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Casadesus : "Dutilleux laisse une oeuvre presque parfaite"

Jean-Claude Casadesus, directeur et chef de l'Orchestre National de Lille connaissait bien Henri Dutilleux. L'homme, le compositeur était son ami.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Jean-Claude Casadesus : "La France perd l'un de ses plus grands compositeurs"
 (VLADIMIR VYATKIN / RIA NOVOSTI)
Jean-Claude Casadesus : "Ma première réaction c'est la tristesse et l'émotion. Nous étions très liés. Ces derniers jours, j'avais projeté d'aller lui rendre visite. Je le connaissais depuis 60 ans et nous avons beaucoup collaboré : c'est avec sa "Première Symphonie" que l'orchestre a fait son premier disque en 1977, qui nous a d'ailleurs valu le Grand prix de l'Académie du disque. Cette symphonie a été récemment  rééditée par EMI dans un coffret qui lui rend hommage. Je suis heureux que ce coffret soit sorti avant sa mort.
 
"L'orchestre a deux parrains, Henri Dutilleux et Rostropovitch, qui a joué dans mon premier concert. Avec sa mort, la France perd un de ses plus grands compositeurs, admiré dans le monde entier. J'ai beaucoup joué son œuvre et il venait à tous les concerts sauf depuis deux trois ans, il ne se déplaçait plus facilement, mais jusqu'à la fin il avait toute sa tête. Henri était aussi un merveilleux conseiller pour les jeunes compositeurs. Il a notamment été un bon conseiller pour mon frère, Dominique Probst."

Une œuvre impressionniste
 
"Avec "Métaboles" il est entré au Panthéon des grands compositeurs. Je me souviens l'avoir entendu à sa création en 1965, au Théâtre des Champs Elysées, sous la direction de George Szell, qui dirigeait l'orchestre de Cleveland."

"Il laisse une œuvre de couleurs, d'atmosphère, avec une structure extrêmement maîtrisée, une œuvre impressionniste. Il est l'héritier de Ravel, Debussy et Roussel. Il avait un sens très pointilleux du geste musical exact. Il a peu écrit mais laisse une œuvre à la limite de la perfection, qui est aussi le reflet de son exigence. Il assistait aux créations, surveillait son oeuvre de près."

"Quand on avait enregistré la Première Symphonie, il n'avait pas pu être là, et il était inquiet et méfiant. Quand je lui ai fait écouter, j'ai vu au fur et à mesure qu'il se détendait. Par moments, il disait "Ah, pas mal!". A la fin de l'écoute il était ravi. J'étais très heureux."
"Il y avait une promesse entre nous. Il voulait m'écrire quelques minutes de musique, qui auraient été un peu l'oriflamme emblématique de l'orchestre. Mais il avait beaucoup de commandes, de travail. Alors chaque fois que l'on se voyait, il me disait, navré, "je vais le faire, je vais le faire". Mais il n'a pas eu le temps. Ca restera à jamais un souhait, un désir."

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