Le sort des "Pussy Riot", rockeuses russes rebelles, inquiète le Palais de Tokyo
"Nous avons monté l'exposition en trois semaines, avec le commissaire russe indépendant Andreï Erofeev", a expliqué à l'AFP Rebecca Lamarche-Vadel, commissaire au Palais de Tokyo, grand centre d'art contemporain.
Jusqu'au 20 juillet, le public peut découvrir une vidéo de la performance incriminée, un reportage photo et des oeuvres d'artistes russes qui ont voulu réagir à cette détention de près de quatre mois, indique-t-elle.
"Chasser Poutine"
Le 21 février, cinq jeunes femmes vêtues de robes bariolées et aux visages masqués de cagoules aux couleurs vives sont montées sur l'estrade de l'autel de la cathédrale du Christ-Saint-Sauveur, où le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe Kirill officie régulièrement. Pendant cette performance d'une minute environ, elles ont chanté un "Te deum" revisité appelant la Vierge Marie à devenir féministe et à "chasser Poutine". Puis elles ont été évacuées de la cathédrale par des agents de sécurité. Quinze jours plus tard, Vladimir Poutine remportait l'élection présidentielle.
La vidéo du groupe Pussy Riot dansant et chantant, postée sur YouTube, a été très visionnée, attirant l'attention des autorités russes qui ont recherché les activistes. Début mars, trois jeunes femmes suspectées d'être membres de ce trio, Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina et Ekaterina Samoutsevitch, ont été arrêtées.
La détention de ces militantes accusées de "vandalisme en bande organisée" a été prolongée mercredi jusqu'à la prochaine audience préliminaire du tribunal prévue le 24 juillet, en attendant la tenue du procès. Plus d'une centaine de célébrités de l'élite culturelle russe de tous bords ont signé mercredi une lettre appelant à libérer les trois jeunes femmes, qui encourent jusqu'à sept ans de prison. L'affaire divise l'opinion publique en Russie.
"Le cas Pussy Riot" est la première "Alerte" lancée par le Palais de Tokyo, société publique, qui a rouvert ses portes en avril après un important agrandissement. Pour son président Jean de Loisy, le Palais de Tokyo "doit interroger la société". Les Alertes invitent des artistes ou commissaires d'exposition à investir un espace pour réagir à l'actualité.
Les Pussy Riot avaient déjà effectué des performances sur la Place Rouge, face au Kremlin, dans le métro de Moscou ou sur le toit d'un bâtiment proche d'un commissariat de police de Moscou où était détenu le blogueur anti-corruption Alexeï Navalny.
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