Cet article date de plus d'onze ans.
De Stromae à Public Service Broadcasting, la longue nuit des Trans
La musique est partout ce week-end à Rennes, qui vit au rythme des TransMusicales. Erwan d'Orgeval, du blog Le Bazar, revient sur la nuit de vendredi à samedi. Un programme riche et varié.
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Temps de lecture : 7min
Le blog Le Bazar propose de nombreux articles consacrés à la musique, sur scène ou en studio. Découvrez le ici.
Stromae (Hall 9 – 22h35)
Il y a trois ans de cela, Stromae montait sur les planches de l'Air Libre en parfait inconnu. Désormais c'est en terrain conquis que le petit prince bruxellois déboule aux Transmusicales de Rennes. Deux heures avant le concert, le couperet tombe sur les portables : 7000 personnes à embarquer dans le Hall 9 et pas une de plus, gare aux retardataires ! C'est à dire que le résident de 2010 est devenu l'attraction phare de cette édition 2013, lui qui chamboule la variété française comme bon lui semble.
À titre de mise en bouche, l'ambiance musicale est assurée par Les Gordon, à l'électronique doucereuse, avant que Paul et ses musiciens n'entrent sur scène. La variable popularité est une chose, mais avec Stromae on explose les canons de la sociologie musicale traditionnelle. Le bougre impressionne, s'amuse, provoque, se fait humble et garçonne. Passe sur TF1, chez Drucker, De Caunes, vend des disques à la pelle, donne la leçon des choses qui lui sont chères et offre en final des remerciements aussi grandiloquents que sincères. Le public des Transmusicales le sait et accueille le maestro comme il se doit. La setlist puise allègrement dans son dernier album, Racine Carrée. Si le public se déchaîne sur les tubes d'hier et d'aujourd'hui « Alors On Danse » (qu'il détourne musicalement pour l'occasion en y distillant des samples Dance des années 90) , « Papaoutai », « Formidable », Stromae s'en va titiller un peu son public en lui assénant une leçon improvisée sur le thème de « Tous les Mêmes » ou encore lorsqu'il offre une interprétation touchante (et remarquable sur le plan vocal) de « Quand C'est » et « Ave Cesaria ».
Petite forfanterie au passage, nous rappeler qu'avant de monter sur scène, le bonhomme a fait « caca mou » (la confession belge du trac) et dans la foulée saisir « la mitraillette » en entrée aux « Moules frites » du cher Paulo. A noter les costumes de scène (mix improbable entre le pantacourt bavarois et le classicisme victorien du XIXe., complété de l'éternel noeud papillon) et les visuels particulièrement réussis (noir et blanc, dans une ambiance à la Tim Burton, façon Frankenweenie) qui donnent du relief et de la profondeur au concert.
On a particulièrement apprécié le combo « Carmen » et « Humain à l'Eau », brûlots textuels et musicaux qui s'immiscent l'air de rien dans une performance en tout point parfaite. Pour le final, remerciements remarqués sur « Papaoutai », à l'adresse notamment de Jean-Louis Brossard (fondateur et programmateur des Transmusicales depuis 1979) et des équipes de production. Dernière salve, mille « Merci » et le maestro se retire sous les applaudissements nourris du public.
Escort (Hall 9 - 01h05)
La disco est un sport ancien se pratiquant avec des cheveux roses et des jupes fendues. Sur scène, une belle élancée entre Mia et Rihanna, qui a tout compris à la chose, s'échine et tente de piquer un peu au vif le public. Elle use pour cela d'une Funk matinée de Disco séculaire. Quelques éclairs de génie à la manière de Gossip, lorsque la Diva Adeline Michel se met à la basse. Mais entre-deux on se rend compte que la sauce ne prend pas franchement dans le Hall 9. En 30 minutes, 30 mètres parcourues vers l'avant sans donner du coude. Voilà une statistique qui résume à elle-seule la performance de ce collectif, pourtant estampillé « New-York Lab ».
Mozes & The First Born (Hall 3 - 02h00)
Rennes rocke donc-t-elle? Non plus vraiment, car à cette heure-ci elle est un peu éméchée. Mais pourtant voilà que déboule un groupe néerlandais à l'allure juvénile (on croirait croiser The Kinks à leur début) qui réussit l'impossible prouesse de mêler des couplets à la manière du Velvet (écoutez donc « I Got Skills ») avec des refrains Nirvana (écoutez donc « Waiting for Something New »). Comme une sorte de syncrétisme Pop-rock anti-cul-terreux naviguant entre la côte est des U.S.A. et le port de Seattle. Chapeau messieurs les Bataves.
