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Weather Winter : la fête techno qui chauffe l'hiver parisien

Après le succès en juin du Weather Festival, dont les 3 jours de musique électronique ont laissé aux participants des étoiles plein les yeux, l'équipe force son avantage avec une édition hivernale, le Weather Winter. Déjà complet, programmé dans un lieu tenu secret, il s'agit d'une soirée unique samedi 21 février avec une affiche techno inratable. Interview de Brice Coudert, directeur artistique.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
Un Dj face à la foule au Weather Festival, site du Bourget, en Juin 2014.
 (Jacob Khrist)
Le Weather Festival a donné des ailes à ses organisateurs

En juin dernier, étalée sur trois jours (6 au 9 juin), de l'Institut du Monde Arabe à l'île Seguin en passant par les impressionnantes pistes du Bourget, la seconde édition du Weather Festival et son affiche mirobolante avait attiré 35.000 personnes. Une belle réussite dont la magie a activé le bouche à oreilles et fait regretter à beaucoup d'avoir loupé cet évènement dont on parlera encore dans dix ans.

Ce succès a donné de l'appétit à l'équipe d'activistes techno de Surprize, connue de tous les clubbeurs parisiens pour ses fêtes de jour et de nuit sur la péniche "Concrete" amarrée au 69 Port de la Rapée (12e). Alors que se profile pour juin un Weather estival encore plus gros que le précédent, l'équipe ajoute un second étage à sa fusée électronique avec une session hivernale et s'impose décidément comme l'acteur numéro un de la techno dans la capitale.

Pointures de Détroit et nouvelles têtes de la scène française

Au programme le 21 février, dans un lieu encore tenu secret : une brochette de vétérans techno (le triplé de Detroit Derrick May, Robert Hood et Kenny Larkin avec les Français Laurent Garnier, Dj Gregory et Dj Deep) mais aussi de nouvelles têtes de la scène française (François X, Lowris, Zadig, Behzad et Amarou…). Et en bonus, un coup de coeur de programmateur : le live à six mains exceptionnel entre Mathew Jonson et le duo Minilogue, reformé pour l'occasion. 
 
Alléchante, l'affiche l'est autant grâce aux pointures techno qu'elle aligne qu'à sa promesse de qualité. On est en effet bien loin ici du racolage d'autres évènements dits "électroniques" dans la capitale, qui concentrent de gros noms commerciaux à la David Guetta. Pourtant, le Weather Winter affichait déjà complet six semaines avant l'évènement : 10.000 personnes ont acheté leur billet. Les yeux fermés. Sans même savoir où se déroulera la fête. Prêts à décoller.

Brice Coudert, directeur artistique du Weather Festival : "c'est juste la folie à Paris en ce moment !"
Brice Coudert, directeur artistique du Weather Festival et Weather Winter.
 (Jacob Khrist)
 

Pourquoi proposer une session hivernale du Weather, quel est le but ?
Brice Coudert : Il n'y a pas vraiment d'objectif, on est juste hyperactifs, on aime bien développer de nouveaux projets (rires). On a surtout découvert un lieu, un hangar industriel encore inexploité à Paris, pour lequel on a eu un vrai coup de cœur.

Le Weather Winter affiche déjà complet, comment l'expliques-tu ?
C'était complet six semaines avant l'évènement et les 3.000 premières pré-ventes sont parties en 30 secondes. On a nous-mêmes été surpris. Nous savions que les gens attendaient la prochaine édition du Weather Festival qui a été très réussie, mais on ne s'attendait pas à un engouement aussi fort. Je crois que c'est juste la folie à Paris en ce moment ! C'est sans doute la ville qui bouge le plus au monde en matière de musiques électroniques actuellement !

Paris capitale de l'électro ?
Oui, et en tout cas, clairement là où il y a la plus forte énergie. Il y a beaucoup de mouvement dans la capitale, les gens ont envie de sortir. Le mois dernier, on a reçu les responsables du site spécialisé Resident Advisor et ils nous ont dit qu'aujourd'hui, en terme de fréquentation des articles sur leur site, le gros mouvement se fait sur les choses qui ont un rapport avec Paris.

De fait, il y a cinq ans, tu aurais eu du mal à remplir la Machine du Moulin Rouge avec un tel plateau, qui est beau et qualitatif mais encore un peu underground.
Très clairement, ça aurait tout juste rempli un club. Il faut dire qu'à Paris, on observe actuellement un phénomène unique : la majorité des gens qui sortent écoutent de la bonne musique, de la musique pointue. Avec les après-midis et les nuits Concrete, mais aussi avec le Weather, on œuvre depuis des années en ce sens, avec d'autres comme Le Rex Club ou La Machine du Moulin Rouge. 
Qu'as-tu voulu faire avec ce plateau qui mêle légendes de Détroit, vétérans français et jeunes pousses d'ici ? Tu voulais faire un clin d'œil à la rave des origines ?
Ce plateau a été archi dur à faire pour moi parce que nous n'avons que deux salles, donc deux plateaux d'artistes différents pour un évènement assez gros, de 10.000 personnes, dont les attentes sont les mêmes que pour un festival. Il fallait faire en sorte que tout le monde soit content. J'ai donc joué sur le plaisir sans penser vraiment à l'axe old-school ou Détroit. Je me suis juste dit qu'associer les monuments Derrick May et Kenny Larkin, Robert Hood et Laurent Garnier, le même soir au même endroit, ferait déplacer n'importe quel fan de musique électronique. L'autre axe important, ce sont les artistes français. C'est un créneau sur lequel on s'est positionnés depuis le début chez Surprize, on manage et on booke de plus en plus de français, comme Amarou, Lowris et François X, parce que la scène devient mature à ce niveau là et c'est le moment de les développer.

