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"Closer", l'album culte de Joy Division, fête ses quarante ans

Le deuxième album du groupe, sorti en 1980 après la mort du chanteur Ian Curtis, fait l'objet d'une réédition.  

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Peter Hook, ex-membre de Joy Division et de New Order, en concert le 30 octobre 2015 à Manchester (Royaume-Uni) avec son groupe Peter Hook and the Light.  (JONATHAN NICHOLSON / NURPHOTO)

40 ans, toujours culte: la réédition de Closer, de Joy Division, paru en 1980 juste après le suicide de son chanteur Ian Curtis, permet de mesurer l'influence persistante de cette cathédrale sonore gothique.

C'est le second et dernier album du quartet de Manchester. La beauté glacée des morceaux est toujours là. La pochette trône en bonne place sur les étagères des fans de vinyle. C'est une photo de statues funéraires d'un cimetière de Gênes (Italie), choisie avant la disparition du leader du groupe et magnifiée par le design de Peter Saville, gourou des visuels du mythique label Factory.

Sous l'enveloppe cartonnée, le vinyle transparent (Rhino Records/Warner) proposé vendredi 17 juillet pour les 40 ans de l'album devrait ravir les collectionneurs. Les singles hors-album du groupe, Transmission, Atmosphere et Love Will Tear Us Apart sont aussi réédités. Et Transmission est disponible avec une pochette gaufrée.

Histoire d'une fusion artistique

Rembobinage. Le printemps 1980 est celui de tous les possibles pour Joy Division. Closer a été enregistré en mars et une tournée américaine est programmée dès le mois de mai. L'excitation est à son comble chez Factory, label basé à Manchester cornaqué par le fantasque Tony Wilson.

Closer est né au Britannia Row, studio londonien fréquenté par Pink Floyd. Derrière les consoles, on retrouve Martin Hannett, producteur iconoclaste - après des études avortées de chimie - déjà à l'oeuvre sur Unknown Pleasures (premier opus du groupe, datant de 1979). "Il y a une grande proximité intellectuelle et artistique, on peut même dire fusionnelle, entre Martin Hannett et Ian Curtis", dépeint pour l'AFP Pierre-Frédéric Charpentier, auteur de Joy Division, Sessions 1977-1981 (Le Mot Et Le Reste).

"Incroyable modernité"

"Closer, 40 ans après, reste une album d'une incroyable modernité, poursuit le spécialiste. Il y a une telle profondeur de son, comme sur Heart And Soul ou encore ces morceaux hors du temps comme The Eternal ou Decades. Le groupe donne des pistes que d'autres exploreront par la suite".

Les héritiers, revendiqués ou non, sont légion, d'Interpol aux jeunes Anglais de Working Men's Club, qui ne sortiront leur premier album qu'en octobre (chez Pias) et traînent déjà cette encombrante comparaison.

A l'époque, Ian Curtis aime le résultat, mais sa vie se fissure. Les crises d'épilepsie - mal tabou à l'époque, qui le ronge - surviennent en concerts et il a du mal à gérer sa vie privée, entre nouvelle relation et combustion de son mariage. Le 18 mai, il se pend dans sa cuisine, la veille du départ pour les USA. Il avait 23 ans.

"Côté poignant"

"Nous n'avons pas pleuré à ses funérailles, c'est d'abord sorti sous forme de colère. Nous étions absolument dévastés", confie Peter Hook, bassiste, dans La Factory, grandeur et décadence de Factory Records, livre de James Nice (Naïve). Viendra ensuite la culpabilité quand le groupe réalise que les supposées références littéraires des textes de Curtis n'étaient autre que l'expression de son mal-être.

"C'est le côté poignant de Closer, c'est le journal intime d'une dépression", décrypte Pierre-Frédéric Charpentier. "Isolation, le titre le plus dansant, électro-pop, est un des textes les plus sombres qui soit. Et Love Will Tears Us Apart (L'amour nous mettra en pièces) est un texte déchirant sur l'impossibilité du choix amoureux".

A la sortie de Closer, deux mois après la mort de Curtis, le NME, magazine musical britannique de référence, salue "le plus magnifique mémorial qu'un artiste populaire, post-Presley, puisse avoir". Quand la question inévitable se pose, les trois membres restants - Peter Hook, Bernard Sumner et Stephen Morris - décident de continuer la musique. "Je ne pensais pas que nous avions la moindre petite chance d'aboutir à quelque chose sans Ian", rappelle Hook dans La Factory. Place à New Order. La formation connaîtra des hauts - le tube Blue Monday - et des bas entre cycles séparation-réunion et départ de Peter Hook.

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