Alain Chamfort présente son album "L'Impermanence" dans la petite salle parisienne du Point Éphémère : la grâce au rendez-vous

Entouré d'un groupe très pop, le chanteur a égrainé plusieurs titres du disque qu'il présente comme le dernier, ponctué de quelques chansons intemporelles de son répertoire. Avec simplicité et élégance, comme toujours.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
Alain Chamfort, le 8 février 2019 sur la scène des Victoires de la musique, à la Seine Musicale près de Paris. (FRANCK CASTEL / MAXPPP)

Alain Chamfort l'a annoncé au moment de sa sortie en mars dernier, L'Impermanence serait son ultime album, du moins dans le format "Long play" tel qu'on le pratique depuis environ soixante-dix ans. Le chanteur se posait déjà la question quand il a lancé le superbe Désordre des choses en 2018. "Il y a d'autres manières de continuer à exercer ce métier", confirmait-il le 22 mars dernier sur la radio Franceinfo avant deux concerts au Théâtre de l'Œuvre, à Paris. À ce moment, il était déjà passé à l'acte : avant L'Impermanence, le chanteur avait lancé en janvier un savoureux EP (quatre titres en l'occurrence), fruit d'une rencontre musicale avec Sébastien Tellier. Le tour de chant étrenné mardi 4 juin à Bruxelles, puis présenté deux jours plus tard à Paris, au Point Éphémère, constitue peut-être l'amorce de l'ultime tournée promotionnelle d'un album d'Alain Chamfort.

Une petite salle au bord du canal


Aussi, ce jeudi 6 juin, si l'on aime Alain Chamfort et si l'on habite à Paris (ou pas trop loin), il fallait être au rendez-vous au Point Éphémère, petite salle au bord du Canal Saint-Martin. Présent, endurant et patient. Présent, si l'on est veinard car la soirée affiche (évidemment) complet. Endurant, car il fait chaud, c'est un concert debout et l'on n'a plus forcément nos genoux de vingt ans. Sans oublier que dans ces salles de poche, la sono vous en met d'emblée plein les oreilles. Jeudi soir, le Point Éphémère a parfois oublié l'expression "mollo, les basses" (ou alors, nos tympans aussi ont pris un coup de vieux)... Enfin, il fallait être patient, parce que le show annoncé à 20h30 a démarré une heure plus tard.

Mais l'attente en vaudra la peine. Après une ultime frayeur. Le concert démarre avec un groupe franchement rock, sans Chamfort... On pense alors : "Oh non, pas une première partie, pas maintenant..." Mais on est rassuré : cette intro rock, c'est du Chamfort, Baby Boum, une chanson ancienne jouée par le groupe qui l'accompagne sur la tournée de L'Impermanence. Le chanteur surgit enfin et met tout le monde d'accord avec La Fièvre dans le sang, tube entraînant de la décennie 80. Le tour de chant se constitue d'un dosage de titres de 2024 et d'autres sortis entre 1975 et 1997, du Temps qui court (adaptation d'un tube de Barry Manilow qui était lui-même une adaptation d'un thème de Chopin) à Notre histoire, avec quelques vieux titres pas forcément connus du grand public. En revanche, le répertoire du Désordre des choses, le précédent album, est mis de côté.

Son atout charme, sa simplicité


Alain Chamfort, tantôt aux claviers sur la droite de la scène, tantôt debout à l'avant, conserve cette élégance délicate devenue intemporelle au fil des ans. Costume, chemise et cravate noirs, veste satinée qui brille sous les spots, lunettes teintées, dansant parfois avec cette frêle silhouette de dandy et ce sourire malicieux, il ne cesse de séduire et d'émouvoir à la fois. Son plus grand atout charme, c'est sa simplicité. Il s'amuse des "petits plantages" de ce programme encore en rodage, comme ce faux départ sur En Beauté. Les orchestrations sonnent le plus souvent rock, pop, avec les membres du groupe aux chœurs et quelques très beaux effets, comme ce son de thérémine qui hante certains refrains. Mais d'autres arrangements beaucoup plus dépouillés nous permettent de savourer la voix d'Alain Chamfort dans toute sa fragilité assumée.

Le chanteur a confié la direction musicale de la tournée à Adrien Soleiman, musicien qui vient jouer un solo de saxophone durant la soirée. "On cherchait à faire quelque chose de nouveau" [par rapport aux précédentes tournées], confie Alain Chamfort au public au début du concert. "Alors c'était soit les grands stades, soit les petits clubs !" Autre volonté de changement, cette décision de ne pas tout chanter et de laisser deux ou trois titres au groupe. Celle, enfin, de ne pas apparaître lors de l'interprétation de Noctambule, laissant la scène plongée dans des éclairages bleus.

"La Grâce" pour un rappel plein d'émotion


Parmi les grands moments, on n'oubliera pas cet enchaînement de deux des plus beaux classiques de son répertoire : Paradis, puis, bien sûr, Manureva, dont il est impossible de se lasser. Après ce final en apothéose, Chamfort revient seul aux claviers pour l'un des titres emblématiques du dernier album : La Grâce, chanté en rappel. Une chanson qui résume le questionnement de l'artiste après soixante ans de carrière, comme il l'explique lui-même au public avant de chanter cet ultime petit joyau : "Ne serait-ce qu'une fois hélas/ Ne serait-ce qu'un instant fugace/ Aurai-je su toucher la grâce ?" Jeudi soir à 22h49, au moment où le chanteur s'est éclipsé, on avait juste envie de lui répondre "oui".

Alain Chamfort reviendra en concert à Paris le 2 décembre, au Trianon, puis le 25 mars 2025 aux Folies Bergère. Entre-temps, il se produira dans quelques festivals d'été et de la rentrée, puis à l'automne.
L'agenda-concert du chanteur

La setlist du jeudi 6 juin 2024 au Point Éphémère

Baby Boum (en intro rock par le groupe seulement) - 1981
La fièvre dans le sang - 1986
Amour, année zéro - 1981
Contre l'amour - 1997
Clara veut la lune - 1993
Notre histoire - 1997
Démodé (par le groupe seulement) - 1979
L'Apocalypse heureuse - 2024
En beauté - 2024
Whisky Glace - 2024
Par inadvertance - 2024
Le temps qui court (refrain et final) - 1975
Noctambule (Chamfort chante hors scène) - 1990
Géant - 1979
Paradis - 1981
Manureva - 1979

Rappel :
La Grâce - 2024

Le groupe d'Alain Chamfort : Julia Jérosme (claviers, voix), Clément Fonio (guitare, voix), Jérôme Arrighi (basse, chant), Antoine Boistelle (batterie). Avec Adrien Soleiman, directeur musical de la tournée, sur un solo de saxophone sur Notre histoire.

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