Peux-tu me parler du Live Mathew Jonson vs Minilogue ? De quoi s'agit-il ?
Ca c'était un peu la carte spéciale du line up. Je voulais offrir quelque chose de particulier, et ce live là est vraiment rare. D'abord Minilogue c'est deux personnes, qui se sont séparées depuis deux ans et qui acceptent de se reformer spécialement pour le Weather. Avec Mathew Jonson, à trois ils vont se réunir avec toutes leurs machines pour faire une sorte de gros jam électronique. C'est-à-dire qu'ils auront des pistes musicales préparées à l'avance mais sur lesquelles ils vont être capables d'improviser. Il y a deux ans, ils ont fait ce live au Mutek de Montréal, le festival de la musique électronique expérimentale, et ça a été le coup de coeur de tous les festivaliers.
Une douzaine d'artistes sur deux plateaux de 20h à 8h du matin, cela signifie des sets plutôt longs. C'est important pour toi ?
La longueur des sets, c'est hyper important. Au Weather Winter ils vont de deux à trois heures, sauf pour les live qui eux ne durent qu'une heure. Parce qu'en gros, si l'artiste joue 1h30, il va vouloir jouer les derniers morceaux qu'il a reçus ou achetés. Du coup on se retrouve avec un set de nouvelles choses certes, mais assez classique dans la forme. Alors que quand le set est plus long, l'artiste doit forcément aller puiser un peu plus loin dans sa collection de disques, prendre davantage de risques, aller chercher les gens, et c'est là que le set devient intéressant, varié, personnel.

Sur votre site, vous promettez "une cathédrale de sons et lumières", peux-tu m'en dire plus ?
Pas vraiment. Déjà parce que j'ai un peu séché la réunion à ce sujet (rires). Ensuite parce qu'on veut garder l'effet de surprise. Tout ce que je peux dire c'est que ce n'est pas un festival mais une grosse fête, avec deux dance-floors, de la déco, de quoi manger, se reposer et déambuler.
 
Vous n'avez pas encore révélé le lieu de l'évènement, pourquoi cultiver le mystère ?
Parce que personne n'y a encore jamais été, c'est un lieu nouveau, donc son nom et son adresse ne diront rien à personne.
Difficile de ne pas penser aux raves originales où le lieu n'était divulgué qu'au dernier moment…
Non, honnêtement on n'a pas conceptualisé ça pour susciter une attente. C'est un nouveau parc des expositions, on est un peu les premiers à l'utiliser.
Quand le révèlerez vous ?
Bientôt.On a posté une vidéo avec une photo du lieu et certains ont du faire des recherches sur internet et ils ont trouvé. C'est un peu un secret de polichinelle…
L'an dernier, à propos du Weather de juin dont l'évènement principal se déroulait au Bourget, vous vous disiez très attachés au Grand Paris, à la banlieue. Or, cette fois vous revenez à Paris intra-muros pour le Weather Winter…
En fait, nous nous sommes battus pour arriver à monter des évènements dans Paris intra-muros et comme nous n'y arrivions pas, on est sortis de Paris. Mais aujourd'hui, la Ville de Paris s'est mise de notre côté. Je pense qu'à la mairie ils ont vu l'ampleur du festival en juin car ils sont maintenant ouverts à ce qu'on fasse des évènements dans la capitale. Et surtout pour la prochaine édition du Weather qu'on est en train de développer. Maintenant, cette question du Grand Paris on la voit plutôt comme un combat de gagné : on a désormais le choix de faire des évènements aussi bien à Paris qu'en banlieue. Après, on est toujours à la recherche de nouveaux lieux, et la plupart des beaux espaces sont en banlieue.

Avez-vous déjà des éléments au sujet de la prochaine édition du Weather de juin ?
Il se déroulera les 4-5 et 6 juin. On va commencer à communiquer là-dessus d'ici peu. La seule chose que je peux dire c'est que ça ne se passera pas au même endroit et que le format sera un peu différent, mais je pense qu personne ne va y perdre. Et ce sera plus gros que l'année dernière.
Wouah, vous devenez énormes !
Ce n'est pas nous qui devenons énormes, c'est le public qui le devient.

Weather Winter le 21 février (complet) : le line-up et les infos pratiques par ici

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