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Quatre choses à savoir sur "Rocketman", le biopic sur Elton John

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la fabrication de "Rocketman", vrai-faux biopic musical trépidant qui brouille adroitement les frontières entre fiction et réalité.  

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
L'acteur Taron Egerton incarne Elton John dans le biopic Rocketman. (PHOTO CREDIT: DAVID APPLEBY)

Dans cette fiction romancée très enlevée, le réalisateur Dexter Fletcher a été invité par Elton John, producteur exécutif, à mettre en scène sa propre vision de la vie de l'auteur d'I'm Still Standing. Une "opportunité extraordinaire pour exprimer sans frein" sa créativité, qu'il a mis au service d'un biopic flamboyant, ultra rythmé et avant tout divertissant, où l'on ne s'ennuie pas un instant.

1Elton John produit le film mais n'élude pas ses mauvais côtés

Lorsqu'une star produit de son vivant un biopic à son sujet, ce qui n'est pas si courant, le risque est grand de donner lieu à un film tiédasse où la vedette enjolive sa vie et repousse soigneusement sous le tapis le moindre détail dérangeant. Ce n'est pas le cas de Rocketman. D'abord, Elton John souhaitait que ce film "dise toute la vérité". C'est-à-dire qu'il n'élude ni sa part sombre, ni ses nombreuses addictions (à la cocaïne, à l'alcool, à l'herbe, au sexe, à la nourriture etc).

"Certains studios voulaient atténuer le sexe et les drogues afin que le film puisse avoir l'autorisation tous publics (y compris aux moins de 13 ans). Mais je n'ai pas eu une vie tout public", souligne Elton John dans une longue lettre au sujet du film publiée cette semaine dans le Guardian.

Il y a des moments dans le film où je suis totalement immonde et atroce, mais, à mon pire, j'étais immonde et atroce et il n'y a aucune raison de prétendre le contraire

Elton John

dans une lettre au quotidien The Guardian

Ensuite, Elton John a pris soin de faire confiance à toute l'équipe du film, du scénariste Lee Hall (Billy Elliott) au réalisateur Dexter Fletcher et à l'acteur Taron Egerton qui l'incarne à l'écran, en leur donnant carte blanche. La star admet avoir fait deux-trois suggestions mais pour le reste, il assure s'être soigneusement tenu à l'écart, laissant son mari David Furnish, producteur du film, être "ses yeux et ses oreilles" sur le tournage.

"Ce que je voulais transmettre à travers le film, c'est le prix exorbitant de la célébrité et le sentiment de solitude qu'on peut ressentir", résume-t-il dans le dossier de presse. Elton John, qui a pleuré à chaudes larmes durant la projection du film au festival de Cannes, se dit comblé par le résultat. On ne doute pas que le public, toujours un peu voyeuriste et rassuré de constater que la vie des célébrités comporte un revers douloureux, suivra.

2Rocketman est une rêverie fantasmée

Pour raconter la vie "plutôt dingue" de cette icône pop, avec de son propre aveu "des hauts très hauts et des bas très bas", ce biopic prend le parti de brouiller les frontières entre fiction et réalité. On se souvient que Bohemian Rhapsody (un film terminé par le même réalisateur Dexter Fletcher en remplacement de Bryan Singer) s'arrangeait beaucoup avec la réalité et la chronologie de la vie de Freddie Mercury tout en se présentant comme un biopic traditionnel. Celui d'Elton John est en revanche assumé comme un fantasme ultra divertissant. Mais il n'en dit pas moins sur son sujet que le précédent.

Le but était de faire quelque chose qui ressemble à ma vie : chaotique, drôle, folle, horrible, brillante et sombre. Tout n'est évidemment pas vrai, mais c'est la vérité

Elton John

au quotidien The Guardian

Rocketman se présente comme une version rêvée du parcours d'Elton John, "une rêverie inspirée de la réalité et une réalité inspirée du rêve". "Ce film retrace les débuts de ma célébrité", précise-t-il encore dans les notes d'intention du film. "C'était un moment extraordinaire mais aussi totalement irréel et je voulais que le film le restitue."

L'acteur Taron Egerton interprète Elton John dans le biopic Rocketman. (PHOTO CREDIT: DAVID APPLEBY)
Avant de percer, Elton John a galéré pendant quatre ans, rappelle-t-il. C'est en s'envolant sans grand espoir aux Etats-Unis en août 1970 que son étoile a commencé à briller et ce de façon fulgurante. En l'espace de trois petites semaines, après s'être produit notamment au club Troubadour de Los Angeles, le jeune pianiste timide Reginald Dwight est devenu "le sauveur du rock'n'roll" Elton John, des artistes qu'il adulait passant soudain le féliciter en backstage, comme Brian Wilson des Beach Boys, Leon Russell ou Bob Dylan. "Je n'étais pas préparé".

