À trois jours de la sortie de son nouvel album, Manu Chao secoue toutes les générations avec un concert acoustique au Kilowatt de Vitry-sur-Seine

Manu Chao présente vendredi son cinquième album, "Viva Tu". Fidèle à son style éclectique, il revient avec un projet qui célèbre la liberté, dix-sept ans après la sortie de "La Radiolina".
Article rédigé par Paul Dubois
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5 min
Le chanteur franco-espagnol Manu Chao se produit sur scène à Vitry-sur-Seine, le 17 septembre 2024. (THOMAS SAMSON / AFP)

Le mardi 17 septembre, l'ancien leader de la Mano Negra a marqué son grand retour sur la scène centrale du Kilowatt à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), un lieu qu'il connaît bien pour y avoir déjà joué en 2023. Un concert "acoustique" de Manu Chao. Ne vous y trompez pas : avec l'artiste franco-espagnol, le mot "acoustique" rime davantage avec énergie qu'avec tranquillité.

Niché à l'abri des rails du RER C, cet endroit allie ambiance roots et convivialité, avec ses food-trucks et ses gobelets écoresponsables, créant une atmosphère agréable qui fleure bon la fin de l'été. Ce concert précède la sortie de son nouvel album, prévue le 20 septembre 2024 après une attente de dix-sept ans. Avec Viva Tu, Manu Chao nous livre un opus qui reflète son style unique et son engagement social, tout en montrant son évolution et ses expérimentations musicales.

Pochette de "Viva Tu", le nouvel album de Manu Chao qui sortira le 20 septembre 2024. (BECAUSE MUSIC)

Dans le public, tous les profils et tous les âges se croisent, tous sont rassemblés pour applaudir un artiste qu'ils redécouvrent ou connaissent par cœur. "C'est incroyable de le voir ici, après avoir joué devant 6 000 personnes en Amérique latine. Ça colle au personnage !", s'exclame David, un fidèle du chanteur. Depuis près de quinze ans, celui qui s'est exilé à Barcelone a choisi de s'éloigner des médias, préférant communiquer via son site sur ses concerts dans des lieux plus intimes : des cafés, de petites salles et même chez des particuliers.

Chaque concert devient un événement unique, et celui-ci n'échappe pas à la règle. Ils étaient nombreux à avoir fait le déplacement, certains venant même de loin pour cette soirée. Stéphanie, qui suit Manu Chao depuis près de vingt ans, a ainsi parcouru 3h30 de route depuis Arras : "J'ai vu l'annonce sur Facebook et je n'ai pas hésité une seconde. Ça faisait presque dix ans que je ne l'avais pas revu. On repart ce soir, mais cela en valait vraiment la peine."

Album sincère et varié

À 21h, "Manu", fidèle à lui-même, arrive casquette vissée sur la tête, poings en l'air, marcel aux couleurs d'un club de sport, il entame avec un titre exclusif, Venicos el Mar, revisité pour le live. Avec Manu Chao, chaque concert est un moment à part. Entre l'album et la scène, changement d'atmosphère : des ballades tranquilles peuvent rapidement se métamorphoser en hymnes d'espoir, criés et dansés.

Lors du spectacle, quelques morceaux inédits du nouvel album ont été joués, mais la majorité des titres étaient des classiques comme Mala Vida, Clandestino et Me gustas tú. Entre des pogos et des bières lancées en l'air, le public, avec des fronts en sueur et des cheveux collants, est ravi. "Ça fait quarante ans que je le vois, c'est toujours la même énergie, le même partage. Du grand Manu !", s'exclame Hervé, 61 ans.

Le chanteur franco-espagnol Manu Chao se produit sur scène à Vitry-sur-Seine, le 17 septembre 2024. (THOMAS SAMSON / AFP)

Les couleurs de l'Amérique latine flottent dans l'air, drapeaux argentins et maillots de Maradona sont brandis, et l'écho de sa musique unit les générations. Le prochain album, Viva Tu, majoritairement en espagnol, mais aussi en anglais, français et portugais, témoigne de sa portée internationale.

Même le rappeur Oli, du duo Bigflo et Oli, a fait le déplacement.  Dans le public, il démarre une conversation vidéo avec son père Fabian, musicien argentin, avant de monter sur scène pour une improvisation franco-espagnole.

Art transgénérationnel

Mais l'art de Manu Chao, c'est d'abord celui de la transmission. Sandrine et Manu, venus de Vannes avec leurs trois enfants et un ami de leur fils, partagent cette passion. "J'étais fan de la Mano Negra, et quand Clandestino est sorti, c'est là que ma femme et moi nous sommes rencontrés. Nous avons ensuite fait découvrir sa musique à nos enfants", explique le père de famille, sourire aux lèvres.

Ses deux filles, Nelle et Naia, respectivement 18 et 15 ans, ne sont pas là par obligation ; elles ont même vu l'annonce du concert. Jérémy, 22 ans, ami de leur fils Noé, ajoute : "Je l'ai connu grâce à ma prof d'espagnol, j'ai adoré, et je prévois même de me faire tatouer une pochette d'album sur la jambe."

"Clandestino" de Manu Chao, un succès exceptionnellement long. (DR)

La transmission est également au cœur de Viva Tu, l'album à paraître le 20 septembre. Avec sa voix parlée, Manu, 63 ans, continue d'étonner sans avoir vieilli, passant habilement du reggae aux sonorités gitanes. Les thèmes du monde et des relations humaines sont toujours là, intacts.

La même indignation, agrémentée de critiques envers le capitalisme et l'autorité, un doigt d'honneur levé contre la FIFA, la fédération internationale de football : Manu n'a rien perdu de son esprit contestataire, et le public en redemande. "Je l'apprécie presque autant pour son engagement que pour sa musique. Cela fait partie de son art ", confie Sandrine.

Le monde était à Vitry

Retour au disque. Ce nouveau projet se distingue par son mélange de genres et de générations. Dans le titre Heaven's Bad Day, Manu Chao partage le micro avec le légendaire chanteur de country Willie Nelson, âgé de 91 ans, alors que sur le morceau Tu te vas il s'associe à la nouvelle génération, en particulier avec la jeune rappeuse Laeti, héroïne de la série Validé.

Manu Chao nous avait habitués à un éternel retour et il continue avec son nouveau projet : ainsi dans São Paulo Motoboy ou Coraçao No Mar, où l'on pense évidemment à son temps passé au Brésil. Car l'Amérique latine est depuis les origines de son art un passage obligé omniprésent. Carmen, Maria et Eira, respectivement péruvienne et mexicaines, résident en France et connaissent depuis longtemps celui qui a longtemps parcouru leur continent. "À Mexico, il a joué devant 5 000 personnes sur la place de la Constitution en 2006 et de le voir pour la première fois dans un endroit aussi intimiste, c'est dingue", déclare Maria, trentenaire originaire de la capitale mexicaine.

Car en Amérique latine, Manu Chao est une superstar de par le syncrétisme musical et linguistique de ses chansons. "Je dirais que sa musique est plutôt écoutée chez les jeunes des universités publiques urbaines parce que son côté engagé et alternatif séduit beaucoup notamment ces dernières années avec les changements politiques en Amérique latine", justifie Carmen originaire de Lima.

Cet automne, Manu Chao continue son chemin, partageant sa musique pour faire danser toutes les générations. Il se produira à la Brixton Academy de Londres le 22 septembre, puis en Bretagne les 25 et 28 septembre. Toutes les informations sont à retrouver à l'adresse suivante : www.manuchao.net.

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