Les "Vêpres" de Monteverdi sur Culturebox : une expérience rare en son 3D !
C’est un concert exceptionnel à plus d’un titre : il y cinquante ans, en 1964, John Eliot Gardiner fondait le Monteverdi Choir pour interpréter les « Vêpres Solennelles de la Vierge » de compositeur italien. C’est avec ce même ensemble, avec les English Baroque Soloist et le chœur d’enfants de la Maîtrise du Centre de musique baroque de Versailles, que cette œuvre majeure du répertoire baroque est présentée par le chef britannique (devenu depuis l’un des plus réputés dans ce répertoire) à la Chapelle Royale de Versailles.
La captation du concert est également exceptionnelle. En première mondiale, la réalisation est faite en ultra haute définition et est associée à un dispositif de prise de son binaural.
Eclairage, avec Stéphan Aubé.
Stéphan Aubé est le responsable de la captation des « Vêpres Solennelles de la Vierge » à la Chapelle Royale de Versailles. Installé à Berlin, il est à la fois pianiste et réalisateur pour la musique classique (il travaille notamment pour le Berliner Philharmoniker).
Quelle est l’importance historique des « Vêpres Solennelles de la Vierge » ?
Avec cette œuvre de 1610, Monteverdi abandonne le style « antico » pour le style « nuovo », il introduit donc une forme moderne, originale d’écriture, on est presque dans l’opéra (qui encore n’existe pas !). C’est une des premières œuvres à mélanger des textes sacrés (les psaumes) et de la musique profane. Cela se traduit, musicalement, par une alternance de « grands tutti » (grand chœur et orchestre, pour les psaumes) et des parties solistes, qui vont en crescendo (le nombre de solistes augmentant à chaque nouvelle alternance, le volume sonore aussi), pour finir sur un grand magnificat.
On parle aussi de spatialisation sonore…
Oui, il y a, dans les parties solistes, des phénomènes d’échos entre les interprètes se répondant depuis la tribune royale et d’autres endroits éloignés de la chapelle. En plus des solistes, un instrument, un cornet (trompette baroque), caché derrière le grand chœur, fera aussi une réponse en écho. Deux chapelles dites de la Vierge (au niveau de l'orchestre, ainsi qu'à l'étage) seront utilisées pour faire entendre un baryton en écho ou bien un quatuor de flûtes anciennes, créant ainsi une impression de distance.
La captation sonore du concert offre la possibilité de rendre compte de cette spatialisation…
Oui, grâce à un dispositif très particulier. Thomas Dapello (ingénieur du son) et son équipe ont positionné des micros un peu partout dans la chapelle, mais également sur quelques unes de nos 8 caméras, ainsi qu'une forme de tête munie de micros, installée dans la salle !
Durant mon travail de préparation sur la partition, j'ai pensé tout le découpage et les mouvements de caméras en fonction de la prise de son binaurale, permettant ainsi des effets de mixage totalement en adéquation avec l'impression de son 3D.
Le choix et le positionnement des caméras a également été pensé, en collaboration avec mon directeur de la photographie Daniel Meyer, pour permettre ces effets, tout en créant à la fois une immersion dans l'orchestre et une magnificence du lieu.
L'utilisation d'une grue sur rail, ainsi que deux towercam (caméra sur travelling vertical) nous ont permis de jouer sur les différents niveaux de la Chapelle et offrir au téléspectateur des points de vue tout à fait inédits.
Pourquoi la Chapelle Royale de Versailles ?
Deux raisons, pour Laurent Brunner, à la tête de Château de Versailles Spectacles :
« La première est esthétique : c’est une chance d’avoir une œuvre si belle présentée dans un cadre si beau, et surtout à l’acoustique longue, pour laquelle est écrite la partition. Cette chapelle offre en effet une harmonie et de la persistance sonore. Ce cadre, que le public associe souvent à l’acoustique sacrée, est approprié ».
Une « chapelle palatiale »
« La seconde raison est historique. L’architecture de la Chapelle royale est un exemple rare de chapelle « palatiale », composée de trois ensembles : d’un côté l’autel, avec au-dessus, la tribune des chanteurs et des musiciens autour de l’orgue ; du côté opposé, leur faisant face, le balcon du roi ; et entre les deux, la nef où est installé le public. Une architecture qui offre une spatialisation très forte, dont certains éléments sont très proches des « cori spezzati » de l’époque de Monteverdi, à Mantoue et à Venise ; des « chœurs divisés », caractérisés par la multiplication des lieux du son ».
Dimanche 9 mars à 18h à la Chapelle Royale de Versailles et en direct sur Culturebox.
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