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Nelson Freire célèbre son Brésil natal

Coup de projecteur sur le disque « Brasileiro » du pianiste Nelson Freire, sorti cet automne, qui s’impose à nous dans la mélancolie de la grisaille hivernale hexagonale. Un peu de la musicalité, du soleil et de la chaleur du Brésil -et ils en ont à revendre à Rio frappée en ce moment par la canicule- concentrés dans un album dédié au compositeur Heitor Villa-Lobos et à plusieurs compatriotes.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Nelson Freire à la "Folle Journée" de Nantes le 3 février 2007
 (Frank Perry / AFP)

Le Brésilien Nelson Freire, 68 ans, est l’un des pianistes classiques les plus réputés au monde. Ex-enfant prodige, connu pour son extrême sensibilité, il excelle dans le répertoire de l’époque romantique (Brahms, Schumann, Chopin…). Il brille tout autant dans l’univers de Claude Debussy, à qui il a consacré un disque en 2009. Au niveau des affinités musicales, il est souvent associé à la pianiste argentine Martha Argerich, sa grande amie depuis un demi-siècle, son « âme sœur », rencontrée lors des années d’études viennoises. Avec elle, il n’a pas manqué de partager la scène et quelques récitals discographiques. Aujourd'hui, le virtuose brésilien partage sa vie entre Rio et Paris.

Nelson Freire avait déjà enregistré des musiques de son compatriote Heitor Villa-Lobos (1887-1959), parfois associées, dans ses disques, à des œuvres européennes. Il lui a également consacré tout un album en 2005 (« Villa-Lobos : Piano works », sur le label Apex). Cette fois, le pianiste s’offre un grand « voyage sentimental » -comme on peut le lire dans le livret du CD- dans son Brésil natal. L’album « Brasileiro » (« Brésilien », chez Decca, son label de prédilection depuis une bonne dizaine d'années) comprend des œuvres écrites par Villa-Lobos entre 1919 et 1940, et survole trois générations de musiciens brésiliens, les partitions couvrant une période allant de 1890 à l’après Seconde Guerre mondiale. L’occasion de rappeler que le Brésil s’est brillamment illustré, au XXe siècle, par ses écoles de piano, à Rio de Janeiro et São Paulo. Guiomar Novaes (1896-1979) en fut la plus illustre représentante.

De Villa-Lobos, Nelson Freire a choisi pour ce disque, entre autres oeuvres, le cycle de huit pièces « Carnaval das Crianças » (Carnaval des enfants, 1919-1920), échos des carnavals de Rio de son enfance, le Choro n°5 « Alma brasileira » (âme brésilienne), l’un des 14 choros (genres de « sérénades », initialement instrumentales, en vogue à Rio) qu’il composa dans les années 20, ou encore un très beau « New York Skyline », composé en 1940 en s'inspirant d'une photo des immeubles de Manhattan.
Album sorti le 24 septembre 2012
 (Decca / Universal)
Outre Villa-Lobos, Freire rend hommage à sept autres compositeurs de son pays : Camarguo Guarnieri (1907-1993), Henrique Oswald (1852-1931), Alexandre Levy (1864-1892), Joaquim Antônio Barrozo Netto (1881-1941), Oscar Lorenzo Fernández (1897-1948), Claudio Santoro (1919-1989), Francisco Mignone (1897-1986). Un voyage foisonnant et captivant dans des œuvres empreintes d’influences musicales, rurales (celles du fameux sertão), ou afro-brésiliennes pour la somptueuse « Dança Negra » (1946) de Guarnieri ou le « Tango Brasileiro » (1890) de Levy, un incontournable du répertoire pianistique brésilien. Autant d’œuvres servies par le jeu coloré, chaud, étourdissant de Nelson Freire. Dans le livret de « Brasileiro », on peut lire ce que Tom Jobim, le grand compositeur de la Bossa nova, pensait du pianiste qui était son cadet de 17 ans : « Nelson Freire est l’une de ces comètes que l’on voit passer une fois par siècle. »

Nelson Freire en concert
- Mercredi 3 avril 2013 à Paris, salle Pleyel (programme Mozart, Brahms, Scriabine, Rachmaninov, Chopin)
- Mardi 9 avril 2013 à Toulouse, à la Halle aux Grains

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