Nuits Sonores 2016 : les coups de coeur musicaux du programmateur
A l'autre bout du téléphone, Pierre-Marie Ouillon, le programmateur des Nuits Sonores : "C'est assez difficile de choisir des performances à ne pas louper. Cette année, c'est assez diversifié". Mais après quelques minutes, il parvient à dénicher des concerts qu'on ne doit surtout pas laisser passer. Avec les têtes d'affiches fidèles du festival, depuis sa création en 2003, tels que Laurent Garnier ou encore The Hacker, de nombreux nouveaux visages font leur apparition comme le groupe rock Last Train.
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Mercredi 4 mai, c'est sur Peaches qu'il attire d'abord notre attention. Evoluant dans le genre "queer", la chanteuse provoque, parle de sexe et offre toujours des performances délurées : "C'est un mouvement artistique qui remet en cause les catégories d’identité sexuelle, la question du genre et de l'orientation", explique le programmateur. Elle crée des musiques minimalistes à sonorités hip-hop, rock et électro : "Une fois, elle s'est baladée avec une moustache habillée en cuir pour un de ses concerts. Peaches sort de la culture punk trash". Symbole de l'électro féministe, cette canadienne n'est pas remontée sur scène depuis des années. Jeudi 5 mai, Leroy Burgess, un musicien assez méconnu en France, a été l'un des artistes les plus médiatisés aux Etats-Unis dans les années 70. Les Nuits Sonores ont laissé l'artiste funk inviter Motor City Drum Ensemble : "Leroy Burgess vient en France exprès pour nous. Il jouera avec un orchestre lyonnais. Cela a nécessité deux jours de répétition intensive. Il est presque devenu impossible de le voir en Europe aujourd'hui", ajoute Pierre-Marie.
Le vendredi 6 et samedi 7 mai, il ne faut pas passer à côté du groupe allemand Moderat et du set de DJ Harvey, précurseur de la disco-techno dans les années 90. Après avoir fait un break dans sa carrière, le "maestro du mix" revient pour un set visionnaire.
Une programmation éclectique
En perpétuelle recherche de nouveaux artistes, les Nuits Sonores aiment collaborer avec des personnes dont la carrière évolue à la même allure que le festival se développe : "On a énormément de demandes mais on est toujours à l'affût de propositions intéressantes. On est une vraie équipe composée de six personnes s'occupant principalement de la programmation", confie Pierre-Marie Ouillon, "On essaie de mettre sur un même plateau, des acteurs historiques au contact de la jeune scène. C'est un équilibre qui fait que les Nuits Sonores est un événement ouvert à tous".On construit notre programmation comme un journal avec des scènes éditorialisées.
Pierre-Marie Ouillon, programmateur des Nuits Sonores
Partant d'une idée A, ils se retrouvent souvent avec l'idée Z : "On a toujours une première idée de ce que sera l'édition selon les sujets que l'on veut traiter. Et puis, les artistes envisagés ne se retrouvent pas forcément dans la programmation finale, faute de disponibilités. C'est souvent une vraie bataille pour pouvoir les avoir...", s'amuse-t-il.
Chaque année est l'occasion de célébrer la scène internationale où la musique prend différentes couleurs. Pour cette nouvelle édition, les Nuits Sonores mettent en avant des artistes venant du Maghreb, d'Egypte, du Liban ou encore de Turquie.
Intersection générationnelle
Les Nuits Sonores défendent la jeunesse européenne. Récemment, elles ont mis en place "We are Europe", un projet dont elles sont les "leaders" : "Les jeunes européens bougent beaucoup. On représente des artistes qui sont de vrais voyageurs et qui jouent dans beaucoup de salles de concerts et de clubs". Véritable réseau de festivals, "We are Europe" réunit les Nuits Sonores et sept autres festivals comme le Sonar de Barcelone. Ensemble, ils valorisent les échanges entre les grandes métropoles dans le but de construire une véritable identité européenne.
De plus, depuis 2011, les Nuits Sonores associent festivités avec discussions au sein de l'European Lab. Le festival de musique électronique profite de sa notoriété grandissante pour créer des débats autour de la reconstruction européenne au travers de la culture : "On invite des projets européens naissants et on partage nos expériences. Le regard des intellectuels, des médias et de l'économie sont les bienvenus", précise le programmateur. Sans barrière, les personnes participent à des forums de discussions très diverses : "On parle autant de l'actualité que de gastronomie !", précise ce dernier.
Carte blanche pour Séoul
Chaque année, le festival rend hommage à une ville. Après Varsovie, Bruxelles, Tokyo, New-York, Glasgow ou encore Lyon, Séoul est à l'honneur. A l'occasion de la période d'échange entre la France et la Corée du Sud, les équipes ont eu la chance de découvrir un pays "en ébullition" : "Leur scène n'est pas forcément dans des guerres de chapelles au niveau des communautés musicales. Ils n'hésitent pas à mixer les genres et nous...on adore", finit Pierre-Marie Ouillon.
Pendant une semaine, le festival met en lumière le pays du Matin Calme, en invitant une douzaine de groupes, une dizaine d'acteurs culturels et un chef coréens.Du 4 au 8 mai 2016, la ville de Lyon sera donc plongée dans différents univers musicaux, illustrés par des visuels imaginés par Trafik. L'occasion rêvée de voyager à la vitesse du son...
Retrouvez toute la programmation des Nuits Sonores sur le site officiel du festival.
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