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"Festival Paris Mezzo" dès le 1er juin : le classique fait son show

Pourquoi un festival de musique classique à Paris, dont l’offre à l’année est déjà pléthorique ? Parce que « Paris Mezzo » (1er-24 juin 2016), qui en est déjà à sa deuxième édition, voudrait être un festival grand public : une programmation exigeante, des stars internationales, dans de très belles salles, mais à des prix low cost. « Haut de gamme et populaire », dit le slogan. Utopique ?
Article rédigé par Lorenzo Ciavarini Azzi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Nemanja Radulovic est l'une des stars invitées à Paris Mezzo.
 (BEBERT BRUNO/SIPA)

Excepté « Classique au vert », qui a lieu tous les étés au Parc Floral de Vincennes, ainsi que le Festival de Saint-Denis, entre mai et juin, Paris ne proposait pas jusqu’à l’année dernière de véritable festival de musique classique. Et pour cause, l’offre est suffisamment riche et variée à tout moment et dans les tous lieux de la capitale. Mais « Paris Mezzo », imaginé par Michèle Reiser - et appelé ainsi en lien avec la chaîne qui diffuse les concerts – a réussi à s’imposer en 2015 avec l’ambition d’associer Paris à un festival grand public. Certes, ne sont pas visés que les Parisiens, mais aussi les touristes, français et étrangers, comme dans tout festival, et tant mieux. Reste que la manifestation participe de cet effort de décloisonnement du monde du classique dont la musique a largement besoin, à l’image de ce que fait, à l’année et à une toute autre échelle évidemment, la Philharmonie.

Tout à la fois haut de gamme et populaire

Du 1er au 24 juin, quatre lieux historiques et emblématiques sont mis à contribution : le très prestigieux (et généralement très cher) Théâtre des Champs-Elysées et la singulière (et également très cotée) Salle Gaveau, côté traditionnel. Plus rarement proposés aux concerts classiques : la Sainte Chapelle et surtout le théâtre des Folies Bergère, d’ailleurs conçu à l’origine comme maison d’opéra (ce qu’il ne devint jamais), mais plutôt familier aujourd’hui aux amateurs de musiques actuelles.

L’offre de prix est alléchante : 80 euros pour le pass de 4 concerts, de 10 à 45 euros la place en moyenne (mais plus au Théâtre des Champs-Elysées en carré or), on est bien en dessous des tarifs pratiqués. Ensuite, pour rendre attrayant le festival au public peu coutumier du classique, les organisateurs n’ont pas envisagé une programmation « allégée », mais des astuces pour faciliter la rencontre musicale : aussi par exemple l’année dernière, Jean Rondeau avait choisi de placer son clavecin au centre de l’église de Saint-Germain-des-Prés (et pas près de l’autel), créant ainsi une vraie communion avec les spectateurs. Ça n’a l’air de rien… Il est à parier que les artistes invités cette année, assureront le show. Et en premier lieu la star franco-serbe Nemaja Radulovic, violoniste au look de hard-rockeur et au jeu pour le moins flamboyant.

Nemaja Radulovic en vedette, Beatrice Rana et Avi Avital en découverte

En cette année qui a été particulièrement éprouvante pour Paris, la présence de Radulovic, enfant de la guerre dans les Balkans, est presque un symbole.
Au programme de son concert, où il est accompagné de la pianiste Laure Favre-Kahn et de son ensemble « Double sens », des pièces de Bach (en anticipation de son prochain disque), mais aussi des œuvres issues de ses précédents « Carnets de voyage » en pays slave et d’Europe centrale : Khachaturian, Dvorak, Brahms, Chostakovitch, et des mélodies traditionnelles. Ambiance assurée.
Autres grandes pointures internationales du festival : la soprano albanaise mais à la carrière italienne et très internationale Ermonela Jaho, et le ténor américain Charles Castronovo qui partageront la scène du Théâtre des Champs Elysées avec de grands duos du répertoire italien (Puccini, Mascagni) ou français (Massenet).

Comme lors de la première édition du festival, les surprises pourraient venir aussi de sa section « découvertes ». En 2015, le festival présentait le claveciniste Jean Rondeau et la soprano Sabine Devieilhe, figures aujourd’hui incontournables de la scène musicale française. En 2016, c’est au tour de Beatrice Rana, pianiste italienne de 23 ans mais déjà très aguerrie, parrainée par Martha Argerich et Anthony Pappano, qui partagera la scène avec le violoncelliste français Yan Levionnois, du même âge et tout aussi prometteur. Ils joueront la fameuse « Sonate Arpeggione » de Schubert, puis en version quintette avec d’autres jeunes artistes, le « Concerto n° 1 » de Chopin.
Jeune talent à découvrir également, le mandoliniste israélien Avi Avital, déjà très apprécié dans son pays mais aussi en Allemagne et aux Etats-Unis. Avital propose une soirée baroque le 20 juin Salle Gaveau, avec la soprano Camille Poul. Il jouera une perle de la tradition vénitienne, « La biondina in gondoleta » (la petite blonde dans sa gondole), puis un programme Vivaldi (avec l’Academy of Ancient Music). En clôture du festival, le 24 juin dans l’extraordinaire écrin de la Sainte Chapelle le chœur anglais Tenebrae, interprètera des airs de Purcell, Tavener, Allegri…

Festival Paris-Mezzo
De 1er au 24 juin 2016

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