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Gérard Manset présente son "classic alternatif best of"
L'auteur-compositeur français Gérard Manset publie " 2015 the classic alternatif best of ", un album de deux CD rassemblant 19 chansons déjà connues et une inédite, "Rimbaud plus ne sera". Un premier Best of était paru en 1999. Il revisite aujourd'hui ses quatre derniers albums et rajeunit son premier succès, "Animal on est mal" qui date de 1968.
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Gérard Manset vient de publier une nouvelle compilation chez Warner Music. Il l'a curieusement nommée en franglais "2015 the classic alternatif best of". Alternatif (et non alternative) sans doute parce que ce nouveau choix des meilleures chansons suit à belle distance une première sélection intitulée "Manset Best Of" et sortie en 1999. Mais c'est un trompe-l'oeil. Parce que cette fois, Manset ne nous invite pas à revisiter ses 47 ans de carrière. Son choix se porte sur des chansons figurant sur ses quatre derniers albums : "Le langage oublié" (2004), "Obok" (2006), "Manitoba ne répond plus" (2008) et le très particulier "Un oiseau s'est posé" (2014).
La substantifique moelle
Il en extrait ce que nos professeurs de philosophie appelleraient la substantifique moelle. Ce que, selon lui, il faut en retenir aujourd'hui. Dix-sept chansons nous reviennent telles qu'elles furent livrées à l'origine. Parmi elles, deux piliers incontournables, la tendre et désespérée "Fauvette" et "Comme un lego" qui fut aussi interprétée par Alain Bashung sur son dernier album studio "Bleu pétrole" en 2008. Cinq chansons sont extraites de "L'oiseau s'est posé". Cet album paru en 2014 et qui, déjà, proposait de nouvelles interprétations de chansons anciennes mais en compagnie d'autres artistes.
Et parce qu'avec Manset, c'est toujours le désir qui commande, le double album recèle deux curiosités qui vont pousser tous les aficionados du voyageur solitaire à faire au plus vite l'emplette de ces nouvelles galettes. Une version nouvelle d'"Animal on est mal ", ce drôle d'objet musical surgi de nulle part en plein mai 1968 et un inédit qui doit son titre à sa sonorité : "Rimbaud plus ne sera".
Curiosité
"Animal, on est mal" a perdu les cris d'animaux qui l'ouvraient et la refermaient. La chanson a gagné en clarté et en vigueur grâce notamment à un extraordinaire dernier et nouveau couplet. Il illustre le chemin qu'a parcouru Gérard Manset depuis 1968. Ces quelques mots nouveaux montrent un homme de 70 ans surgissant dans une chanson écrite à l'âge de 23 ans, qui se retourne sur sa vie et qui en saisit soudain la vanité. Un résumé de toute l'oeuvre de l'artiste.
"Rimbaud plus ne sera" permettra aux auditeurs fervents d'attendre l'année prochaine puisqu'un nouveau Manset avec son lot de chansons inédites est déjà annoncé.
Tentons une expérience simple
Voici une expérience assez simple à tenter en société. Prononcez le nom de Gérard Manset dans une conversation entre amis. Parmi ceux qui connaissent le nom de ce chanteur français, auteur et compositeur de toutes ses chansons depuis 1968, vous noterez deux réactions. Il y aura ceux qui vous répondront qu'ils n'ont pas envie d'écouter cette musique dépressive. "Manset, c'est triste!". Et puis il y aura les autres. Qui se reconnaîtront entre eux. Ceux-là forment la petite cohorte des admirateurs, souvent inconditionnels. Ils sont les premiers à se précipiter dès qu'un nouvel opus de l'ermite voyageur est annoncé dans les bacs. Pour ceux-là "ça ne peut pas être triste, tellement c'est beau !"
Et chacun d'entre eux se délectera avec ses pareils à défendre son album ou sa chanson préférée, chacun évoquera son désarroi de ne pas retrouver en CD telle oeuvre qu'il avait tant aimée sur vinyle et que l'artiste a un jour reniée, chacun se mettra à fredonner ces paroles lancinantes qui évoquent les voyages, la guerre, la banlieue nord, les jardins ou les minuscules destins écrasés.
La pochette
La très belle pochette sombre de "The classic alternative best of" s'ouvre comme un triptyque cartonné recto-verso et propose de nombreuses et minuscules images prises par Gérard Manset photographe. Lui qui est aussi écrivain et dessinateur illustre toujours ses pochettes et ses livres d'images personnelles, mais très rarement et plus depuis longtemps de photos le montrant. Ce sont des bribes de moments, comme souvent ses vers le sont aussi. Des objets, un parc, des fruits ou ses lunettes de soleil au pied d'une statue que l'on devine asiatique...
Traces
Manset n'offre de lui-même que les traces qu'il choisit, qu'elles soient écrites, dessinées, photographiées ou chantées. Il refuse de figurer sur les plateformes de streaming et ne donne que de rares interviews interdites de podcast. Il ne rencontre que les journalistes en qui il a confiance, ce qui se résume à deux ou trois confrères et consoeurs de France Inter ou Télérama. Il confie en 2014 à ce dernier magazine qu'il est "fait de 50% de tristesse et de 50% de sagesse". Il nous y surprend également en assurant que c'est d'Alain Souchon qu'il se sent le plus proche dans la chanson française (alors que certains voient un cousinage avec Jean-Louis Murat qui est à Gérard Manset ce que Pascal Obispo est à Michel Polnareff).
Manset continue en solitaire son voyage en marge du showbiz entamé quand les pavés volaient dans les rues du Quartier Latin, un chemin qui lui a valu le respect d'un public fidèle. Il l'aura conduit du royaume de Siam au jardin de Buzenval, en passant par la banlieue nord, la Mer Rouge, l'Amazonie, Siem Reap et la place Maubert. Ce public fervent a pris son parti de ne jamais voir Manset sur une scène. L'artiste considère l'exercice impudique. On pourrait ainsi le résumer en un oxymore : Gérard Manset, une absente présence.
Manset continue en solitaire son voyage en marge du showbiz entamé quand les pavés volaient dans les rues du Quartier Latin, un chemin qui lui a valu le respect d'un public fidèle. Il l'aura conduit du royaume de Siam au jardin de Buzenval, en passant par la banlieue nord, la Mer Rouge, l'Amazonie, Siem Reap et la place Maubert. Ce public fervent a pris son parti de ne jamais voir Manset sur une scène. L'artiste considère l'exercice impudique. On pourrait ainsi le résumer en un oxymore : Gérard Manset, une absente présence.
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