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Folle Journée 2013 : coups de coeur de festivaliers

Notre blogueur mélomane Bertrand Renard, rodant à tous les étages de la Cité des Congrès de Nantes, a effectué un petit sondage auprès des visiteurs, qu'ils soient habitués ou néophytes, de la Folle Journée... Objectif : avoir un aperçu des oeuvres et artistes qui avaient marqué les esprits. Propos recueillis sur 4 jours.
Article rédigé par franceinfo - Bertrand Renard
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 13min
Les festivaliers à la Folle Journée
Réponses de "FolleJourneux" à la question « Une œuvre ou un interprète qui vous a marqué ? »

-Yuri Favorin ou Alexeï Petrov dans Debussy. Hervé Billaut dans Debussy, Fauré, Albeniz. J’aime surtout le piano. Je viens pour la première fois car… je suis à la retraite ! (Jean-Jacques, de Douai)

- Mathilde Mosnier dans le « Concerto pour flûte » de Jacques Ibert. Elle m’a touchée (Jocelyne, de Rennes)

- La symphonie cévenole de Vincent d’Indy avec son air de flûte comme si on était au bord d’un ruisseau. Je ne connaissais même pas ce d’Indy. Ou Romain Guyot dans la sonate pour clarinette de Poulenc. Ou Boris Berezovsky dans les « Nuits dans les jardins d’Espagne » de Falla. Zut, il y en a tellement ! (Claire, nantaise, nièce de Jocelyne)

- Des jeunes femmes noires new-yorkaises, les Imani Winds, évidemment joueuses de flûte, hautbois, etc. Très belles, très talentueuses  (Jean-Marie)

-Ravel, Tzigane, La Valse. Avec un  chef (Fayçal Karoui) très bienveillant avec son public, très accessible. Pour quelqu’un comme moi pas très connaisseuse, ça donne envie de revenir (Elodie)

- Les « Gymnopédies » de Satie orchestrées par Debussy. On les connait surtout au piano. Et l’ «Apprenti sorcier », bien sûr. J’écoutais « Fantasia » quand j’étais petite (Emilie, amie d’Elodie)

- Elles ont entendu La Valse de Ravel. Et puis (Michel, le grand-père, répond pour Zoé et Jane, ses petites-filles de 13 ans. Jane : « tu sais ça faisait la la la ») ah ! oui, le concerto pour piano. Jane fait du piano (Zoé a l’air terrorisée)

- Juan Manuel Canizares, le guitariste flamenco. J’en suis à mon 5e concert de guitare, je ne vais voir que ça. Je fais de la guitare (Cécile, 16-17 ans) Le concerto d’Aranjuez par Canizares car  ce n’était pas classique-classique. Et moi, j’ai trouvé Emmanuel Rossfelder excellent. En plus il nous raconte des anecdotes, blague, explique les morceaux.  Il s’adresse à nous (Philippe, le papa)
Juan Manuel Canizares
 (Amancio Guillén)
- Les nocturnes de Fauré par Jean-Claude Pennetier. J’adore ce pianiste. Je vais voir beaucoup de piano. Ah ! oui, une conférence Mallarmé-Debussy-Degas avec des morceaux de Debussy inspirés par l’Extrême-Orient (Florence, Nantaise, vient depuis 18 ans, même quand elle était à Rennes. Et tout autant maintenant qu’elle est à Paris !)

- L’orchestre de Lyon dans Ravel, les grandes œuvres, Daphnis et Chloé, la Rapsodie espagnole, la Pavane pour une infante défunte l’Alborado… non, l’Alborada del Gracioso ! Et pas le Boléro !
(Françoise, Danielle, Anne-Marie : la Nantaise accueille ses amies, la Tourangelle et la Parisienne)

- Les Cherry Boys. Ce sont des musiciens nantais qui jouent du jazz des années 20. Ils nous ont dit : « Vous n’allez pas entendre les musiciens de cette époque mais ce qu’entendaient les musiciens de cette époque » (Agathe, étudiant, travaille au contrôle des billets des Folles Journées et en profite pour aller à certains concerts)

- Le magnifique chœur toulousain « Les éléments » dans de magnifiques œuvres de Poulenc. J’adore Poulenc (Daniel). Moi je suis allée à 9 heures écouter Roberto Aussel parce que j’adore la guitare. 9 heures ? Ca ne me gène absolument pas (Marie, femme de Daniel) J’aime la guitare et le piano, il aime les chœurs, on va chacun de notre côté et puis on se retrouve… tiens, pour les orchestres !

