Relancé par Damon Albarn, Bobby Womack sort un nouvel album
"L'homme le plus courageux de l'univers est celui qui a pardonné en premier", chante Bobby Womack, 68 ans, en introduction de ce disque très autobiographique, à l’image d’une vie faite de succès, de descentes aux enfers et de résurrections.
Né à Cleveland (Etats-Unis) en 1944, Bobby Womack forme très jeune un groupe de gospel avec ses frères et enregistre son premier disque à l'âge de 10 ans.
Découvert par Sam Cooke, il connaît un premier succès dans les années 1970 grâce à ses albums "Communication", "Understanding" et "Across 110th Street". Dans les années 1980, il signe à nouveau trois albums, "The Poet", "The Poet II" et "So Many Rivers", acclamés par la critique.
Des années de dépression
Mais à 21 ans, Bobby Womack est accro à la drogue et à l’alcool. Et il enchaîne les tragédies, le meurtre de son frère, puis le suicide de son fils, qui le font sombrer dans la dépression. Il continue à apparaître de temps en temps sur scène mais le cœur n’y est plus.
"J'avais laissé tomber la musique. Je n'avais plus le désir nécessaire. J'imagine que j'étais resté dans le métier trop longtemps... comme un vieux combattant", dit-il.
Et c’est le retour, grâce à Damon Albarn, toujours avide de collaborations éclectiques, lui demande de participer au troisième album de Gorillaz, "Plastic Beach", en 2010. Le monde de la musique redécouvre la voix puissante et rocailleuse de Bobby Womack sur l'époustouflant "Stylo".
Le retour avec Gorillaz, puis "The Bravest Man in the Universe"
Albarn enrôle le soulman pour la tournée mondiale de Gorillaz et le persuade d’enregistrer de nouveau, avec le soutien de Richard Russel. Le producteur et patron du très pointu label XL Recordings est déjà à l’origine du retour d’une autre légende de la musique américaine, Gil Scott Heron, disparu en 2011.
"The Bravest Man in the Universe" (XL Recordings/Beggars) baigne dans des musiques électroniques mélancoliques et spacieuses qui utilisent beaucoup les infrabasses et laissent le premier plan à la voix.
"Il y a davantage d'électronique que quoi que ce soit d'autre sur le disque, mais ma voix fait tenir l'ensemble. Quand j'arrive, l'esprit entre et l'électronique doit se mettre en retrait", estime Bobby Womack. Le chanteur, qui a coécrit la plupart des titres, a mis son âme et sa vie dans le disque.
Des textes de souffrance
Les textes parlent de souffrance et de pardon, de foi, de culpabilité et de rédemption. Deux negro spirituals, l'un ("Deep River"), en version très dépouillée à la guitare sèche, l'autre ("Jubilee Don't Let Nobody Turn You Around)"), réinventé en mode électro, figurent sur l'album.
Mais le titre qui devrait le plus attirer l'attention est "Dayglo Reflection", un magnifique duo hanté par le fantôme de Sam Cooke et la voix langoureuse de Lana del Rey.
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