"Et toujours en été..." : bien plus qu'un "best of" Nino Ferrer
Il y a dans ce triple album digipack les grandes chansons attendues de Nino Ferrer, celles qui ont fait sa notoriété mais celles aussi qui l'ont trop souvent relégué au rang des doux dingues de la chanson française, des hurluberlus sans importance. "Oh ! Hé ! Hein ! Bon", "Les Cornichons", ou "Le Téléfon" paraissent être de prime abord des chansonnettes rigolotes, ritournelles d'un été, sans conséquence. Ce serait oublier la voix qui les porte. La rage avec laquelle Nino Ferrer les interprète repousse les limites en direction du blues, du ryhthm and blues et des musiques noires américaines. Et ce n'est pas un hasard si, vingt ans après la disparition de leur auteur resté auparavant et longtemps très discret, elles sont restées dans les mémoires. Nino Ferrer n'a jamais été un hurluberlu, il était un auteur, compositeur et interprète de tout premier ordre.
Des incontournables et des inédits
Le "best of", premier CD du coffret, comporte aussi les chansons qui ont suivi et que le grand public n'a pas non plus oubliées. C'est "Je veux être noir" qui pose leur auteur interprète parmi les grandes voix du rhythm and blues, "La Rue Madureira" qui accompagne son histoire dramatique, de la légèreté de la bossa nova, et bien sûr le grand succès de Nino Ferrer, "Le sud", hymne à sa vie quasi pastorale dans le Lot. On peut regretter que la version de "Pour oublier qu'on s'est aimé" ne soit pas la meilleure. Il aurait fallu proposer celle-là, moins connue, qui commence avec un long solo de guitare digne de Carlos Santana et une voix de Nino Ferrer encore plus torturée.Etrangement, à la suite des incontournables chansons de Nino figure une courte sélection de morceaux beaucoup moins connus et livrés dans des versions inédites. Côté incontournable, "La Maison près de la fontaine" figure évidemment sur ce CD.
Des reprises de toutes les époques
On passera rapidement sur les reprises du CD 3, même si elles donnent l'occasion de belles surpises comme la voix trop rare de Nilda Fernandez pour son interprétation de l'inédit "Scopa" qui ouvre le 2e CD et sur "La Maison près de la fontaine". On ne s'attardera pas longtemps non plus sur la très étrange version néerlandaise de "Ho ! Hé ! Hein ! Bon" signée The Waistcoats et qui donne l'impression d'entendre "Oh ! et un prout !".En revanche, on pourra s'attarder sur "Looking for you" et sa version très pop actuelle interprétée ici par Flo Morrissey et Matthew E. White. La "Mirza" cherchée par Arno dans sa reprise est une vieille chienne qui paraît perdue dans un environnement glauque et industriel. La voix du Belge est ici soutenue par une guitare saturée et une rythmique très lourde, donnant à la chanson gag de Ferrer une dimension tragique et désespérée, N'ayant pas besoin de la chanter, Manu Dibango propose un extraordinaire instrumental, intense et festif de "Je veux être noir", une version qui date de 1967. Sans citer tous les titres, le CD de reprises permet d'écouter, l'un après l'autre, les deux avatars de "C'est irréparable", le premier date de 1965 et est interprété par Dalida, le second de 1992 et est porté par la voix de Luz Casal. On a le droit de préférer la version espagnole.
La surprise de ce coffret
Mais c'est le deuxième CD de ce triple digipack qui surprend le plus. Qui se souvenait que Nino Ferrer avait composé et interprété des morceaux de musique progressive ? Influencé par les groupes anglo-saxons très à la mode dans les années 70, il a par exemple enregistré "Métronomie", le premier de la sélection. Avec un son très proche de celui d'Emerson, Lake and Palmer, ou de King Crimson, Ferrer produit un morceau peut-être aussi influencé par un groupe de prog italien de ces années-là, Le Orme. C'est une musique compacte, très inspirée, et qui pourtant porte aussi, on ne se refait pas, le son rhythm and blues, celui qui fait "la couleur Ferrer". Ce CD3 qu'on ne se lasse pas de réécouter propose des compositions très personnelles même si elles s'inscrivent délibérément dans un mouvement musical alors très en vogue.Nino Ferrer... et toujours en été
Triple digipack
Barclay-Universal
CD Best of : 1/ Les cornichons,2/ Oh ! Hé ! hein ! bon ! 3/ Mirza 4/ Alexandre 5/ Je veux être noir 6/ Madame Robert 7/ Je cherche une petite fille 8/ Le téléfon 9/ Les hommes à tout faire 10/ Mao et Moa 11/ Mon copain Bismark 12/ Je vends des robes 13/ La rua Madureira 14/ Mamadou Mémé 15/ La maison près de la fontaine 16/ Pour oublier qu'on s'est aimé 17/ Kinou 18/ Moses 19/ Le sud 21/ Les morceaux de fer (Nouvelle version alternative inédite) 22/ Looking for you (Nouvelle version alternative inédite) 23/ Mint julep (Version de travail inédite) 24/ Le millionnaire (Nouvelle alternative chantée en anglais, inédite)
CD2:
1/ Métronomie 2/ L'Angleterre 3/ Cannabis 4/ Looking For You 5/ Little Lili 6/ Ouessant 7/ Moby Dick 8/ Metronomie 2 9/ Bloody Flamenco 10/ Mint Julep 11/ Rock N Roll Cow-Boy 12/ Mashed Potatoes 13/ Notre Chère Russie
CD3 :
1/ Scopa (Inédit) par Rodolphe Burger et Nilda Fernandez 2/ Le sud (Inédit) par Sébastien Tellier 3/ Moses (Inédit) par Arthur H 4/ The Garden par Molypop 5/ Oh ! Hé ! Hein ! Bon ! par Klimperei 6/ Oh! He! Wat! Goed! par The Waistcoats 7/ Mao et Moa par The Link Quartet 8/ La désabusion par Denis Colin & Ornette 9/ Le blues des rues désertes par Denis Colin & Ornette 10/ La Maison Près De La Fontaine par Nilda Fernandez 11/ Les Cornichons par The BellRays 12/ Looking For Youpar Flo Morrissey and Matthew E. White 13/ Mirza par Arno 14/ Je Vends Des Robes par -M- 15/ Alexander (Alexandre) par The Boots 16/ La Rua Madureira par Stacy Kent 17/ Play boy scout. par Radiah Frye 18/ Rondeau Interprété par Daniel Darc 19/ Je veux être noir (Instrumental) par Manu Dibango 20/ C'est irréparable par Dalida 21/ Un año de amor (C'est irréparable) par Luz Casal 22/ Mirza par Musica Nuda 23/ Le Sud (en anglais) par Lola March
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