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Jacques, Run The Jewels, BadBadNotGood : les photos de samedi au Pitchfork

Article rédigé par franceinfo - Laure Narlian et Gilles Scarella
France Télévisions
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La fantaisie du Géotrouvetout de l'électronique Jacques, la pertinence des rappeurs américains Run The Jewels, l'excellence des jeunes jazzmen canadiens BadBadNotGood, l'électronique intrigante de The Blaze, la prometteuse chanteuse de R&B bretonne Sônge : ils étaient tous sur scène samedi au festival Pitchfork 2017. Retour en images.

Gilles Scarella / FTV

Elle vient de Quimper mais, avec ses luminettes, son imper transparent et les lumières bleutées, on la croirait tout droit sortie du futur, ou d'un songe afro-futuriste de Sun Ra. Seule avec son clavier et son micro, Sônge fait souffler un vent de fraîcheur créative sur le R&B d'ici.
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Toutes ses chansons aux nappes de synthé old school ne font pas encore grimper aux rideaux, mais une grosse poignée comme "I Come From Pain",  "Now" ou "What Happened", laissent entrevoir de beaux lendemains. Surtout lorsque Sônge pousse soudain sa voix dans les aigus, comme on ne l'avait jamais entendue. A suivre de près. 
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Entouré d'un talentueux violoniste et de trois autres musiciens, le Londonien Tom Misch, au micro et à la guitare, déploie son agréable jazzy soul. On pense à George Benson mais sans la flamme. Trop convenu. Seule la saxophoniste et soeur du leader, invitée sur scène, apportera un peu de mordant. Dommage que son complice Loyle Carner, qui passe en face juste après, ne soit pas venu au micro sur "Crazy Dream", sur lequel il fait merveille.
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Le rappeur londonien Loyle Carner, auteur d'un magnifique album "Yesterday's Gone" en début d'année, a encore dû perdre quelques litres de sueur samedi : sur scène, il travaille à l'énergie, avec un phrasé à cent à l'heure au savoureux accent cockney. Comme à chaque concert, il agite frénétiquement tout du long un maillot de football en hommage à son beau-père disparu, qui "aimait beaucoup la France et parlait français couramment", nous apprend-il. Il parle souvent entre les morceaux, explique le contenu de "Florence", la chanson pour la petite soeur qu'il n'a jamais eue. Et s'emporte contre le Brexit : "Fuck Brexit cause we're Europeans". 
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Loyle Carner est excellent, mais il faut aussi rendre hommage à ses producteurs et beatmakers, experts à dénicher de magnifiques samples de jazz et de gospels pour ses boucles sonores. Le jeune rappeur présente en tout cas son Dj, Rebel Kleff, comme son meilleur ami et souligne qu'il rappe aussi, ce qu'il démontre aussitôt avec un magnifique duo. Il y en aura d'autres ce soir, en particulier l'explosif "NO CD" en final.
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Ce soir, Jacques a niché ses machines et son bric-à-brac au milieu de plusieurs rangées de drapeaux de tous les pays. Une façon de signifier son côté internationaliste, lui qui a justement sorti début juillet une version polyglotte de son hit "Dand la radio".
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On ne présente plus Jacques, le Géotrouvetout de l'électronique. Il entend de la musique partout et en fait avec tout ce qui lui tombe sous la main. Au Pitchfork, il lui sera apporté successivement un bocal à poissons, une cage en métal, un ballon, un ventilateur. Qu'il s'empressera d'exploiter au plan sonore. 
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Son style ludique et ingénieux fascine mais il a cependant ses limites. Son côté jusqu'au boutiste le pousse à improviser vraiment. Or le côté répétitif et sans queue ni tête du set s'avère lassant au bout d'un moment, surtout quand il s'avise de pousser des gémissements au micro. On le retrouvera néanmoins avec la même curiosité la prochaine fois, car chaque concert de Jacques est différent.  
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Le quatuor de jazz canadien BadBadNotGood s'est fait connaître du grand public grâce à ses collaborations dans le monde du hip-hop. Mais ce soir, les quatre jeunes musiciens ne font nulle concession à cet aspect de leur répertoire. Le set est purement jazz. Moderne, emprunt d'influences diverses, mais jazz. Et d'excellence. 
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BadBadNotGood est sans doute un groupe très démocratique. Mais une figure de leader s'en dégage néanmoins : celle du batteur Alexander Sowinski. Nerveux, d'une précision diabolique dans les dynamiques mais jamais mécanique. C'est lui qui s'adresse régulièrement au public, lui qui fait des pauses dans l'ombre pour faire des étirements et des pompes (!), lui qui danse en battant des bras, en short et baskets, et invite le public à faire de même. Lui enfin qui semble mener la danse et faire office de chef d'orchestre.
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Les quatre musiciens sont vraiment des bêtes dans leur domaine. Le saxophoniste Leland Whitty, dernier à avoir rejoint le groupe, est estomaquant dans la modulation des phrasés qu'il tient sur des longueurs record. Sur "Chompy's Paradise" il est à pleurer. Aux claviers, Matthew A.Tavares est un musicien aussi véloce qu'inspiré. Quant au bassiste Chester Hansen, il varie les plaisirs, sonnant différemment d'un titre à l'autre, plus groovy ici, plus raide là. Dans le public, on a vu beaucoup de jeunes musiciens "prendre des notes"...
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La rappeuse américaine Princess Nokia a eu beau interpeller les premiers rangs et cavaler de long en large, quelque chose a manqué tout du long à ce concert. Même son hit "Tomboy" (garçon manqué) n'avait pas le panache du disque. Eteint par de mauvais réglages ?Dommage pour cette militante féministe pleine d'énergie. 
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On les a vus exactement au même endroit il y a deux ans, mais on ne s'en lasse pas. Killer Mike et El-P,  alias Run The Jewels, restent les joyaux du rap américain. De retour avec un troisième album toujours aussi pertinent et réussi, "Run The Jewels 3" sorti à Noël 2016, ils ont offert un de ces concerts explosifs, drôles et engagés, dont ils ont le secret. 
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Croisant leurs rimes politiques autant que potaches sous leur emblème - deux mains de zombies se braquant l'une l'autre - Killer Mike et El-P ont surtout joué des titres de leur dernier album, lardé de titres plus anciens.  "Talk to me", "Legend has it", "Stay Gold" ou "Down" ont ainsi croisé "Oh My Darling don't Cry", "Close your eyes and Count to Fuck", de leur second album ou "36 inch chain" extrait du premier. Les deux rappeurs se sont arrêté pour parler à plusieurs reprises,notamment pour rappeler que les mains balladeuses sur les filles ne seraient pas tolérées à leur show. Mais aussi pour dire leur solidarité avec Paris et appeler à "continuer à se battre et rester forts".
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Jonathan et Guillaume Alric, alias The Blaze, connus pour leurs clips cinématographiques et leur électro libre, aussi rêveuse qu'intrigante, entamaient samedi soir la nuit électronique du Pichfork festival. Ils étaient attendus : le public débordait pour leur set live.
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Avec un dispositif aussi simple qu'ingenieux - deux écrans disposés en pointe qui s'écartent après 10 mn laissant apparaître le duo face à face sur ses machines et ses micros - The Blaze a réussi à tenir en haleine le public avec une poignée de titres. La magie a opéré, le tandem gagnant au passage le coeur de nouveaux admirateurs. Vivement la suite !
 (Gilles Scarella / FTV)

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