Eurovision : la candidate russe Manija, féministe assumée, exaspère une haute responsable politique à Moscou
"C'est n'importe quoi", fustige la présidente de la chambre haute du Parlement russe, Valentina Matvienko, à la suite du choix de la jeune artiste Manija pour représenter le pays à l'Eurovision 2021.
La désignation de Manija (ou Manizha selon les transcriptions), jeune femme de 29 ans d'origine tadjike devenue célèbre sur Instagram, féministe, défenseuse des minorités et des homosexuels, a créé la surprise en Russie où les autorités et le discours public promeuvent d'ordinaire des mœurs conservatrices.
Un mélange de hip-hop et de folklore, contre les stéréotypes
La chanson qu'elle présentera au concours musical européen prévu en mai aux Pays-Bas, s'intitule Femme russe, mélange hip-hop et motif folklorique pour dénoncer les stéréotypes et préjugés que subissent les femmes. Un choix qui n'a pas plu à la présidente du Conseil de la Fédération (la chambre haute de l'Assemblée russe), Valentina Matvienko, qui s'est déclarée "surprise", comme "beaucoup de Russes", par l'"apparence" et la chanson de Manija.
Clip officiel de la chanson Russian Woman de Manija
"On n'arrive pas à comprendre ce qu'il s'est passé", a lancé la dirigeante politique mercredi 31 mars lors d'une session parlementaire retransmise à la télévision. "Je recommande à ceux qui n'ont pas encore vu [le texte de la chanson] de le faire (...) C'est n'importe quoi. Je ne comprends pas de quoi ça parle", a-t-elle poursuivi. Valentina Matvienko était interrogée par la sénatrice Elena Afanassieva, qui a estimé que la chanson de Manija n'avait pas de sens et qui s'est offusquée des "danses afro-américaines" de la chorégraphie.
La chanson "a mis le doigt sur une plaie", estime Manija
La chaîne de télévision publique Pervy Kanal a de son côté rappelé mercredi que Manija avait été désignée par les téléspectateurs de la chaîne lors d'un vote le 8 mars et s'est dite prête à transmettre les données au Conseil de la Fédération. Le choix de la jeune femme pour représenter la Russie à l'Eurovision avait déjà provoqué l'ire des milieux conservateurs.
Manija, qui a fui avec sa famille la guerre civile dans son Tadjikistan natal dans les années 1990, a pour sa part estimé auprès de l'AFP qu'elle a "mis le doigt sur une plaie avec cette chanson".
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