne sont pas idiots", dit-il. Universal a ainsi observĂ© un recul des ventes de -40% "pour un disque aussi emblĂ©matique que Nevermind de Nirvana".

franceinfo : La fĂȘte est gĂąchĂ©e par la hausse des prix des vinyles ?

Christophe Ouali : Oui, on avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© prĂ©alablement informĂ© en mars des augmentations du printemps. Les premiĂšres Ă©taient communiquĂ©es par Universal. Il y avait 330 titres qui basculaient Ă  partir du mois d'avril. TrĂšs peu de temps aprĂšs le Disquaire Day du 12 juin, le 15 juin exactement, Warner entrait dans la danse avec une majoration de 1 200 rĂ©fĂ©rences. Sony, beaucoup plus neutre, a majorĂ© une centaine de titres. Il y a des surcoĂ»ts que l'on connaĂźt et qui sont imputables Ă  la flambĂ©e du prix de la matiĂšre premiĂšre, les polymĂšres tirĂ©s de la pĂ©trochimie, dont la demande mondiale explose. Des usines ont arrĂȘtĂ© de fabriquer ces polymĂšres dans la pĂ©trochimie. Les plasturgistes qui fabriquent les vinyles ont dĂ» fermer aussi leurs usines pendant la pandĂ©mie, puis redĂ©marrer des fabrications. Cela a pris du temps, beaucoup de dĂ©lais rallongĂ©s, des pĂ©nuries, c'est-Ă -dire des ruptures de stock chez nos fournisseurs, assez consĂ©quentes. Des fournisseurs qui fabriquent pour les maisons de disques et les compagnies discographiques ces vinyles ont renchĂ©ri leurs coĂ»ts de 15 Ă  20%. Mais les hausses qu'on a reçues aprĂšs communication Ă©taient bien supĂ©rieures. Sony dans les clous avec 17%, Universal 32% et Warner 38%, mais avec des variations sur les titres complĂštement dingues.

ConcrÚtement, combien coûte aujourd'hui un vinyle ?

On parle de disques qui sont des disques amortis. C'est ce qu'on appelle les fonds de catalogue. Pour un fonds de catalogue, on avait normé un tarif aux alentours des 20 euros pour un simple album.

"Des albums vont prendre entre 5, 10 et 15 euros, voire plus pour certains."

Christophe Ouali, disquaire indépendant

Ă  franceinfo

La sentence a Ă©tĂ© immĂ©diate. Universal, depuis la bascule tarifaire d'avril, a pu mesurer sur deux mois d'activitĂ© commerciale des reculs extrĂȘmement forts, de l'ordre de -40% pour un disque aussi emblĂ©matique que Nevermind de Nirvana. On n'est pas du tout opposĂ© Ă  ce qu'il y ait des rĂ©ajustements qui soient modĂ©rĂ©s, raisonnables, qui tiennent compte des vrais surcoĂ»ts. Mais lĂ , il s'agit d'autre chose. Il y a un but de guerre qui consiste Ă  refaire de la profitabilitĂ© de façon spectaculaire sur ce qu'ils ont en stock.

Cela a déjà un impact sur vos ventes ?

Il y a une rĂ©tractation d'achat des consommateurs. Ils ne sont pas idiots. On rappelle toujours Ă  nos maisons de disques, qui sont des partenaires importants, que nos clients sont les leurs. Quelqu'un qui achĂšte un disque de Neil Young, c'est un client Warner, acheter Amy Winehouse c'est ĂȘtre client Universal, acheter du Étienne Daho, on repart chez Warner. Mais ils ont un pouvoir d'achat qui n'est pas sans limites. Et pour beaucoup, on a Ă©tĂ© content de voir un gros renouvellement gĂ©nĂ©rationnel de cette clientĂšle. Je parle des 20-35 ans. Ce ne sont pas que des seniors. Leur budget conso n'est pas sans limites. On tient Ă  le rappeler. Les rĂ©tractations d'achat induisent une rĂ©organisation complĂšte de nos approvisionnements. On va rĂ©orienter nos achats sur des disques dont les tarifs seront corrects, avec un profil profitabilitĂ© partagĂ© convenablement avec nos fournisseurs.

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