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Bon Entendeur : "On a envie de faire rayonner la culture française"

Le collectif d'électro chill a fait du "made in France" sa marque de fabrique. Tous les mois, Bon Entendeur publie une mixtape consacrée à une personnalité française. Pour leur mixtape d'été, qui sort ce vendredi, l'heureux élu n'est autre que Vincent Lindon, monstre du cinéma. Bon Entendeur lève le voile sur ses secrets de fabrique.
Article rédigé par franceinfo
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Bon Entendeur avec Nicolas Boisseleau, Arnaud Bonet et Pierre Della Monica (de gauche à droite).
 (Alléguède Nikkos)

Quand Bon Entendeur ne fait pas tonner Jacques Chirac sur du Gil Scott Heron, il fait groover Jean Reno sur du Stevie Wonder. Chaque mois, le collectif d'électro chill publie sur Internet une mixtape d'une heure. Et le concept est on ne peut plus efficace : une personnalité, un thème. Il y a eu "La Jeunesse" défendue par Daniel Balavoine, "Le Miracle" exalté de Fabrice Luchini ou encore le superbe hymne à "L'Amour" raconté par François Cluzet. Pour leur mixtape d'été, qui sort ce vendredi, Bon Entendeur fait clamer "L'ouverture" à Vincent Lindon.

Derrière ce collectif se cache Arnaud Bonet, 23 ans. En 2012, il ouvre une chaîne YouTube pour y poster régulièrement des playlists. Rapidement, il s'associe à un ami d'enfance, Pierre Della Monica, 24 ans. Terminé les playlists, place aux mixtapes et à "la valeur ajoutée", raconte Arnaud Bonet. En septembre 2013, le duo publie leur première mixtape, "Le rendez-vous" autour de la personnalité de DSK. Les Aixois sont alors rejoints par Nicolas Boisseleau, 28 ans. Fraîchement épaulé par la société de production Talent Boutique, Bon Entendeur a enchaîné les dates cet été pour sa première tournée estivale. Le trio prépare déjà sa rentrée. Rencontre avec un collectif qui a "la France pour idole".

Serge Gainsbourg, Alain Delon, Gérard Depardieu… Les personnalités à qui vous consacrez une mixtape sont réputées pour leur aura. Comment choisissez-vous votre personnalité du mois ?

Arnaud Bonet : On veut créer des émotions chez les gens, donc on choisit des personnalités charismatiques. On essaye d'être unanime sur le choix de la personne. Parfois, on tombe d'accord très rapidement et parfois, c'est un peu plus compliqué...

Nicolas Boisseleau : Par exemple, on a fait la mixtape "L'Attitude" avec la voix de Vincent Cassel. Qu'on l'aime ou pas, il dégage quelque chose de fort. Il a une classe irréfutable. A côté de ça, on a aussi consacré une mixtape à Robert Badinter avec "La République". Quand on le croise dans la rue pourtant, on ne se dit pas qu'il a un charisme fou. Mais son discours pour l'abolition de la peine de mort devant l'Assemblée, il nous hérisse le poil. Consacrer une mixtape à François Bayrou, ce serait plus compliqué (rires) ! 

Acteurs, chanteurs ou politiques, les personnalités que vous mettez à l'honneur sont toutes françaises. Dans vos mixtapes, il y a aussi beaucoup de chansons françaises, de Jacques Brel à France Gall. Pourquoi ?

Nicolas Boisseleau : Dès le début, on a assumé notre côté chauvin. On veut mettre des français, voire des francophones, en avant. Suite à notre mixtape sur "La Colère" avec Charles Aznavour, on a reçu un mail d'un mec d'Europe de l'Est pour nous demander le titre d'une de ses chansons. On a trouvé ça cool. On a envie de faire rayonner la culture française.

Arnaud Bonet : Pour les musiques, ce sont des artistes qu'on adore. On connaît leurs chansons par cœur, ce sont les influences de nos parents.

Nicolas Boisseleau : On a une culture de la variété française, on a été bercés là-dedans. Par exemple, je suis fan de Michel Berger & France Gall.

Vos mixtapes s'ouvrent généralement par un monologue de la personnalité choisie. Sa voix revient ensuite régulièrement. Comment faites-vous pour récupérer ces vocaux ?

Arnaud Bonet : Ca dépend des personnalités. Pour un acteur comme Jean Dujardin par exemple, on fait sa filmographie. On regarde ensuite beaucoup d'interviews sur l'INA et sur YouTube. Quand on a fait notre mixtape "L'optimisme" avec PPDA, il nous a accordé une interview. 

Nicolas Boisseleau : Pour "Le Succès" de Brigitte Bardot, ce n'était pas facile. Tout est très verrouillé sur sa vie privée. Sur l'INA, on trouvait des vieux extraits où elle avait une très belle voix. Mais il y avait toujours un bruit de fond. Sur les interviews récentes, elle a une voix caverneuse, qui est moins agréable à mixer. Pour notre dernière mixtape avec Vincent Lindon, c'est cadeau ! Il est très éloquent, il fait pas mal d'interviews. Du coup, c'est la difficulté inverse : il faut trier. 

Pour vos mixtapes mensuelles, vous utilisez entre 15 à 20 morceaux. Comment les choisissez-vous ?

Nicolas Boisseleau : Chacun cherche des pépites sur YouTube et Soundcloud. On établit ensuite une liste d'une soixantaine de morceaux. Chacun note les titres. S'il a deux votes sur trois, alors le son passe dans la mixtape.

Arnaud Bonet : Et on a le droit à un veto par mois ! (rires). C'est vraiment un travail collaboratif. Une fois qu'on a les morceaux, on discute de l'ordre, des transitions… Pierre finalise le tout sur le logiciel de montage car on ne peut pas être plusieurs à travailler dessus. Chacun donne ses commentaires. Avant la mixtape finale, il y a environ 10 allers-retours avec nos modifications.
Vous avez commencé les DJ sets en 2014. Avec plus d'une quinzaine de dates, c'est le premier été que vous vous produisez autant. Comment s'est passée votre tournée ?

Arnaud Bonet : On a eu de très belles dates, avec le Big Festival (Biarritz), La Clairière (Paris)… Notre meilleure date, c'était Calvi On The Rocks (Corse). L'année dernière, on s'était greffés à l'arrache. Cette année, on était dans la programmation officielle ! Mixer là-bas, c'était le paradis. Le cadre, le public… C'était juste dingue.

Nicolas Boisseleau : Pour la rentrée, on est en discussion avec une agence de scénographie pour travailler sur un vrai live. On veut proposer un show afin de dupliquer sur scène l'univers de Bon Entendeur. Les gens ne viendront plus seulement voir Arnaud et Pierre derrière deux platines. On veut en mettre plein les yeux.

Tous réseaux sociaux confondus, vous avez quasiment doublé votre audience en l'espace d'une année. 2015, l'année du tournant ?

Arnaud Bonet : Pour nous, c'était la continuité de notre projet. Si on marche bien aujourd'hui, c'est parce qu'on ne s'est jamais démotivés. On a tenu pendant des années sans aucune bonne nouvelle (rires). 2015, c'était une belle évolution. On essaye de se professionnaliser, tout en continuant à faire Bon Entendeur par passion pour pouvoir partager nos kiffs.

> Concerts : Lundi 8 août à La Grange (La Baule), Jeudi 11 août à la soirée We Are Not Jukebox (Les Sables-d'Olonne), Samedi 27 août au Festival My Life (Sète). 
Toutes leurs dates sur le site Bon Entendeur.

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