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Upcycling : Louis-Gabriel Nouchi fait de la création à partir de pièces vintage

Who’s Next et Première Classe ont lancé un défi upcycling à 7 créateurs. Les salons ont demandé aux designers de dénicher, dans le stock de seconde main de Kiliwatch, une matière pour imaginer leur future collection. Rencontre avec le créateur français Louis Gabriel Nouchi qui a crée une capsule en mixtant des kimonos colorés avec des vestes noires. Une chic re-création !
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les vestes revisitées avec des kimonos : opération upcycling de Louis Gabriel Nouchi pour le Who's Next
 (DR)

L'upcycling est l’art de transformer des matériaux récupérés en un produit de qualité supérieure. On ne jete rien, on transforme en utilisant d’anciens vêtements et en les destructurant pour en façonner de nouveaux. Dead stocks + Upcycling = (RE)CREATE.

Le 8 juin 2016 à Rouen, 7 designers français et internationaux ont investi l’entrepôt Eureka, stock de 20 000 m2 des friperies Kiliwatch et Hippy Market. Louis Gabriel Nouchi (France), ManéMané studio (Espagne), Second St. (Liban), Sakina M'Sa Front de Mode (France), Delphine Dénéréaz (France), Workoncustom (Italie) et Sea For Sinnerman (France) ont choisi les pièces vintage qu’ils souhaitaient customiser et upcycler. Ils ont recrée une pièce unique à partir d’un article vintage. Ces pièces ont été présentées lors des salons Who's Next et Première Classe du 2 au 5 septembre dans le cadre d’une exposition sur l’upcycling. Ces 7 collections capsules constituées de 20 pièces uniques, qui constituent le projet (RE)CREATE, sont désormais exposées au concept-store Kiliwatch à Paris jusqu'au 1er octobre. Ensuite, direction le Japon pour s’installer dans le Fashion Building Laforet à Harajuku Tokyo.
Les 7 créateurs en plein tri pour l'upcycling
 (Adrien Dubuisson)
Pourquoi avoir choisi de travailler à partir des kimonos ?
"Les kimonos sont des vêtements sur lesquels je travaille depuis plusieurs années. Je suis passionné par le Japon et ces pièces exercent sur moi une grande fascination de par leur motifs, leur matière luxueuse et le savoir-faire ancestral qu'ils véhiculent…".
Ce choix a-t-il été dicté par les imprimés ou la forme du vêtement ?
"Un peu des deux. J'aime beaucoup le fait que ce soit un vêtement dont le patronage ne suit pas la forme du corps (contrairement à l'Occident), la sensualité et l'élégance qui se dégage de l'espace crée entre le corps et le tissu. Les motifs sont aussi extrêmement codifiés (en fonction du sexe, du placement et des couleurs,… )".
Tri des vêtements chez Kiliwatch en vue d'un up-cycling
 (Adrien_Dubuisson)
Comment les avez-vous transformés ?
"J'ai entièrement démonté et découpé les kimonos en bandes rectangulaires de différentes longueurs et largeurs afin de réaliser des compositions graphiques abstraites sur des vestes tailleurs oversized. Les vestes étant entièrement retravaillées : elles ont été démontées, vidées de leur ossature (les épaulettes, les cigarettes, les plastrons…) afin de les rendre déconstruites et souples comme des kimonos".

Quelles ont été les difficultés ?
"Il est beaucoup plus compliqué de travailler sur un produit fini pour avoir un résultat de qualité net. Il aurait été plus simple de créer les vestes de A à Z. Chaque veste étant unique, toutes les finitions ou étapes de constructions étaient différentes pour chaque pièce".
L'entrepôt vintage Kiliwatch
 (Adrien_Dubuisson_Photographies-115.jpg)
Quelles ont été les bonnes surprises ?
"Les associations d'imprimés sur les pièces sont assez spontanées. Je ne voulais pas de direction trop précise sur ce projet. J'ai travaillé à l'instinct en fonction de ce que je trouvais en matériel vintage. Le fait de démonter toutes les vestes était également un moment fort. Chaque veste a son histoire et les méthodes de construction varient énormément entre une veste industrielle des années 80 et une veste faite à la main par un tailleur de quartier… c'était très émouvant. Ce qui fait aussi la beauté de travailler sur une pièce qui a une histoire".

En 2015, vous réalisiez une capsule pour les Galaf, en 2016, vous réalisez encore une collection capsule, est-ce un format qui vous attire ?
"C'est un format très intéressant qui permet de toucher un plus large public, avec des prix accessibles, dans l'idée de faire un vêtement du quotidien. Cela me permet de continuer à évoluer créativement, en ayant un retour direct sur les ventes. Je pense qu'il est capital d'avoir cette réalité commerciale en tête avant même de commencer à designer une collection et cela me nourris d'une manière beaucoup plus intéressante que de faire des collections pensées uniquement pour des défilés ou des shootings photos. Il faut pouvoir avoir le luxe de faire les deux afin que le côté créatif et le côté commercial évoluent ensemble".
Le créateur Louis-Gabriel Nouchi
 (Emilie Gomez)
En 2009, Louis-Gabriel Nouchi entre à La Cambre à Bruxelles, école de mode réputée en Europe où il remporte de nombreux prix. En parallèle de ses études, il multiplie les expériences auprès de la presse et des créateurs belges. En 2014, finaliste du Festival de Hyères, il est repéré par Les Galeries Lafayette qui lui proposent pour la saison automne-hiver 2015-16, de présenter une capsule d'une quinzaine de pièces en revisitant les frontières du masculin/féminin.

Très graphique, l’univers du styliste joue avec les volumes overzise et les motifs abstraits. Les couleurs franches se mêlent aux matières variées pour créer une garde-robe à l’esprit moderniste composée de robes chasubles, de pantalons taille haute, d'un sweat-shirt à manches kimono ou encore d'un manteau, d'une veste en faux poulain et des carrés, étoles.

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