Bon, m'est avis également que le torse-nu du batteur offert à la vue de tous a quelque peu contribué au succès du concert auprès de la gente féminine. Mais bon le rock c'est un peu bestial aussi non ? Conclusion : Rennes rocke toujours !
Melt Yourself Down (Hall 4 – 02h40)
Écouté à la sauvette ce vendredi matin, le sextet Jazz a réveillé les Transmusicales en convoquant le meilleur de l'Afro-beat et de l'esprit Rock. Pas complètement étonnant lorsqu'on connaît le pedigree des petits loups londoniens, signés sur le très chic The Leaf Label. Comme leur compères Polar Bear, on touche ici un jazz expérimental, énergique, quasi tribal en l’occurrence. Le public, un peu décontenancé par endroit, rend la pareille et se meut dans la transe zoulou-rétro du vocaliste Kushal Gaya et les coups de semonce ravageurs des deux saxophonistes Pete Wareham et Shabaka Hutchings qui cimentent, injectent une énergie féroce à la rythmique implacable assurée par le batteur. Chrystal Ark (Hall 9 - 03h20)
Nuée Electro, à la matière expérimentale, peu palpable en approche. Les synthétiseurs agissent comme une mécanique sourde face à un public, quelque peu en déshérence à cette heure avancée de la nuit. Mais force est de constater que le groupe réussit à raviver la morgue des quelques 500/1000 spectateurs dans la salle.
Leur performance s'extirpe malignement des structures de leur très bon dernier album The Chrystal Ark, elles s'allongent, s'étirent pour, en bout de course, s'épanouir (ou s'évanouir pour certains) dans un courant extatique mêlé de musiques de monde. À ce petit jeu, on a beaucoup aimé « We Came To », son phrasé incisif dans un son très Hot Chip.
Public Service Broadcasting (Hall 4 - 04h20)
Antenne émettrice sur scène, téléviseurs imbriqués, le trio londonien la joue un peu « BBC alike ». Mais sa musique n'a pas grand chose à voir avec une quelconque nostalgie d'antan. On aborde ici un Post-rock, planté entre du Yeti Lane et du Microfilm pour la partie française des influences et quelques accents plus rock à la Deus. Le Hall 4 se remplit en quelques minutes et le public, prompt à enfiler le bleu de chauffe, n'a guère à patienter avant de s'enflammer de nouveau.
On attaque d'emblée avec « Spitfire », « Signal 30 » sur un rock tendu, délivré avec puissance. Le Banjo de « Theme From PSB » instille un peu de lenteur et de douceur dans un set mené tambour battant. Joli surprise, pour un groupe « cross-over » au grain cinématique (ou radiophonique plutôt).
Stromae (Hall 9 – 22h35)
Il y a trois ans de cela, Stromae montait sur les planches de l'Air Libre en parfait inconnu. Désormais c'est en terrain conquis que le petit prince bruxellois déboule aux Transmusicales de Rennes. Deux heures avant le concert, le couperet tombe sur les portables : 7000 personnes à embarquer dans le Hall 9 et pas une de plus, gare aux retardataires ! C'est à dire que le résident de 2010 est devenu l'attraction phare de cette édition 2013, lui qui chamboule la variété française comme bon lui semble.
À titre de mise en bouche, l'ambiance musicale est assurée par Les Gordon, à l'électronique doucereuse, avant que Paul et ses musiciens n'entrent sur scène. La variable popularité est une chose, mais avec Stromae on explose les canons de la sociologie musicale traditionnelle. Le bougre impressionne, s'amuse, provoque, se fait humble et garçonne. Passe sur TF1, chez Drucker, De Caunes, vend des disques à la pelle, donne la leçon des choses qui lui sont chères et offre en final des remerciements aussi grandiloquents que sincères. Le public des Transmusicales le sait et accueille le maestro comme il se doit. La setlist puise allègrement dans son dernier album, Racine Carrée. Si le public se déchaîne sur les tubes d'hier et d'aujourd'hui « Alors On Danse » (qu'il détourne musicalement pour l'occasion en y distillant des samples Dance des années 90) , « Papaoutai », « Formidable », Stromae s'en va titiller un peu son public en lui assénant une leçon improvisée sur le thème de « Tous les Mêmes » ou encore lorsqu'il offre une interprétation touchante (et remarquable sur le plan vocal) de « Quand C'est » et « Ave Cesaria ».
Petite forfanterie au passage, nous rappeler qu'avant de monter sur scène, le bonhomme a fait « caca mou » (la confession belge du trac) et dans la foulée saisir « la mitraillette » en entrée aux « Moules frites » du cher Paulo. A noter les costumes de scène (mix improbable entre le pantacourt bavarois et le classicisme victorien du XIXe., complété de l'éternel noeud papillon) et les visuels particulièrement réussis (noir et blanc, dans une ambiance à la Tim Burton, façon Frankenweenie) qui donnent du relief et de la profondeur au concert.