Le film Rocketman emprunte régulièrement à la comédie musicale pour montrer l'impression d'irréalité resentie par Elton John. (GAVIN BOND / PARAMOUNT PICTURES)
Pour restituer cette impression d'irréalité, le film emprunte régulièrement à la comédie musicale et parfois à une forme de féérie. En particulier la scène géniale où Elton John, (ATTENTION SPOILER) dans un moment d'euphorie, se retrouve en suspension dans les airs en plein concert au club Troubadour. "Tout dans la salle a commencé à léviter, moi inclus, et honnêtement, c'est comme ça que je l'ai vécu", se souvient Elton John. En revanche, il ne jouait pas son hit Crocodile Rock puisque cet hommage au rock'n'roll de son enfance n'a été écrit que deux ans plus tard.

3L'acteur Taron Egerton interprète toutes les chansons du film

"Pour moi, le plus important c'était que ce soit un film musical car la musique c'est toute ma vie", explique Elton John. La seule consigne qu'il avait donnée au scénariste Lee Hall c'est que les numéros musicaux devaient être "hors du commun, impressionnants, fantastiques". Ils le sont et c'est pur bonheur. Rocketman est en effet rythmé par les plus grands tubes de la pop star, de Your Song à Goodbye Yellow Brick Road en passant par Benny and the Jets, Crocodile Rock et Tiny Dancer, chaque chanson étant au cœur d'une séquence.

Mais Elton John souhaitait aussi que "la personne qui joue mon rôle sache chanter. Je voulais que son interprétation ne passe pas uniquement par le jeu mais aussi par la musique". Contrairement à la majorité des biopics musicaux dans lesquels les acteurs se contentent de faire du playback sur les hits originaux, l'acteur Taron Egerton qui interprète Elton John, chante en les réinterprétant chaque chanson que l'on voit à l'écran. Il s'est entraîné pour ce faire durant cinq mois au chant et au piano avant d'enregistrer ses propres versions de ces tubes aux studios Abbey Road de Londres, sous la houlette de Giles Martin, le fils du producteur des Beatles.

"J'ai su que Taron Egerton était l'homme de la situation quand je l'ai entendu chanter Don't Let The Sun Go Down on Me", se rémémore Elton John dans sa lettre au Guardian. "ll s'agit d'une chanson difficile vocalement. Je le sais parce que j'ai moi-même eu du mal à l'enregistrer en 1974 (…) J'ai fini par menacer d'étrangler à mains nues mon producteur (…) et j'ai failli ne jamais la sortir." Au final, la star a été bluffée par son double de cinéma. "Son chant m'a vraiment époustouflé. Il ne fait pas une imitation de moi, il ne me ressemble pas de façon troublante (…). Mais il est comme moi, il a capturé quelque chose de moi."

4Les incroyables tenues de scène du film sont inspirées des vraies

Oui, Elton John a bien porté sur scène ce costume d'oiseau grotesque au plumage multicolore avec crête géante que l'on voit dans le film. Ainsi que presque toutes les autres incroyables tenues flamboyantes et scintillantes que l'on croise dans Rocketman. Et cela participe grandement de l'éblouissement et de la jubilation du spectateur.

Elton John en concert au Dodger Stadium de Los Angeles (Etats-Unis) en octobre 1975. (ANDRE CSILLAG/REX/SHUTTERSTOCK/SIPA / SHUTTERSTOCK)
Elton John est réputé pour avoir porté les costumes de scène les plus extravagants jamais conçus. Le costumier en chef du biopic, Julian Day, a pu consulter les archives personnelles de la star avant de s'atteler à ses propres réinterprétations des tenues emblématiques d'Elton John. Il en a conçu une soixantaine pour le film. L'idée était de garder à l'esprit les vrais costumes, en y ajoutant sa touche personnelle. Ainsi, le vrai a bien porté un costume de Louis XIV mais il est troqué dans le film pour un costume élisabéthain.
La fameuse tenue de diable orange, à cornes et ailes, que porte l'acteur Taron Egerton dans le biopic sur Elton John Rocketman. (DAVID APPLEBY / GAVIN BOND / PARAMOUNT PICTURES)
Quant au costume de Diable orange moulant avec cornes et ailes d'ange, qui court tout le long du film, il a été créé spécialement pour le biopic. Il "représente la lutte entre la lumière et les ténèbres dans la vie d'Elton", explique Taron Egerton. Son extravagance, Elton John l'explique lui par un "désir de se donner en spectacle" en estimant que c'est "quelque chose de très britannique". "Quand je fais un spectacle, même aujourd'hui, je choisis mon costume vingt minutes avant le début. Et quand je l'enfile, ça y est, je suis dedans. C'est comme se préparer au combat." Un petit conseil : ne loupez pas le générique de fin durant lequel des photos comparent les tenues originales portées par Elton avec celles du film. Un must.

Le film Rocketman sort en salles mercredi 29 mai

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