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Fils et filles de chanteurs, chemin de croix ou voie royale ?

Lulu Gainsbourg, Aurélie Cabrel, Izia (Higelin), Thomas Dutronc...En cet automne 2011, la scène musicale française voit débouler une série d'albums signés de "FFD", comprenez "Fils et Filles de...". Le phénomène ne manque pas d'agacer les critiques et le public mais il ne doit pas occulter la part de talent de ces artistes qui doivent aussi se battre pour se faire un prénom.
Article rédigé par franceinfo - Chrystel Chabert
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Aurélie Cabrel sort son premier album "Oserais-je ?"
 (Aurélie Cabrel)

Aurélie Cabrel et Lulu Gainsbourg ont deux points communs. Leur âge - 25 ans - et le fait d'avoir un patronyme célèbre dans le monde de la musique.
Le hasard a également voulu qu'ils sortent chacun un album à l'automne 2011 : "Oserais-je ?" pour Aurélie et "From Gainsbourg to Lulu" pour Lulu. La première a composé ses propres chansons quand le second a travaillé sur l'adaptation de grands standards écrits par son père Serge.
Quelle que soit la démarche, elle n'a pas manqué de déchaîner les critiques du public sur les forums où leur filiation est souvent dénoncée, tout comme un certain ras-le-bol de voir les "fils et filles de" se servir de leur nom pour sortir leur album et truster les médias.
Interviewé dans le magazine Gala, Aurélie Cabrel ne le cache pas : "Avec ce premier album, j'ai osé passer le cap. Avant 2007, j'écrivais beaucoup de poèmes mais je n'osais pas me dire que je pouvais le faire. J'ai malgré tout eu peur de la sempiternelle remarque : "Encore un album d'une fille de !". Et de reconnaître qu'elle n'est "pas là pour révolutionner le monde de la musique". Une honnêteté qui  fait pardonner le manque de maturité et de relief de ce premier opus.


Soyons honnêtes : oui, le fait de s'appeler Gainsbourg, Souchon, Chedid, ou Dutronc ouvre certainement des portes. La plupart des FFD ont baigné dans le milieu musical dès leur enfance et leur réseau est certainement plus étoffé que celui de Ginette, 25 ans, chanteuse d'un groupe punk, qui vit au fin fond de la Creuse. Mais force est de reconnaître que les filiations familiales sont toujours dures à assumer qu'on soit connu ou pas. Quand les FFD décident de se lancer dans une carrière musicale, leur nom les aide à attirer les médias, très friands de ce genre d'histoire, mais leur production est passée au crible avec un regard souvent très critique. Et si ça ne marche pas, leur échec sera d'autant plus visible et comme la preuve d'une absence de talent, résumé par un : "Il/Elle n'arrive pas à la cheville de son père, de sa mère". Pour eux, le droit à l'erreur est donc très réduit.

Face à cet héritage musical, deux solutions : assumer ou se faire un prénom à part. Dans la première catégorie, on peut dire que Thomas Dutronc, fils de Jacques Dutronc et Françoise Hardy, s'en est plutôt bien sorti. En s'imposant dans le jazz manouche, il a su trouver d'autres figures de référence, notamment Django Reinhardt. En l'espace de deux albums, il a  trouvé son public.

Dans la catégorie de ceux qui ont gardé le patronyme paternel, on trouve aussi Julien Voulzy qui a formé avec Pierre Souchon, le fils aîné d'Alain, le groupe Les Cherche-Midi. Certes, leur duo n'aura pas été aussi prolifique que celui formé par leurs papas respectifs. Mais depuis, Pierre Souchon a fait son chemin en solo avec un second album sorti en 2010. Si son patronyme lui a ouvert les plateaux télé, cela n'a pas fait de lui une star et sa carrière se construit doucement.

Mais dans les fratries Souchon/Voulzy, le virus de la musique a aussi touché Nicolas et Charles. Eux ont choisi de faire oublier le nom de leur père. Nicolas Voulzy est devenu Lieutenant Nicholson, Charles Souchon a opté pour Ours. Ils font tous les deux une carrière plus discrète dans le monde de la musique, sans tambour ni trompette.

D'autres ont le succès plus éclatant, peut-être parce qu'ils ont réussi à imposer un style et un univers qui leur est propre. C'est le cas de Matthieu Chedid, de Charlotte Gainsbourg ou encore des enfants Higelin, Arthur H et sa soeur Izia. Cette dernière vient de sortir son deuxième album "So Much Trouble". En 2009,  elle a surgi avec une énergie rafraîchissante et une voix taillée pour le rock  raflant un an plus tard deux Victoires dela musique. Dans une interview accordée à France 3, la "petite Higelin" assumait  pleinement sa filiation.

Ces artistes semblent avoir "digéré" la figure paternelle (les psys diraient peut-être qu'ils ont "tué le père") et avoir fait de cet héritage musical une force à l'image de la collaboration artistique qui unit Louis et Matthieu Chedid.

Alors, à la question : "sans leur nom pour passeport, auraient-ils percé ?", on a envie de répondre oui. Car au final, ce n'est pas le nom de famille qui fait l'artiste, c'est avant tout le travail, la persévérance et quelque chose qui ne s'apprend pas, le talent.

Et dans la liste des "fils et filles de", on trouve aussi pêle-mêle : Arthur Le Forestier, David Halliday, Julian et Sean Lennon, Ziggy et Damian Marley, Neneh Cherry (fille du jazzman Don Cherry) et son demi-frère Eagle Eye Cherry, Enrique Iglesias (fils de Julio), Norah et Anoushka Jones (filles du musicien indien Ravi Shankar), Nathalie Cole (fille de Nat King Cole) et Joe Sumner (fils de Gordon Sumner alias Sting).

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