Stéfanie Renoma et ses photos androgynes entre féminité assumée et masculinité raffinée
Styliste et photographe, cette artiste anticonformiste et atypique joue sur le corps. Elle s'amuse à le modeler pour lui donner une ambiguïté trouble, une identité double que renforcent la mise en scène et l'ornement.
L’exposition "Faux-Semblant" en est un bel exemple : le style est affirmé, l'opposition entre l'homme et la femme annihilée et le paradoxe exacerbé. Son modèle type : l'androgyne, le double, la femme-homme, l'homme-femme. Ses photos glamour signent sa fascination pour l’autre lorsque celui-ci fait l’expérience de soi face à son double le plus intime.
3 questions à Stéfanie Renoma
Quelle est votre photo préférée dans l’exposition "Faux-Semblant" ?
A vrai dire, j'ai une connexion spéciale avec chacune de ces photos. Si je devais en choisir une, je pense que ce serait "Teenage boy", celle d'Elliott Sailors, un top model androgyne. Je suis fascinée par ce qu'elle dégage. Nous avons shooté l'été dernier à New York. J'adore cette ville, son énergie. Cette atmosphère m'inspire énormément.
Pourquoi l’androgynie occupe une part essentielle dans vos photos ?
J'aime le côté éphémère de l'androgynie : prendre en photo cette courte période est comme capturer un rêve avant de se réveiller. Ce genre de rêve dont on se souvient toujours. Dans ma vie, je ne fais pas de différence entre l'homme et la femme, j'aime la sensibilité de chacun. Et ce qui est incroyable chez les androgynes - et encore plus en photo - c'est de ressentir ce côté double, l'histoire se raconte d'elle-même.
Comment cette androgynie s’exprime-t-elle dans vos vêtements ?
Je suis spécialisée dans le smoking. La coupe de mes vêtements est très marquée et très féminine à la fois. J'aime les femmes de pouvoir, la working girl sans contrainte.
Une artiste anticonformiste multiple
Styliste-créatrice mais aussi photographe, depuis le début de sa carrière Stéfanie Renoma travaille avec des magazines français et étrangers dans le domaine de la mode, de la beauté, du lifestyle et du fooding.Très présente dans le domaine du luxe, elle instaure son style dans des campagnes de publicité et des campagnes éditoriales auprès de marques de mode, de cosmétique et de joaillerie. Elle dirige et réalise des expositions photos dans des galeries d’art, des hôtels et des restaurants. Son premier recueil photographique, "Monographie Stéfanie Renoma - Art book x Incarnatio edition", regroupe une sélection de photos et des séries exclusives.
La mode en héritage
Elevée dans les sillons créatifs de son père Maurice Renoma - designer et créateur français qui fit les beaux jours de l’avant-garde arty dans les années 70 - Stéfanie Renoma côtoie très jeune les artistes du moment : Serge Gainsbourg, Peter Klasen, César… Ado, les looks conventionnels lui font horreur alors elle fabrique ses vêtements avec des découpes asymétriques et des superpositions décalées. Elle opte pour le design en intégrant l’Ecole Supérieure d’Art Moderne puis le stylisme avec Esmod. Ses premières expérimentations stylistiques la mèneront à créer NI-Search, mélange de glam’rock subtil et de luxe discret. La griffe fait tourner les têtes des fashionistas et du gotha people. Dans son Komplexstore parisien, elle propose un easy to wear chic jouant des détails, des palettes neutres, du men’s wear féminisé… Ce fut la première à vendre en France, au début des années 2000, des collections de denim premium…Anti-mode, unisex et androgynie
Aujourd’hui avec sa griffe éponyme, elle donne un coup de jeune aux approches traditionnelles de l’allure avec des basiques revisités aux accents anti-mode imposant une certaine vision du chic fonctionnel. A ces pièces s’ajoutent une sélection de denim premium et de maille.Poursuivant sa réflexion sur la profusion des genres et fascinée par l’unisex, elle revisite un classique de la maison Renoma, le smoking. Porté depuis sa création par Francoise Hardy, Jane Birkin, Charlotte Gainsbourg et Fanny Ardant, c’est un incontournable du vestiaire de la Parisienne androgyne, une femme qui joue des genres et se joue des diktats, mixe le body masculin au smoking sulfureux. Sa mode : l’élégance d’une femme qui s’affranchit des genres.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.