Les rockers ne se cachent pas pour vieillir
La meilleure soupe sort des vieux pots ?
Ils ont l'âge de la retraite, les cheveux gris ou teints et des fans vieillissants, mais les vétérans du rock et de la pop sont loin d'avoir tous raccroché leur guitare, entretenant la flamme à coups de reprises, d'annonce de reconstitution de groupes dissous ou de tournées.
La liste est longue de ces légendes des années 60, 70 ou 80 bien décidées à occuper toujours le terrain, malgré des rancunes parfois tenaces au sein des groupes.
Deep Purple à Montreux en 2006, "Rapture of the Deep" :
A commencer par les incontournables Rolling Stones que leurs dissensions n'ont pas empêché d'annoncer la sortie d'un nouvel album mi-novembre reprenant leurs grands succès et deux nouveaux titres, leur premier enregistrement commun depuis sept ans. "Oui, je rock encore! Et tout va bien", a lancé Mick Jagger en célébrant leur 50e anniversaire, lui qui leur donnait en 1963 un ou deux ans à vivre...
Les membres fondateurs des Beach Boys, qui n'avaient plus joué ensemble depuis 20 ans, ont aussi ressorti leurs chemises bariolées et enterré la hache de guerre, le temps d'un album et d'une tournée à 70 ans biens sonnés.
The Who avait beau chanter en 1965 "I hope I die before I get old" (J’espère mourir avant d'être vieux), Roger Daltrey et Pete Townshend, les deux seuls survivants du groupe, repartent en tournée en novembre en Amérique du Nord, à respectivement 68 et 67 ans.
Iggy Pop a l'âge d'être grand-père mais il continue à exhiber avec enthousiasme son torse noueux en concert. Quant à Bob Dylan, il vient de fêter un demi-siècle de carrière avec "Tempest", un album salué par la critique. Quant à Lou Reed, il n’a jamais quitté la scène.
Recettes
Cette longévité, "c'est la combinaison de plusieurs facteurs", explique Scott Rowley, rédacteur en chef de Classic Rock Magazine à Londres : "Un réel appétit du public pour la musique live, des gens qui ont toujours rêvé de voir ces artistes légendaires sur scène. Du coup, on ne leur a jamais offert autant d'argent pour se produire. Sans compter qu'avec le téléchargement sur internet, ils ne touchent plus les grosses royalties qu'ils tiraient avant de la vente de leurs albums".
"Les groupes ont beau se draper dans le discours: on a envie de rejouer ensemble, c'est dans 99% pour des raisons financières" qu'ils remontent sur scène, confirme Jean-Daniel Beauvallet, rédacteur en chef musique des Inrockuptibles. D'autant que certains sont habitués à un luxueux train de vie.
Poussé par des déboires financiers, Leonard Cohen a dû aussi reprendre son bâton de pèlerin. A 78 ans, costume noir et feutre sur la tête, il continue à parcourir le monde et à faire le plein de fans : face à l'affluence cet été à Londres, les organisateurs ont dû changer de salle.
Leonard Cohen en 2008 à Londres : Everybody knows" :
"Aujourd'hui, les gamins s'en fichent de savoir à quelle époque jouait un groupe. Sur leur Ipod, ils passent d'un morceau actuel à un morceau d'il y a 50 ans, sans sourciller", note Jean-Daniel Beauvallet. Reste que ces icônes "étaient de grands musiciens qui aimaient la scène et que ces sentiments ne disparaissent pas forcément avec l'âge", note un porte-parole du distributeur de musique HMV, Gennaro Castaldo.Revival
Deep Purple et son mythique « Smoke on the Water » est en tournée en France tout le mois de novembre, Alice Cooper a sorti un tome 2 de son célèbre « Welcome in my Nightmare » cette année, et était en tournée mondiale en 2012, avec une pèche étonnante, Led Zeppelin lance régulièrement la rumeur d’une éventuelle reformation, alors que Johnny Page frappe en vain à la porte du chanteur charismatique Robert Plant, sans lequel rien n’est possible…
Alice Cooper en concert en 2012 : "I'm Eighteen" :
Pendant ce temps, les tribute bands pullulent et se produisent à guichet fermé : Letz-Zep, pour Led Zeppelin, Pulse, pour Pink Floyd, Musical Box, pour Genesis, Les Reabeats, pour les Beatles… La nostalgie est bien de ce monde. Mais un autre phénomène, très contemporain participe de ce revival. Les groupies des légendes du rock ont vieilli avec elles et leurs concerts sont souvent l'occasion de sorties en famille, bien loin du temps où leur musique était l'étendard d'une jeunesse en rébellion. Car leurs enfants ont redécouvert leur musique via internet.
D’autres groupes, plus discrets, également classifiés dans le club fermé des « super groupes » dans les années 70 continuent de sortir des albums et de se produire sur scène. King Crimson, qualifié de « dinosaure », toujours avec Robert Fripp comme leader depuis 1969, continue de composer des partitions avant-gardistes, mais est bien rare sur scène depuis 2000 et disparates sont ceux qui s’en font l’écho. Yes, également taxé de saurien antédiluvien, se produit toujours régulièrement sur scène en reprenant devant un public enthousiaste ses partitions progressives de 20 minutes des années 70, mais sombre dans des compositions indigestes sur ses albums, depuis des lustres. Dans le même registre, ELP vient de sortir un DVD anniversaire d’un concert pour les 40 ans du groupe. Magma tourne toujours avec ses adeptes inconditionnels et Gong sort de ses nuages à plus ou moins longues échéances.
King Crimson live : "Elephant Talk" :
Dans ce paysage, une énigme. Quid de David Bowie ? Absent des bacs et sur scènes depuis une dizaine d’année, l’homme qui venait d’ailleurs ne produit plus rien et aucun Tribute band n’a pris le relais, alors que Ziggy Stardust est resté régulièrement en tête des charts pendant 30 ans, tout en s’avérant un des compositeurs les plus inventifs et une des figures les plus charismatiques.Né autour de 1976, le punk n’a pas (encore ?) engendré de Tribute band. A quand un Sex Pustules, pour Sex Pistoles, un Ramonas pour Ramones, une Souris disturbée, pour la Souris déglinguée ?
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