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Trois questions au guitariste Joël Favreau qui publie "Quelques notes avec Brassens"

Le musicien Joël Favreau publie aux Editions de l'Archipel un livre de souvenirs intitulé "Quelques notes avec Brassens". Ce guitariste a eu la chance de côtoyer le poète sétois disparu en 1980, et de l'accompagner (jamais sur scène cependant). Ses mémoires permettent aussi de croiser quelques autres belles personnalités comme Georges Moustaki, Maxime Le Forestier et Yves Duteil.
Article rédigé par franceinfo
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Joël Favreau et Georges Brassens en 1979
 (Editions de l'Archipel)

"C'est qui le frisé à lunettes, à côté de Brassens ?" Ce guitariste qui savait si discrètement et efficacement accompagner le grand Georges à la télé ou sur les enregistrements s'appelle Joël Favreau. Quant au contrebassiste indissociable de Brassens, sur scène comme partout, c'était Pierre Nicolas. Pas du tout frisé celui-là.

Joël Favreau et Georges Brassens chez Brassens
 (DR Editions de l'Archipel)

Lui-même auteur-compositeur et interprète, Favreau est surtout connu pour avoir accompagné l'auteur du "Gorille" et pour continuer de faire vivre son répertoire, depuis la disparition du maître en 1980. Non seulement Favreau donne des concerts de reprises de Brassens en plus des galas à base de ses propres chansons, mais il travaille aussi dans les établissements scolaires, contribuant ainsi à faire connaître le poète chanteur aux plus jeunes.

Comme nombre de mémoires, le livre s'ouvre sur la période d'avant la rencontre avec le vrai héros de l'ouvrage. Pourtant Brassens n'en était pas absent. Ses chansons ont bercé l'adolescence du guitariste. À travers sa propre histoire, Joël Favreau nous permet d'approcher sa figure tutélaire. Il nous emmène aussi auprès de Georges Moustaki ou d'Yves Duteil qu'il a accompagné pendant une quinzaine d'années. Maxime Le Forestier, qui a écrit la préface, rôde aussi dans ces pages où l'on croise également Cavanna, Alain Souchon ou Manu Dibango, Gotlib et... Coluche.

 
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On vous présente toujours comme le guitariste de Georges Brassens, mais on ne peut pas vous réduire à ça, quand même ?

C'est une réduction qui est assez douce parce qu'il y a plus honteux comme association, disons. C'est vrai que c'est comme ça qu'on m'a le plus vu. Pendant tout le temps que j'étais avec lui, finalement, je ne m'occupais pas beaucoup de mes propres chansons et je dois dire que j'étais assez heureux d'occuper cette place. Je raconte dans le bouquin qu'il avait envisagé de me prendre sur scène avec lui, mais il a renoncé et il a bien fait parce qu'il avait un rapport avec le public qui était très direct. Pierre Nicolas (le contrebassiste de Brassens, NDLR) était un peu dans la pénombre derrière, il avait un rôle de soutien assez discret et Brassens n'allait le voir qu'entre les chansons. Il n'avait pas de complicité à avoir, la complicité qu'il avait, c'était avec le public. 

Sur scène, ils n'étaient que tous les deux, il n'y a jamais eu de deuxième guitare de scène. Il rajoutait une deuxième guitare dans les disques. D’instinct, il avait trouvé que le disque était toujours moins vivant qu'un spectacle, il n'y avait pas sa présence, alors il compensait par un peu plus de musique. J'avais carte blanche. Dans les chansons de Brassens, il y a des ritournelles qui sont un peu obligées parce qu'elles font partie de la chanson. Je sais que quand j'étais tout gamin, on marchait en chantant du Brassens, quand on crapahutait en bande avec les copains, et quand on chantait "Je me suis fait tout petit", on chantait la ritournelle, ça fait évidemment partie de la chanson. Même si on chantait sans guitare et tout ça, même juste en marchant.

 

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Que répondez-vous à ceux qui, connaissant mal Brassens, affirment "Brassens, c'est toujours pareil" ?

Il reste encore des gens comme ça, mais je pense que ça commence à être sérieusement battu en brèche... Comme disait René Fallet (écrivain et ami de Brassens, NDLR) : "Il y en a qui ont des oreilles de lavabo"... Il y avait quelques schémas rythmiques et les orchestrations étaient réduites au minimum. C'était absolument volontaire de sa part et ça lui correspondait très bien.
 

 

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Brassens est mort depuis 38 ans, avez-vous l'impression que la jeune génération le connaît encore ?

Pour moi, il y a deux cas de figure principaux. Il y a ceux dont les parents ont aimé Brassens, et ils les ont initiés, et les autres qui le découvrent par eux-mêmes. Alors ils aiment ou ils n'aiment pas... 

Pour approcher Brassens, il faut avoir une démarche, il faut faire attention quoi, ce n'est pas de la musique de fond. Enfin... ça peut l'être, parce que ça n'est pas désagréable, finalement, mais pour découvrir "la nourriture" qu'il y a dedans, il faut s'y intéresser d'un peu plus près. Et plus on s'y intéresse de près et plus on y découvre des choses, et quand on y revient, on découvre d'autres choses et quand on y revient encore, encore d'autres choses... C'est sans fin, ça. Moi, je fais encore des découvertes. Moi, je fais ça un peu en animation scolaire et je vois souvent qu'il y a des découvertes parce qu'à l'école on leur apprend "Le petit cheval", "La cane de Jeanne" et puis "L'Auvergnat". Alors évidemment "L'Auvergnat, quand tu mourras...", "Le petit cheval" est mort, "La cane de Jeanne" est morte... ce n'est pas très encourageant (rires...). J'ai entendu Maxime Le Forestier dire : "C'est toujours quelqu'un qui vous amène vers Brassens." Je ne sais pas si c'est une vérité absolue mais ça me parle. 

Couverture du livre de Joël Favreau
 (Editions de l'Archipel)

 

Quelques notes avec Brassens

Autobiographie de Joël Favreau
200 pages
Editions L'Archipel
18 euros

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