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Patachou, l'une des voix mémorables de l'après-guerre, s'est éteinte

Patachou, l'une des voix les plus gouailleuses de la chanson française d'après-guerre, qui avait tenu un célèbre cabaret parisien à Montmartre avant de se lancer elle-même sur les planches, s'est éteinte jeudi à 96 ans, entourée de sa famille.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Photo non datée de Patachou, prise dans un aéroport parisien
 (AFP)

De son vrai nom Henriette Ragon, Patachou, née le 10 juin 1918 à Paris, est morte à son domicile à Neuilly, dans les Hauts-de-Seine, a annoncé son fils Pierre Billon à l'AFP, confirmant une information de France 2.

"C'était une très vieille dame qui s'est éteinte doucement, gentiment, entourée de sa famille", a-t-il déclaré à l'AFP. Cette fille d'artisan, d'abord dactylo puis employée d'usine, prend en 1948 la direction d'un cabaret-restaurant à Montmartre, avec son mari Jean Billon, dont elle fait rapidement un haut lieu de la nuit parisienne.

Sujet France 2 : I. Baechler, N. Lemarignier, N. Auer, JC. Lambard


Brel et Brassens ont débuté chez Patachou

"Chez Patachou" a vu débuter de très nombreux artistes comme Jacques Brel ou Georges Brassens avec lequel elle a interprété "Maman, papa" en duo. Hugues Aufray, Michel Sardou et d'autres se sont aussi produits dans ce haut lieu de la chanson populaire qui a fermé ses portes dans les années 70.

"Edith Piaf y a rodé ses tours de chant", a rappelé son fils, se souvenant des nombreuses cravates coupées qui décoraient l'établissement. "Maman coupait les cravates de ceux qui ne se tenaient pas bien", a-t-il raconté.


À l'origine, Patachou, blonde aux cheveux courts, avait commencé par tenir une patisserie, puis racheté un local tout proche pour y installer son cabaret-restaurant. Soutenue par Maurice Chevalier, Patachou prend ensuite elle-même le micro, avec un répertoire de chansons réalistes ("La complainte de la Butte", "Gamin de Paris") ou de ritournelles légères ("le Tapin tranquille", "Douce Marijane"). Interprète à la voix rauque et chaude, son "Bal chez Temporel" est resté célèbre tout comme "La Bague à Jules" ou "Toutes les femmes de mon mari".


Elle s'est aussi produite à l'étranger (États-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Brésil), obtenant parallèlement des petits rôles au cinéma (1954) dans "French Cancan" de Renoir et "Napoléon" de Guitry. En 1966, Patachou fait sa rentrée à Paris au cabaret "La Tête de l'art", puis en 1969 au restaurant de la Tour Eiffel, avant de mettre fin à sa carrière de chanteuse.


L'actrice succède à la chanteuse

À partir des années 1980, Patachou est plus présente au cinéma et à la télévision. Le cinéma lui offre un grand rôle, celui d'une tenancière d'hôtel dans "Faubourg Saint-Martin" de Jean-Claude Guignet (1983). Elle interprète une tueuse à gages dans "Cible émouvante" de Pierre Salvadori (1993), joue dans "Les Acteurs" de Bertrand Blier (1999) et "Pola X" de Leos Carax (1999). Elle est la grand-mère de Sophie Marceau dans "Belphégor" de Jean-Paul Salomé (2001), et est à l'affiche de "San-Antonio" de Frédéric Auburtin (2003).

À la télévision, on la voit dans la série "Orages d'été" (1989), en bourgeoise dans "Les Grandes marées" (1993) ou en soeur tyrannique dans "T'as voulu voir la mer" (2003).

Au théâtre, elle joue notamment les pièces de Gildas Bourdet ("Le Sexe faible"), de Paul Vecchiali ("Poussières"), de Duras ("Des Journées entières dans les arbres"). En 1996, elle interprète la centenaire d'un quatuor féminin dans "Le Siècle" de Michèle Laurence.

Officier de la légion d'honneur et Commandeur des Arts et lettres, Patachou avait un seul fils, Pierre Billon, directeur artistique, parolier et compositeur qui a travaillé avec Michel Sardou et Johnny Hallyday.

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