(Propos Nantais du 3 février 2013)

- La  « Petite suite » d’Albert Roussel. Pour la découverte. On ne se prétend pas mélomane mais on a toujours voulu développer chez nos enfants l’intérêt pour la musique. Résultat : notre fille est organiste titulaire vers chez nous (Boulogne-sur-Mer) et le petit-fils, 14 ans,  va passer le concours de trompette pour entrer au conservatoire de Douai ! (Elisabeth et Serge)

- Le flamenco. Hier soir il y avait une ambiance du tonnerre. Je regrette qu’il n’y en ait pas plus. J’adore le flamenco, le rock, le jazz. Bon, le classique c’est une fois l’an, aux Folles Journées. En tant que nantais, je ne vais pas passer à côté de ça (Philippe, la cinquantaine)
Canizares Flamenco Sextet (de Juan Manuel Canizares, compagnon de Paco de Lucia)
 (DR)
- Philippe Pierlot dans Rameau et Couperin. On ne va pas écouter les œuvres principales, on se laisse porter vers les chemins de traverse (Marie-Odile et Xavier)

- Le récital Debussy de Claire Désert. C’est une belle personne. Et un prélude, « Bruyères», que je ne connaissais pas (Joaquim, en cycle de perfectionnement de piano à Strasbourg) Maintenant, je l’accompagne. (Sourire) On ne peut pas dire qu’au Ghana il y ait une tradition de musique classique… Mais une fois qu’on la découvre, c’est une musique comme les autres. C’est de la musique ! (Moussa, son père, d’origine ghanéenne)

- Ce n’est pas original mais le « Boléro » depuis toute petite. Le chef (Fayçal Karoui) était incroyablement dansant, il y eu un bis (« La vie parisienne » d’Offenbach), le public tapait dans ses mains. On a envie de participer à ce genre de fête (Nathalie, la trentaine)
Le chef Fayçal Karoui
 (DR)
- Espana  de Chabrier par les sœurs Bizjak. Elles ont la beauté, la complicité, le tempérament. Avec un côté « Ah ! tu m’as joué ça comme ça, tu vas voir ce que je vais te répondre » (Chantal et Maurice, seniors nantais)

- L’heure espagnole de Ravel. Un peu surprenant. On y a été au pif. Mais justement, aux Folles journées, on va à des trucs auxquels on n’aurait jamais osé aller et c’est ce plaisir-là qui emporte tout (Marie et Jocelyn)

- (Double regard : « Vous osez nous le demander ? ») Notre cher Boris Berezovsky bien sûr. Dans le « Concerto pour la main gauche » de Ravel (Jacqueline et Jeannine, amies grenobloises. Le musée de Grenoble a une section de musique qui organise des voyages aux Folles Journées auxquels elles s’inscrivent depuis plusieurs années)

- David Grimal. Cela fait deux ou trois ans qu’il n’était pas  venu. Merveilleux violoniste. Et Shani Diluka, la pianiste, elle joue très bien, elle est humble, sympathique. J’aime suivre des artistes, les voir grandir, évoluer. Ils sont fidèles à Nantes et comme je suis une nantaise fidèle… (Marie-Pierre)

- Le quatuor de Debussy par le Cuarteto Arriaga. Très expressif. L’oeuvre est super, eux-mêmes étaient intenses, les climats changeaient, euh… ah ! c’est dur de bien parler de la musique.  C’était la passion de mon père, son métier était programmateur, il m’a transmis au moins sa curiosité (Elise, étudiante)

- Pavane pour une infante défunte de Ravel par des Japonais (l’orchestre de Yokohama). C’est un mystère pour moi qu’une culture aussi différente de la nôtre se moule avec ce talent-là dans le génie français (Marie-Françoise)

- Patricia Kopachinskaïa dans Tzigane de Ravel. Elle nous a donné la chair de poule. Elle vit son interprétation, son corps dégage la musique (Cécile et Benoît, étudiants « exilés » à Lorient et Saint-Brieuc. Ils reviennent à Nantes le week-end des Folles Journées)

(Propos Nantais du 2 février)

- « Dionysiaques » de Florent Schmitt. Au disque on avait trouvé ça rébarbatif. Et à les voir jouer (la musique de l’Air), on a vu la difficulté. Il y avait de l’humour, on se sentait bien avec cette œuvre-là. (Marie-Christine et Dominique. Marie-Christine a offert à son frère, Dominique, les « Folles Journées » « pour son Noël et son anniversaire »)

