Carla Bruni : pas vraiment <i>"Comme si de rien n'était"</i>
Vous n’entendrez pas d’extrait de l’album de Carla Bruni-Sarkozy : "Comme si de rien n'était". Pas avant sa sortie le 21 juillet. Et pourtant, depuis une dizaine de jours, sa maison de disques, Naïve, organise des séances d’écoute pour journalistes triés sur le volet. Et soumis à des contrôles de sécurité très stricts, pour éviter les fuites sur des sites internet pirates. Une écoute unique, en groupe.
Si cet emballement sécuritaire n'est pas propre au 3ème album de Carla Bruni -les plus grandes stars mondiales (Madonna, Radiohead, Coldplay...) ont l'habitude de bénéficier de ce genre de traitement, le statut de la star, première épouse d’un président de la République à enregistrer un disque, renforce les craintes de piratage. Et rend le travail de promotion très délicat, surtout pour une petite maison de disque peu rompue à des sorties de cette envergure.
Dans un secteur sinistré, où les ventes se sont effondrées de moitié en cinq ans, les conditions de travail des journalistes musicaux sont de plus en plus drastiques, imposées par une logique marketing, doublée d’une paranoïa ambiante : écoutes d’albums dans des locaux surprotégés, clauses de confidentialité, embargos… Ainsi, pour l’écoute du dernier album de Coldplay dans les locaux parisiens d’EMI, les journalistes ont dû se délester de leur téléphone portable, et accepter d’être fouillés au détecteur de métaux par des employés anglais de la multinationale.
Paranoïa et marketing
Dans d’autres cas, les labels envoient à la presse des CD "watermarkés" : les fichiers numériques sont marqués au nom du journaliste pour en assurer la traçabilité sur internet. Ou bien elles ne leur adressent les albums que quelques jours avant la sortie. Voire après.
La logique sécuritaire rejoint souvent la logique marketing. Pour ce même album de Coldplay, les journalistes ont dû signer une clause de confidentialité leur interdisant de parler du disque avant le 9 juin, soit une semaine avant sa sortie, sous peine de poursuites. Une manière pour la maison de disques de dicter son calendrier et de concentrer la parution des articles au moment de la commercialisation de l’album.
Pour attribuer les invitations aux deux concerts que donnait Radiohead à Paris-Bercy les 9 et 10 juin, le label Beggars a organisé un concours à vélo entre les journalistes qui souhaitaient les couvrir. Les 50 premiers arrivés ont gagné leur place. Une idée difficilement imaginable dans un autre domaine que la culture de masse.
Gilles Halais avec agences
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