CD : Haydn l'espiègle ravit le Quatuor Modigliani
Un quatuor à cordes, c’est un subtil jeu d’équilibre. Chaque rôle y est réglé au millimètre : au premier violon la mélodie, au violoncelle l’harmonie, et au second violon et à l’alto le soin de relier l’aigu à la voix de basse – on appelle cela le moteur. C’est dire si l’entente est indispensable, musicale autant qu’humaine. Plus de dix ans que ça dure chez le Quatuor Modigliani, look jeune mais maturité d’anciens ; « il y a chez nous beaucoup de temps passé ensemble, comme une fratrie, et des goûts partagés », disent à l’unisson ces amis du Conservatoire, promotion 2003.
Signature sonore
Et surtout une ambition commune, celle « d’avoir une signature sonore et une esthétique personnelles, reconnaissables et inchangées », à l’image du style d'Amedeo Modigliani. D’où leur nom, réel hommage au peintre, première référence citée.
Moderne, Haydn ?
« Notre choix se fait aussi sur une période, la toute fin du XVIIIe, qui annonce les quatuors de Beethoven », expliquent les Modigliani : « C’est un moment clé, de transition vers la modernité. » L’écriture évolue, les instruments aussi : violons et archers acquièrent à leur tour, peu à peu, leur forme définitive. Et le cadre de création se transforme : quand le quatuor n°50 est encore destiné à être joué en salon, les 76 et 77 sont faits pour de véritables salles de concerts, de plusieurs centaines de personnes. La projection sonore y est différente. « Mais, au-delà du contexte de création des œuvres, la modernité de Haydn est différente de celle d’un Mozart (liée à l’universalité de son langage sentimental) ou d’un Beethoven (moderne parce qu’il brise les règles), ajoute Philippe Berhard, l’un des Modigliani : « Elle tient à l’aptitude de ce répertoire à traverser les siècles sans vieillir, sans rien perdre de leur dimension humaine. »
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