Rodier, une belle endormie réveillée par une jeune créatrice
Fondé en Picardie sous le 2nd empire, Rodier appartient au patrimoine textile français. Dès les années 1850, Eugène Rodier met le savoir-faire des artisans tisseurs picards au service de l’industrie de la mode naissante. Spécialistes de la laine, ses héritiers imaginent une nouvelle matière durant la guerre de 1914 : le Kasha, un tissage de laines de chèvres du Cachemire. Parallèlement, les usines perfectionnent une autre nouveauté qui va révolutionner l’industrie de la mode : le jersey. Coco Chanel donnera à cette spécialité Rodier ses lettres de noblesse, à travers ses premières collections. Marque de prêt-à-porter à partir des années 1950, elle développe des twin-sets en Kasha la décennie suivante. Et, dans les années 80, toutes les femmes « assurent en Rodier », comme l’affirme le slogan publicitaire d’alors !
Emilie Luc-Duc imagine un nouvel avenir à la maille
« J’aime penser le vêtement dès la mise au point de sa matière. Et la maille me permet de créer ma propre matière première» explique la nouvelle directrice de création, renouant ainsi avec l’histoire de la griffe et son patrimoine. Avec un Master en Arts et Culture et un diplôme des Métiers d’Art, cette experte du costume s’inscrit en 2005 à l’Institut Français de la Mode. Sa passion pour la mode et le design la mène chez Vanessa Bruno, puis chez Dior enfants. Après 2 ans entre la Chine, la Corée et le Japon, elle se spécialise en maille à son retour et se met au service de la créatrice Anne Valérie Hash. Depuis son arrivée chez Rodier en 2011, elle a donné une nouvelle énergie au style.
Rencontre avec la créatrice Emilie Luc-Duc
Recherchant la noblesse de la maille, elle valorise des recherches inédites autour de ce savoir-faire. « Mon idée d’origine était de créer de la maille créative et structurée, affirme la créatrice plutôt que des vêtements à la fluidité sans forme. J’aime redonner de la tenue à cette matière confortable et quotidienne » précise-t-elle.
Les collections se composent de maille et jersey. Le chaîne et trame est mis au service de la maille, avec des imprimés exclusifs sur soie et des mélanges tulle et soie. En plus des collections, elle redessine l’image de Rodier et travaille sur la campagne publicitaire.
Pour l'été, la collection explore 2 directions : textures et couleurs-graphismes
Les textures créatives s’inspirent des matières naturelles recherchées de l’Arte Povera et de celles de Giuseppe Penone, entre autres. Ici, les fils de coton sont gainés de Nylon, les effets de surfaces brutes font référence aux écorces, au galuchat, aux reliefs écologiques et biologiques. Des vifs picturaux reproduisent des traces de peinture, des tâches d’encre, des motifs solaires inspirés de Sonia Delaunay. Des foulards et robes foulards en soie complètent la maille jacquard, alignant des aplats colorés graphiques, des effets coups de pinceaux zoomés et des motifs macro.
Pour l'automne-hiver prochain, la créatrice poursuit sur sa lancée en donnant encore plus de créativité à la maille. « Pour moi, la maille est un concept qu’appelle des volumes, affirme Emilie Luc-Duc, un objet couture. Il faut désormais transposer les codes du chaîne et trame dans le tricot ».
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