Lady Gaga : feu vert des censeurs à Manille pour le second concert
"Il faut l'admettre, certaines déclarations et chorégraphies étaient provocantes", a déclaré Antonino Calixto, le maire de Pasay, le district de Manille qui abrite la salle de spectacle Arena où se produit la chanteuse américaine. "Mais pris dans leur ensemble, le contenu et la présentation peuvent être considérés comme faisant partie de l'expression d'une artiste", un élément protégé par la Constitution, a-t-il ajouté. "C'est pourquoi les autorités municipales de Pasay ne voient aucune raison valable à interdire le second concert."
Lundi soir, lors de son premier concert devant plus de 40.000 fans, Lady Gaga a défié ses détracteurs philippins et ignoré les menaces de censure des autorités. Les censeurs étaient dans le public. Parmi les fans, beaucoup portaient des tenues aussi tapageuses que celles qui ont fait la réputation de leur idole. La foule a acclamé la chanteuse lorsque celle-ci a lancé : "Manille, je ne suis pas une créature de votre gouvernement !" Lady Gaga a enchaîné sur l'un de ses titres les plus controversés, "Judas", que ses détracteurs philippins considèrent comme blasphématoire.
Le concert s'est tenu à l'Arena, une vaste salle de spectacles nouvellement construite à Pasay, un quartier de Manille, la capitale des Philippines. Sur le réseau social Twitter, des spectateurs ont posté des photos de la chanteuse vêtue d'une longue robe jaune inspirée des tenues traditionnelles philippines pendant la chanson "Born This Way", un hymne gay.
La chanson "Judas" ne plaît pas du tout aux religieux philippins
Des menaces d'interdiction planaient sur le second concert
Les autorités de la capitale avaient averti que le second concert de Lady Gaga, prévu mardi soir, pourrait être interdit si les "censeurs" qui avaient pris place dans le public lundi soir constataient la moindre trace de blasphème, de satanisme, de nudité ou de conduite indécente. Ces censeurs doivent adresser un rapport aux autorités dans la journée de mardi...
Le maire de Manille pouvait annuler le concert de mardi si celui de lundi "recèlait des actes indécents ou des actes jugés blessants envers la croyance religieuse", a expliqué le secrétaire du maire. "Nous allons garder l'esprit ouvert et être aussi objectifs que possible", avait-il précisé.
Les "spectacles indécents" sont punis de prison
La loi des Philippines, pays à forte majorité catholique, punit d'une peine allant jusqu'à six ans de prison toute personne coupable de se livrer à "des spectacles indécents" ou d'y participer.
Avant le concert, l'archevêque des Philippines, Ramon Arguelles, avait demandé à la population de boycotter la chanteuse. "Ses fans risquent de tomber entre les griffes de Satan", avait-il déclaré à la presse.
Manifestations de fondamentalistes chrétiens
Lundi, simultanément au concert, des adversaires de la chanteuse se sont également mobilisés dans la rue. Un groupe de quelque 500 activistes chrétiens a tenté de marcher sur l'Arena, chantant des hymnes religieux et brandissant des pancartes proclamant "Arrêtez Lady Gaga, le monstre mère". Mais la police anti-émeutes les a bloqués à un kilomètre de l'Arena.
Déjà dimanche, près de 500 chrétiens fondamentalistes s'étaient rassemblés près de la salle de spectacles, tenant des bougies allumées à la main et s'abritant sous des parapluies. "Nous sommes de gens pacifiques, notre objectif n'est pas de commettre d'actes de violence ou de destruction afin d'attirer l'attention", a alors déclaré Orlando Cutaran, reponsable d'une église évangélique. "Nous voulons juste prendre nos distance avec les chansons et les vidéos blasphématoires de cette Lady Gaga . Nous ne voulons pas que les jeunes soient influencés par ça."
Malgré toutes les mises en garde, 40.000 fans de la diva extravagante se sont jetés sur les billets dont certains pouvaient coûter 15.840 pesos (287 euros), une fortune dans ce pays très pauvre. Le concert, qui n'était prévu que pour un soir à l'origine, a été programmé un jour de plus en raison de la forte demande.
L'étape asiatique de Lady Gaga ne cesse de faire des vagues, suscitant critiques, menaces et diverses manifestations d'opposition. En Indonésie, son concert de juin a été interdit par la police en raison de menaces des islamistes qui ont qualifié l'artiste pop de "satanique".
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