Le dernier album de Jacques Higelin, "Beau Repaire" (2013), proposait un premier dialogue entre le chanteur et la violoncelliste dans une élégante ballade finale baptisée "Château de sable". Le spectacle inauguré mardi soir dans un petit amphithéâtre de la Philharmonie 2 permet de poursuivre ce dialogue: Jacques Higelin, assis sur une chaise, lunettes sur le nez, lit des poèmes que Sonia Wieder-Atherton, assise à sa droite, ponctue de son archet, laissant les mots au premier plan parfois, les recouvrant davantage d'autres fois.La musicienne, qui aime collaborer avec des artistes non issus du classique, puise dans ses compositions personnelles ou celles de ses musiciens fétiches: Benjamin Britten, Gaspar Cassado, Leos Janacek. La scénographie intimiste, avec juste quelques lampes et un tapis en guise d'accessoires, met en valeur la richesse des poèmes de Jacques Higelin, 74 ans, qui fête cette année ses cinquante ans de carrière discographique. Lequel, après quelques minutes de crispation, semble prendre un vrai plaisir à réciter des textes tantôt solennels, tantôt un peu plus légers.A l'image de l'énergie mise à déclamer, en s'adressant à sa partenaire sur scène, le fiévreux et amoureux "A feu et à sang": "Je vais te percer à jour/Te labourer la peau/Capturer ton regard/Le dévorer des yeux/Rayer ta carrosserie et te crever les pneus".