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Stephan Eicher, musicien-magicien entouré d'automates

Grand chef d'un orchestre d'automates virtuoses, Stephan Eicher a entamé mardi soir une série de concerts au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris et dévoilé de nouveaux titres écrits par son ami, l'écrivain Philippe Djian.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Stephan Eicher sur la scène des Bouffes du Nord le 17 février 2015
 (Jacques Demarthon / AFP)

En avril 2014, le chanteur à l'accent suisse, à l'allure de d'Artagnan, oeil noir et chevelure grisonnante, a eu l'idée de "faire un truc solo" en visionnant un documentaire intitulé "The Sound of Belgium". Cette musique électronique populaire et désormais mondiale, "est en réalité née en Belgique", a-t-il déclaré à l'AFP, au lendemain de la première de ses concerts parisiens.

Une scène du documentaire filmée dans une usine d'orgues automatisés à Anvers, a éveillé sa curiosité. Il s'y est rendu "avec (ses) idées, tournées vers le futur". Il n'était pas question de reproduire des instruments tels que des orgues de barbarie qui inspirent trop la mélancolie. "Ensuite, c'est avec un ami qui a une double carrière de musicien et de magicien que j'ai eu mes premiers échanges, que les premiers concepts ont été créés, poursuit-il, je voulais que le concert fonctionne comme un numéro de magie."

De fait, c'est un illusionniste qui, mardi soir, a animé toute la scénographie sonore et lumineuse en dirigeant tout un orchestre de musiciens automates formé d'un xylophone, un jeu de cloches, une batterie, un orgue de lumière, tout en chantant et s'accompagnant à la guitare. Et grande nouveauté, Stephan Eicher s'adonne désormais au piano qu'il commence à peine à apprivoiser: "J'aime apprendre de nouvelles choses."

'Quand j'ai peur, je rigole'

Sur scène, il avait déclaré la veille "avoir hésité entre apprendre la grammaire française et le logiciel Excel, avant d'opter pour le piano". "Ces idées, j'espère que je les apporte avec légèreté et humour sur scène", dit-il. Le musicien très volubile, cultivant volontiers l'autodérision, a fait plus d'une fois rire aux éclats tout le théâtre. De fait, le spectacle est littéralement jubilatoire. "Quand j'ai peur, je rigole beaucoup", a-t-il confié à plusieurs reprises sur scène. "Ce n'était pas une blague, c'est la panique, c'est une mécanique pour couvrir la peur." "Mentalement c'est exigeant, il s'agit de créer l'illusion que ce qui se passe est léger et facile", avec tout un dispositif de commandes au sol, spécifiques à presque chaque chanson.

  (Jacques Demarthon / AFP)
L'artiste a interprété les titres emblématiques de sa carrière auxquelles le public reste très attaché. "Déjeuner en paix", "Two people in a room", "Combien de temps" ou "Pas d'ami" trouvent une seconde jeunesse au coeur de cet époustouflant "cabinet de curiosités musicales". "Quand on chante normalement, il ne faut pas penser, mais avec ce système, une partie de mon cerveau est occupé à diriger ce que je fais avec les pieds, explique-t-il, il me faut séparer la direction instrumentale et le chant, c'est marrant, je n'avais jamais connu cette situation."

Trois nouvelles chansons de Philippe Djian

Il a aussi dévoilé "Si tu veux que je chante", "Doux Dos" et "Prisonnière", trois nouveaux titres écrits par l'écrivain français Philippe Djian, ami et parolier fidèle et sûr. "Depuis deux ans, il y a une nouvelle phase dans notre travail, il réalise que son texte est vivant", raconte-t-il. Pour l'instant, il n'est pas question d'album pour Stephan Eicher qui trouve son bonheur sur scène. "Je ne veux pas faire de la musique qui va être streamée, compressée, numérisée, formatée", souligne-t-il. "Au piano... le piano !" dit-il à la fin du concert, alors qu'il présente ses instruments automates comme il le ferait pour des musiciens de chair et d'os.

Le public applaudit debout. Jusqu'au 21 février aux Bouffes du Nord, puis à Montréal le 28 février, Stephan Eicher reviendra en mars pour une tournée française qui achèvera au Printemps de Bourges le 26 avril et le 14 juillet aux Francofolies de la Rochelle.

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