Découverte : Sweatshop, un groove reggae venu du froid
Et Sweatshop ouvre le bal avec "Drug". Un beat très rentre dedans, qui contraste avec l'ambiance reggae, surprend déjà. Le son claquant de la batterie vient contrecarrer les plans très smooth du clavier et de la guitare, noyés dans une reverb typique du genre. On découvre alors la voix de Jonas, plutôt douce, un peu R'n'B... Point trop n'en faut, c'est Kuku qui prend le relais. Magie : son flow mate et bien au fond du temps agit comme un liant sur les instruments ! C'est comme si la bande son l'attendait pour s'établir vraiment, et faire corps avec sa voix chaude et assurée.
Minimaliste, groovy, on sent évidemment les influences de Bob Marley, Yellowman , et celles, plus proches, d'un rap léger et subtil, à la Beat Assailant.
Le Clip de "Drug"
Vient ensuite "Get Away", qui augmente nettement la cadence. La batterie sonne (étonnament) très roots, même si elle est soutenue par quelques samples électroniques, et les contretemps à la guitare rappellent le reggae-ska des Skatalites. Le groove est simple, efficace et sautillant, à peine entrecoupé de quelques interludes qui ne sont là que pour mieux repartir, et goûter à nouveau à l'allégresse qu'évoque cette chanson.
"I Wanna Know" débute dans un genre reggae moderne immédiatement identifiable : on pense à Groundation ou Danakil. Quelques effets électroniques, un refrain simple, et c'est une nouvelle fois la voix de Kuku qui vient naturellement s'insérer dans la légère apathie de l'instrumental, et faire tout l'intérêt du morceau. Ensuite, malgré quelques expérimentations et incursions improvisoïdes, on a du mal à sortir de ce beat un peu mou et très répétitif. Dommage.
Sessions studio de "I wanna Know"
Avec "Rainbow", Sweatshop s'engage avec réussite dans un hip-hop acoustique, où batterie, basse, piano et vibraphone permettent à Kuku d'enfin faire pleinement preuve de son talent de rappeur. Cypress Hill et le Wu-Tang ne sont pas loin, on se surprend avec plaisir à opiner du chef en rythme. Les refrains, terrains de prédilection de Jonas Rendbo, résonnent quant à eux d'une touche soul rafraichissante.
Enfin, cet EP se finit sur le titre "Jungle fever", dont le groove solide sonne malheureusement très kitsch : claquements de mains, descentes de toms en plastique et claviers qui font wah-wah apparaissent un peu comme une faute de goût après 4 morceaux plutôt acoustiques et boisés. Malgré les refrains à répétition, on retiendra sur la fin du morceau un habile questions-réponses entre Jonas et Kuku, dont les voix sont clairement l'atout principal de cet EP.
On attend donc avec curiosité The Getaway dont la sortie est prévue en Novembre.
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