Ce que l'on sait des accusations de violences sexuelles contre le rappeur américain P. Diddy, arrêté à New York

Agé de 54 ans, l'artiste mondialement connu, de son vrai nom Sean Combs, est décrit comme un homme violent, qui utilisait alcool et drogues pour obtenir la soumission de plusieurs femmes.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le rappeur Sean Combs, alias P. Diddy, arrive à Las Vegas, le 15 mai 2022, pour la cérémonie des Billboard Music Awards. (XAVIER COLLIN / IMAGE PRESS AGENCY / SIPA)

Il a été interpellé par la police à Manhattan, tard dans la soirée du lundi 16 septembre. Figure majeure du hip-hop, le rappeur américain Sean Combs, connu sous les noms de Puff Daddy ou P. Diddy, est visé par des accusations de violences sexuelles, révélées depuis près d'un an. Dans les neuf plaintes déposées contre lui, des femmes le décrivent comme un prédateur sexuel violent, qui utilisait alcool et drogues pour obtenir leur soumission. Selon elles, il se servait de sa célébrité et de son statut pour les intimider. Les détails sur les charges retenues devraient être révélés mardi matin. Franceinfo fait le point sur les affaires qui le concernent.

Soupçonné d'être un prédateur sexuel depuis les années 1990

Les allégations de violences qui visent P. Diddy, icône du rap venue de la côte Est des Etats-Unis, ont commencé dès les années 1990, bien qu'aucune condamnation majeure n'ait jamais été prononcée contre lui jusqu'ici. Au total, neuf femmes ont porté plainte contre lui depuis novembre 2023. L'une d'elles l'accuse de l'avoir "droguée et agressée sexuellement" en 1992. Cette plaignante assure qu'il avait filmé la scène et diffusé la vidéo en guise de "revenge porn". Une autre femme affirme avoir été forcée à boire et droguée, avant d'être violée collectivement par le rappeur, le président de sa maison de production Bad Boy Records, Harve Pierre, et un troisième individu, en 2003, lorsqu'elle avait 17 ans.

Fin mars, des perquisitions retentissantes ont été menées dans des luxueuses villas du rappeur, à Los Angeles et Miami. Des agents fédéraux sont entrés dans les domiciles de P. Diddy armes au poing, sous l'œil de certains médias américains qui ont capturé des images de ces opérations depuis les airs. Les fils du rappeur, Justin et King Combs, avaient alors été menottés. Le département de la Sécurité intérieure américain avait confirmé les perquisitions, sans en donner la raison.

L'une des propriétés de P. Diddy perquisitionnée, à Miami (Etats-Unis), le 25 mars 2024. (REBECCA BLACKWELL / AP / SIPA)

La chanteuse Cassie, son ex-compagne, première à dénoncer un comportement "violent" et "déviant"

Son ancienne compagne, la chanteuse américaine de R&B Cassie, est la première à avoir déposé plainte au civil pour viol et violences physiques contre le rappeur. Dans sa plainte, déposée à New York mi-novembre 2023, Casandra Ventura de son vrai nom, dénonce son "comportement violent" et "déviant" durant une décennie, comme des relations sexuelles forcées avec des hommes prostitués. Elle l'accuse aussi d'un viol en 2018.

Dans une vidéo qui date de 2016, authentifiée par CNN, P. Diddy se déchaîne contre elle. On y voit le rappeur, portant simplement une serviette autour de la taille, la rattraper dans un couloir d'hôtel, l'attraper brutalement et la projeter au sol, avant de lui asséner plusieurs coups de pied. "Mon comportement sur cette vidéo est inexcusable" et "dégoûtant", avait déclaré le milliardaire dans une vidéo sur son compte Instagram, après la publication de ces images en mai.

"La violence conjugale est LE problème. Elle m'a brisée et fait de moi une personne que je n'aurais jamais pensé devenir. Grâce à un travail acharné, je vais mieux aujourd'hui, mais je ne vais jamais me remettre de mon passé", avait ensuite réagi la chanteuse Cassie, sans citer le nom de son ancien compagnon. "Ma seule demande est que TOUT LE MONDE ouvre son cœur et croit les victimes la première fois", avait-elle ajouté. Cette affaire entre Cassie et P. Diddy a finalement été réglée "à l'amiable", selon un accord confidentiel.

Une nouvelle plainte en juillet

Déposée à l'encontre de P. Diddy pour agression sexuelle et exploitation sexuelle, la dernière plainte date de début juillet. L'actrice Adria English, star de films X, l'accuse de l'avoir utilisée "comme un pion sexuel pour le plaisir et le bénéfice financier d'autres personnes", lors de soirées dans les Hamptons, dans l'Etat de New York, et en Floride, entre 2004 et 2009. Elle demande que Sean Combs soit renvoyé devant un tribunal, et réclame des dommages et intérêts, dont le montant n'a pas été précisé. "En raison des nombreux procès intentés contre Combs pour des actes identiques ou similaires, il est de plus en plus évident que le mis en cause se livrait à des actes bien plus sinistres qu'on ne le pensait, notamment à des abus physiques et au trafic d'êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle", peut-on lire dans la plainte, selon l'AFP.

Des accusations niées par le rappeur

Selon l'avocat de P. Diddy, au moment de son arrestation lundi, son client se trouvait "volontairement" à Manhattan, où il a déménagé. Il est "déçu de la décision du bureau du procureur des Etats-Unis de continuer ce que nous estimons être des poursuites injustes", a expliqué Marc Agnifilo dans un communiqué envoyé aux médias. Natif de New York, le rappeur "coopère à l'enquête" et "est impatient de pouvoir laver son nom au tribunal", selon ses conseils. Au moment des perquisitions à ses résidences en mars, l'avocat avait dénoncé une "chasse aux sorcières" et des "accusations sans fondement".

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