Pour les Francofolies, pas question d'abandonner les jeunes artistes : le Chantier des Francos continue en visioconférence

Pas de scène mi-juillet entre les remparts de La Rochelle en raison du virus, mais le festival des Francofolies continue à accompagner les artistes émergents qu'elle a sélectionnés cette année, en leur prodiguant des conseils et en les faisant travailler par visioconférence.

C'est la facette moins connue de l'institution, mais le dispositif du "Chantier des Francos" aide à la construction des jeunes talents, choisis pendant l'hiver puis conviés à des sessions pour mûrir leur projet en résidence artistique à La Rochelle. Des artistes comme Christine and the Queens, Cali, Rover, ZAZ, Cascadeur, François and the Atlas Mountains, Feu! Chatterton, ont bénéficié de ce dispositif.

Cette année, sur les 688 dossiers reçus, 18 jeunes artistes ou groupes ont été retenus. Si la pandémie a provoqué l'annulation des Francofolies, prévues du 10 au 14 juillet, le programme de développement reste d'actualité, réinventé en visio-conférence. "Pour ces artistes émergents, l'annulation du festival, c'est un coup d'arrêt, mais comme le Chantier continue, ils voient que les promesses - réfléchir avec eux à leurs projets, trouver des clés, etc - sont tenues", a expliqué à l'AFP Emilie Yakich, à la tête du Chantier. "Et puis nous, on a besoin de les voir, de prendre des nouvelles."

Mademoiselle K sur Skype

"Moi aussi, j'ai besoin de les voir, s'enthousiasme Lucie Antunes, une des élues. Ils sont fidèles sur les projets. Au début je me disais, 'j'ai fait 20 ans de conservatoire, qu'est-ce que je vais apprendre ?'. J'ai pris une belle leçon d'humilité. C'est un super dispositif. Et maintenant, ils sont devenus un peu des copains. Mademoiselle K est vraiment formidable."

Katerine Gierak, chanteuse connue sous l'alias Mademoiselle K, interviendra notamment sur Skype les 29 et 30 avril dans une session intitulée "de la composition à la transcription sur scène". Les 16 et 17 avril, il y a déjà eu "structuration professionnelle et stratégie".

Ces conseils, Bandit Bandit, gang rock en éclosion, les accueille à bras ouverts. Leur "calendrier en place depuis un an est remis en question" en raison du coronavirus, comme le présente à l'AFP Maëva, chanteuse du groupe. "Image, media training, rétro planning, là on a clairement le temps de se pencher là-dessus", acquiesce Hugo, guitariste et binôme de Maëva, sur scène et dans la vie.

Des séances adaptées au lieu de confinement

D'autres ateliers plus physiques ont aussi été maintenus comme celui des 23 et 24 avril, "échange autour du corps en scène". Comment transposer ce travail sur Skype ? "Au début, c'est la panique, oh mon Dieu", rigole Bénédicte Le Lay, chorégraphe du Chantier contactée par l'AFP. En temps normal, elle cornaque les artistes "en survêtement" pour des "réveils musculaires au bord de l'eau" à La Rochelle, avant des cours collectifs et individuels avec une "dimension tactile quand le contexte s'y prête".

Mais "pas question de lâcher l'affaire". Bénédicte Le Lay a ainsi adapté ses séances en fonction du lieu de confinement de ses protégés, du "j'ai deux mètres carré" au "on dispose d'un jardin". Résultat, "une dizaine de propositions, sans mettre la pression". Avec Aurus, confiné à La Réunion, l'idée était "de ne bouger que sur son chant".

La promotion 2020 sera reprogrammée l'année prochaine

A chaque fois, la chorégraphe a eu le souci de les "projeter dans le futur, quand leur activité reprendra" et de "ne pas oublier leur bien-être. Avec ces sessions, on s'est tous retrouvés à nos places, eux et nous, au coeur du projet".

La promotion 2020 restera à part en raison du contexte de crise sanitaire : "On va les chouchouter encore plus", reconnaît Bénédicte Le Lay. Le festival des Francos s'est déjà engagé à reprogrammer ces artistes en devenir sur scène à l'été 2021.

"On fera quand même une sélection d'artistes émergents, plus petite, qui viendra compléter ceux de cette année", dévoile Emilie Yakich. Bénédicte Le Lay rêve elle de voir, en vrai, ses disciples en résidences et en sessions dès cet automne en Charente-Maritime.