Vente aux enchères : la mode, un investissement au même titre que l’art
Le Cabinet d’expertises Chombert & Sternbach, fondé en 1989, organise des ventes en collaboration avec des Etudes de commissaire priseurs et le département mode et accessoires du site Expertissim (site de vente d’objets d’art expertisés). Habituées à l'ambiance de Drouot, Dominique Chombert et Françoise Sternbach comptent à leur actif près de 400 ventes, soit près de 200.000 lots.
Spécialisée dans l’expertise de vêtements vintage, haute couture, maroquinerie, accessoires, bijoux fantaisie et fourrures, Françoise Sternbach estime que " la vente d’un tableau ou la vente de mode, c’est pareil. Mais, quand on parle de la mode, il faut, cependant, une sensibilité", insiste-t-elle. Experte des ventes thématiques depuis plus de 20 ans, elle met l’accent sur le fait que si " elles étaient seules (avec Dominique Chombert, ndlr) au départ à travailler sur ce créneau -avec succès-, ce métier d’expert se développe désormais de plus en plus avec internet". Un métier qui exige travail et mémoire.
A côté des jeunes, qui veulent s’offrir des vêtements qui ne sont pas dans leurs moyens, il y a les vrais collectionneurs, les institutionnels (musées, fondations), les marchands et les grands collectionneurs qui connaissent leur métier. " Avant, ils étaient européens, maintenant avec internet, ils viennent de partout", constate Françoise Sternbach.
"Dans les vestiaires des clientes, il y a toujours du Saint Laurent"
"Ce sont les stylistes qui font que tel ou tel créateur a la cote à un moment précis", explique Françoise Sternbach avant d’indiquer son petit faible pour les années 30 "sublimes" mais aussi "le phénomène Rive Gauche avec la haute couture Saint Laurent". Un créateur qui a donné aux femmes une liberté. "Dans le vestiaire des clientes, il y a toujours du Saint Laurent", constate-t-elle. Autre très belle époque, "les années 65-80 avec des créateurs qui se vendent très cher".
Outre les vêtements, les accessoires sont eux aussi recherchés. Son conseil : "Un bon moyen de découvrir les bijoux des créateurs, des artistes et des créateurs contemporains est de se rendre aux Art Déco voir ceux de Chanel, Saint Laurent et Balenciaga." Les chaussures se vendent bien "mais il est conseillé de donner la préférence à des créateurs plus anciens : Céline, Dior, Chanel, Louis Vuitton, Roger Vivier, Salvatore Ferragamo", préconise Françoise Sternbach.
"Il faut regarder avec ses yeux et son cœur. La mode requiert une sensibilité", prône encore cette experte qui dispense quelques conseils : "Pour investir dans un vêtement, Il faut qu’il soit de bonne qualité. Donc sans tâches, ni auréoles." Acheter un vêtement en vue de le porter est envisageable mais elle conseille "de ne pas le porter trop souvent". Elle préconise pour les nouveaux créateurs - Courrèges, Cardin… - "d’avoir la sagesse de les garder, pour les revendre plus tard". Pour elle, "il faut compter avec Alaia et Saint Laurent. Ils ne sont jamais démodés. Il est facile, d’une saison à l’autre, de marier ces vêtements, surtout en les mélangeant avec des créateurs d’avenir".
Elsa Schiaparelli a la cote
Fin janvier 2014, l'actrice américaine Marisa Schiaparelli Berenson a vendu à Paris, chez Christies, des vêtements et objets d’art ayant appartenu à sa grand-mère, Elsa Schiaparelli, décédée en 1973. La couturière Italienne fut au coeur des idées d'avant-garde dans les années 30 à Paris. Elle a été proche des plus grands artistes, dont Salvador Dali et Man Ray, qui ont inspiré son travail. "Je suis convaincue que les objets personnels de ma grand-mère vont inspirer les générations futures", avait alors indiqué Marisa Berenson.
Côté couture, une blouse en soie violette, brodée d'étoiles et de constellations par Lesage, est partie à 31.000 euros tandis que la collection de patrons calicots pour une somme de 56.000 euros. Fin 2013, la vente de la veste dite « du zodiaque » de la collection Astrologie haute couture hiver 1938/39 avait atteint 130.000 euros. Cette veste en velours bleu nuit parsemée d’étoiles filantes, planètes et signes du zodiaque rebrodés par la maison Lesage avait été mise aux enchères par la maison londonienne Kerry Taylor Auctions.
Paco Rabanne, entre haute couture et costumes de scène
Une vente de 200 robes haute couture de Paco Rabanne, créées pour les défilés avant d'être portées sur scène au théâtre et à l'opéra, s’est tenue à Drouot fin janvier 2014. Pierres, métaux, plastique, aluminium : les matériaux industriels avec lesquels il construisait ses robes, séduisent toujours. Ces pièces créées entre les années 70 et 90 ont été rassemblées par Jorge Zulueta et Jacobo Romano, fondateurs du Grupo Accion Instrumental, compagnie argentine.
Une robe avec des pastilles métalliques or et argent a atteint 4.600 euros, un ensemble veste et short composé de pastilles en pvc translucide orange s’est envolé à 3.005 euros et une mini robe ornée de motifs géométriques en rhodoïd miroir a été acquise 2.130 euros. Côté coiffes, bijoux et masques, une cagoule en métal argenté a été vendue 2.379 euros et les 3 masques en résille de Nylon blanc ont triplé leur estimation... Il s'agit de la 2e vente de pièces de Paco Rabanne ayant appartenu à Jorge Zulueta et Jacobo Romano. En janvier 2012, 300 robes-sculptures et accessoires d'opéra avaient été vendus pour 140.000 euros.
De la haute joaillerie au bijou contemporain
Les ventes de bijoux et de haute joaillerie de la maison Christies ont dépassé en 2013 les 678 millions de dollars avec 3 pièces emblématiques : un diamant blanc de 34,65 carats vendu à New York pour 39,23 millions de dollars, un diamant orange de 14,82 carats vendu à Genève pour 35,54 millions de dollars et un diamant blanc de 101,73 carats pour 26,73 millions de dollars. Un montant en hausse de 18% par rapport à 2012.
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