On a particulièrement apprécié le combo « Carmen » et « Humain à l'Eau », brûlots textuels et musicaux qui s'immiscent l'air de rien dans une performance en tout point parfaite. Pour le final, remerciements remarqués sur « Papaoutai », à l'adresse notamment de Jean-Louis Brossard (fondateur et programmateur des Transmusicales depuis 1979) et des équipes de production. Dernière salve, mille « Merci » et le maestro se retire sous les applaudissements nourris du public.
Escort (Hall 9 - 01h05)
La disco est un sport ancien se pratiquant avec des cheveux roses et des jupes fendues. Sur scène, une belle élancée entre Mia et Rihanna, qui a tout compris à la chose, s'échine et tente de piquer un peu au vif le public. Elle use pour cela d'une Funk matinée de Disco séculaire. Quelques éclairs de génie à la manière de Gossip, lorsque la Diva Adeline Michel se met à la basse. Mais entre-deux on se rend compte que la sauce ne prend pas franchement dans le Hall 9. En 30 minutes, 30 mètres parcourues vers l'avant sans donner du coude. Voilà une statistique qui résume à elle-seule la performance de ce collectif, pourtant estampillé « New-York Lab ».
Mozes & The First Born (Hall 3 - 02h00)
Rennes rocke donc-t-elle? Non plus vraiment, car à cette heure-ci elle est un peu éméchée. Mais pourtant voilà que déboule un groupe néerlandais à l'allure juvénile (on croirait croiser The Kinks à leur début) qui réussit l'impossible prouesse de mêler des couplets à la manière du Velvet (écoutez donc « I Got Skills ») avec des refrains Nirvana (écoutez donc « Waiting for Something New »). Comme une sorte de syncrétisme Pop-rock anti-cul-terreux naviguant entre la côte est des U.S.A. et le port de Seattle. Chapeau messieurs les Bataves.
Bon, m'est avis également que le torse-nu du batteur offert à la vue de tous a quelque peu contribué au succès du concert auprès de la gente féminine. Mais bon le rock c'est un peu bestial aussi non ? Conclusion : Rennes rocke toujours !
Melt Yourself Down (Hall 4 – 02h40)
Écouté à la sauvette ce vendredi matin, le sextet Jazz a réveillé les Transmusicales en convoquant le meilleur de l'Afro-beat et de l'esprit Rock. Pas complètement étonnant lorsqu'on connaît le pedigree des petits loups londoniens, signés sur le très chic The Leaf Label. Comme leur compères Polar Bear, on touche ici un jazz expérimental, énergique, quasi tribal en l’occurrence. Le public, un peu décontenancé par endroit, rend la pareille et se meut dans la transe zoulou-rétro du vocaliste Kushal Gaya et les coups de semonce ravageurs des deux saxophonistes Pete Wareham et Shabaka Hutchings qui cimentent, injectent une énergie féroce à la rythmique implacable assurée par le batteur. Chrystal Ark (Hall 9 - 03h20)
Nuée Electro, à la matière expérimentale, peu palpable en approche. Les synthétiseurs agissent comme une mécanique sourde face à un public, quelque peu en déshérence à cette heure avancée de la nuit. Mais force est de constater que le groupe réussit à raviver la morgue des quelques 500/1000 spectateurs dans la salle.
Leur performance s'extirpe malignement des structures de leur très bon dernier album The Chrystal Ark, elles s'allongent, s'étirent pour, en bout de course, s'épanouir (ou s'évanouir pour certains) dans un courant extatique mêlé de musiques de monde. À ce petit jeu, on a beaucoup aimé « We Came To », son phrasé incisif dans un son très Hot Chip.
Public Service Broadcasting (Hall 4 - 04h20)
Antenne émettrice sur scène, téléviseurs imbriqués, le trio londonien la joue un peu « BBC alike ». Mais sa musique n'a pas grand chose à voir avec une quelconque nostalgie d'antan. On aborde ici un Post-rock, planté entre du Yeti Lane et du Microfilm pour la partie française des influences et quelques accents plus rock à la Deus. Le Hall 4 se remplit en quelques minutes et le public, prompt à enfiler le bleu de chauffe, n'a guère à patienter avant de s'enflammer de nouveau.
On attaque d'emblée avec « Spitfire », « Signal 30 » sur un rock tendu, délivré avec puissance. Le Banjo de « Theme From PSB » instille un peu de lenteur et de douceur dans un set mené tambour battant. Joli surprise, pour un groupe « cross-over » au grain cinématique (ou radiophonique plutôt).
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