- « Babar » de Poulenc et la « Petite Suite » de Debussy. Maman a beaucoup aimé, alors on retourne à un autre concert. Tant pis, mes grands ados resteront seuls à l’heure du goûter. On n’a qu’une vie (Rire) (Marie-Odile, la cinquantaine, et sa maman Jeannine)

- Le Requiem de Fauré, extraordinaire, par Michel Corboz, avec son enthousiasme qui nous soulève tous les ans (Huguette et Jean, Nantais « qui viennent depuis le début »)

- « La Mer » de Debussy, je ne m’en lasse pas. La beauté, la poésie. Je viens de Grenoble, avec ma femme, trois ou quatre jours, tous les ans (Jean-Claude, grand mélomane)

- Eclats de voix. C’est un groupe que je ne connaissais pas, j’ai aimé le « Cantique de Jean Racine » de Fauré. Un monsieur m’a proposé une place, je l’ai achetée. On découvre toujours ici des choses nouvelles. (Joëlle, Nantaise)

-  Voces 8, de jeunes Anglais… très anglais. Et des voix magnifiques. Dans le répertoire français, ils nous ont chanté aussi bien Poulenc… que Piaf. (Jacques)

-  Mes « vieux » préférés, ceux du Trio Pasquier, cette année dans les trios de Fauré et de Ravel. Je ne me regarde pas comme une grande mélomane mais j’ai la curiosité de confronter des interprétations, percevoir des choses différentes. Et, bien sûr, j’aime découvrir des compositeurs. Je viens chaque année de l’Ariège avec une amie. (Karen, jolie blonde)

- La Symphonie de Bizet. Pas du tout le Bizet habituel. C’est une œuvre de jeunesse,  très tendre et poétique. Le chef, Kazuki Yamada, et ses musiciens japonais, étaient super. (Catherine et Jean-Luc)

- Le 1er Quatuor à cordes de Saint-Saëns. Je ne pouvais pas croire que c’était du Saint-Saëns, c’était presque expérimental… (Catherine, parisienne)

(Propos Nantais du 31 janvier 2013)

Paroles de « Follejourneux » suite

- « L’histoire de Babar » avec la musique de Poulenc, c’est charmant. Il y avait plein d’enfants très agités, le récitant (François Castang) a commencé l’histoire, ils se sont tous tus. (Claudy)

-  Et la « Danse macabre » de Saint-Saëns, un tube mais quand on le voit avec 80 musiciens, 30 instruments à vents, c’est puissant, extraordinaire (Jean-Claude. Claudy et lui, de la famille à Nantes, vivent au Maroc et reviennent tous les ans pour la Folle Journée)

- Le Quatuor Modigliani, je voulais les entendre. Mais ils jouaient Debussy et Ravel, je n’aime pas beaucoup. Je préfère Mozart ! (Hélène)
Le Quatuor Modigliani lors des 19es Victoires de la musique classique 2012, à Paris (20/02/2012)
 (Edmond Sadaka / Sipa)
- Vox Clamantis (remarquable chœur estonien) dans Poulenc. J’adore Poulenc, les chœurs de Poulenc. Je fais partie d’une chorale, on chante du Poulenc… et je retourne maintenant écouter des chœurs de Poulenc (Stephan, belge flamand, en France depuis 20 ans)

- Le  3e concerto pour violon de Saint-Saëns. C’est très virtuose et très musical. Et la violoniste (la Japonaise Kyoko Takezawa) est formidable (Nolwenn et Vincent, étudiants)

- « L’Apprenti sorcier ». Je l’ai découvert avec Mickey (dans « Fantasia ») mais j’adore toujours autant, même sans Mickey (Marlyse, parisienne rieuse, 25 ans)

- « Les chants lyriques » de Fauré par Véronique Gens. J’adore Fauré (Clémence) -  Et l’« Invitation au voyage de Duparc », superbe mélodie (Aymeric) – Il y avait des mélodies de Reynaldo Hahn aussi. C’était léger, sympa (Clémence) – Avec un accompagnement de piano formidable. Je suis plus piano (Aymeric)  - Concert magnifique (les deux ensemble)

- « Le Boléro ». On adore la musique répétitive. On pourrait écouter un Boléro perpétuel ! En plus le chef (le russe Dimitri Liss) faisait une vraie chorégraphie (Monique et Marcel, seniors)

- Abdel Rahman El Bacha dans le Concerto en sol de Ravel. Ce concerto, quand j’ai le blues, je l’écoute en boucle, surtout le sublime mouvement lent. El Bacha a une élégance naturelle, c’était inattendu, j’ai tendu l’oreille (Claude, Bretonne du Morbihan)

(Propos Nantais du 30 janvier 2013)

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