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Il y a 50 ans surgissait Jacques Dutronc

L'été 1966, la voix d'un certain Jacques Dutronc surgissait des postes à transistors. Belle gueule, une bonne dose d'autodérision dans les propos et le regard, ni rocker, ni hippy, crooner distancié qui chantait des textes intelligents sur des musiques accrocheuses sans être putassières, il a imposé son image. Immédiatement catapulté au premier plan des vedettes, 50 ans après, il y est encore.
Article rédigé par franceinfo
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Jacques Dutronc en 1971
 (UNIVERSAL PHOTO/SIPA)

Sur les plages de France, c'est la décennie du transistor. A Saint-Tropez ou à la Baule, de ces petits postes de radio portatifs posés sur les serviettes, sortent en 1966 des chansons comme "Noir c'est noir" de Johnny, "Les sucettes" de Gainsbourg chantée par France Gall, "Love me, please love me" de Michel Polnareff, "Good vibrations" des Beach Boys et "Yellow submarine" des Beatles. Et puis, une drôle de voix un peu nasillarde et très cool, comme on dirait aujourd'hui, nous parle de 700 millions de Chinois "Et moi, et moi et moi...". Ce chanteur qui joue les crooners est un certain Jacques Dutronc, jeune parisien de 23 ans, ancien guitariste du groupe inoubliable "El Toro et les Cyclones". S'il est crooner, ce n'est pourtant pas le genre Sinatra , il serait davantage du type de Dean Martin, élégant, désinvolte et plein d'autodérision.

Reportage : C. Sinz / M. Haag / M. Vial / E. Maizy / M. Robquin / J-M. Noël / A. Gidon

"Il est cinq heures..."

Dutronc va alors aligner les succès et culminer en mars 1968 avec une chanson considérée parmi les plus belles du répertoire français "Il est cinq heures, Paris s'éveille" écrite avec Jacques Lanzman et Anne Segalen. Cette chanson est donc sortie deux mois avant les événements de mai, auxquels Dutronc n'a absolument pas participé. Très méfiant vis à vis de la politique, Dutronc a toujours professé ne pas avoir d'opinion et vouloir délibérément s'en tenir éloigné. De son côté, Françoise Hardy avec qui il forme un couple depuis 1967 et qu'il épouse en 1981, n'a jamais caché ses convictions de droite.


Le cinéma aussi

La désinvolture, le charme et le regard malicieux de Jacques Dutronc n'ont pas échappé aux réalisateurs de cinéma. Ils ont été nombreux et pas des moindres à faire appel à ses talents de comédien. Godard, Sautet, Schroeder, Zulawski, Périer ("Sale rêveur" trop méconnu), Corneau, Lelouch, Jessua, Dugowson ou Mocky ont parmi d'autres inscrit son nom à leurs génériques. C'est avec Maurice Pialat qu'il décroche en 1991 la reconnaissance des siens pour son rôle dans "Van Gogh", repartant de la cérémonie des Césars avec celui du meilleur acteur.


La Corse et Thomas

A 73 ans, le playboy vit depuis de nombreuses années en Corse aux côtés de son épouse Françoise Hardy. Cigare et lunettes noires, détachement éternel et humour au coin des lèvres, il assiste à la réussite de son fils Thomas. Passionné comme lui de guitare manouche, le rejeton des deux artistes ressemble étonnamment à ses parents. Il faut dire que papa et maman cultivaient depuis toujours une étrange ressemblance. Si le temps a passe et creusé le visage de Jacques Dutronc, ses chansons n'ont, de leur côté, pas pris une ride et elles s'écoutent aujourd'hui comme si elles venaient de sortir. Les plus anciennes affichent pourtant le demi-siècle. Et si Dutronc n'est plus depuis longtemps le dauphin de la place Dauphine, chaque matin à cinq heures la place Blanche continue d'avoir mauvaise mine.

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