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Aurélie Filippetti : "Le Centre national de la Musique n'est pas budgeté"

La nouvelle ministre de la Culture souhaite reprendre la réflexion avec la filière musicale et remet en cause la politique menée par le précédent gouvernement. Elle affirme en particulier que le finacement du Centre national de la musique (CNM), dont la création avait été annoncée en janvier par son prédécesseur Frédéric Mitterrand, n'est "absolument pas budgeté".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Aurélie Filippetti, ministre de la Culture.
 (Pierre Verdy / AFP)

L'accord cadre créant le Centre National de la Musique signé en janvier par le gouvernement Fillon, promettait un organisme public chagé de soutenir la création sur le modèle du Centre national du Cinéma (CNC). Sa mission devait être, selon les mots de Frédéric Mitterrand, de fédérer une filière "historiquement morcelée" et de "défendre les intérêts communs" de ses différentes composantes en France comme à l'étranger. Son financement devait être assuré en principe par "une taxe sur les fournisseurs d'accès internet", qui devait rapporter entre 70 et 95 millions d'euros en année pleine.

"Le financement du CNM n'est pas budgeté"
Aujourd'hui, Aurélie Filippetti affirme que "le projet du CNM tel qu'il a été annoncé n'est absolument pas budgété". "Les 15 millions d'euros qui ont été annoncés (pour son fonctionnement, ndlr) n'étaient qu'une déclaration d'intention. Il y avait aussi 50 millions d'euros par an annoncés dans le budget de l'éventuel CNM et qui devaient être pris sur le programme de soutien à la politique du livre et des industries culturelles. Il ne me semble pas de bonne politique de chercher à déshabiller une politique de soutien à la culture au profit d'une autre", affirme la ministre dans un entretien à l'AFP.

"La façon dont les choses avaient été prévues n'était pas du tout responsable", insiste-t-elle. "On a annoncé des sommes à des gens pour les faire participer à un dispositif alors qu'elles n'étaient pas budgétées en ce qui concerne les dépenses de fonctionnement et n'étaient pas sécurisées d'un point de vue juridique pour ce qui était des taxes sur les fournisseurs d'accès internet."

" Je ne veux pas me laisser dicter mon agenda ministériel ou mes priorités budgétaires par l'héritage inconséquent du précédent gouvernement, d'autant plus que nous sommes dans une situation budgétaire extrêmement difficile et que le ministère de la Culture fera des efforts comme tous les autres ministères non prioritaires."

Une politique de soutien à la filière musicale
"Qu'il y ait une instance de réflexion, de travail en commun, de concertation qui réunisse l'ensemble de la filière est une très bonne chose. (...) Une instance oui, maintenant c'est à nous de définir ensemble collectivement quel sera son périmètre d'action", souligne Mme Filippetti. "Je souhaite aujourd'hui mettre sur pied une véritable politique de soutien au secteur musical, pour notamment encourager la diversité de la création et de la diffusion. Les industries musicales ont subi de plein fouet la révolution numérique, donc l'Etat doit se préoccuper de l'avenir de la musique et l'aider à se conforter avec des outils et des modes de financement qui sont adaptés et pérennes."

Une réunion entre la ministre et la filière le 11 juillet
Pour autant, la charte signée par le précédent gouvernement sur la création du CNM, n'est pas caduque, affirme Aurélie Filipetti. "Rien n'est caduc, mais je souhaite reprendre la réflexion sur le chantier de la musique avec l'ensemble des acteurs. C'est pourquoi je réunirai les partenaires de la filière constitués dans le collectif "Tous pour la musique" le 11 juillet prochain. En outre, des gens avaient été laissés au bord du chemin lors de la concertation. Je souhaite intégrer les collectivités territoriales à la réflexion sur l'avenir de la politique musicale et je veux discuter avec les associations qui s'occupent de la musique classique.

Mme Filippetti ira plaider la cause de la production musicale à Bruxelles
Pour la ministre, "il faut travailler dans l'ordre, trouver les sources de financement, identifier les meilleurs mécanismes qui permettent d'aider la création et la diversité et ensuite seulement parler d'aides et de bénéficiaires. Je me bats pour le maintien des financements spécifiques au secteur de la musique et je vais aller à Bruxelles le 9 juillet pour les défendre. Je suis notamment favorable à la prolongation du crédit d'impôt (à la production musicale), qui est vital pour beaucoup de producteurs indépendants."

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