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Retour en images sur une New York Fashion week été 2018 toujours aussi légitime

Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet (avec AFP)
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Publié Mis à jour
New York a ouvert le 6 septembre le bal des semaines de la mode printemps-été 2018. Marquée par des départs, notamment ceux de Tommy Hilfiger, Altuzarra, Rodarte ou Thom Browne, cette Fashion Week a su cependant préserver sa légitimité. C'est une place qui compte dans le monde de la mode grâce à ses grands noms et ses jeunes talents prometteurs. Retour en images sur les podiums.

ANGELA WEISS / AFP

New York a ouvert le bal des semaines de la mode avec le défilé du designer américain Tom Ford, qui cherche, comme ses rivaux, à séduire le jeune public. Tom Ford, passé par Londres et Los Angeles, a offert une collection très inspirée des années 90, celles qui ont vu son avènement chez Gucci, sous les yeux de deux anciens mannequins emblématiques de cette époque, Cindy Crawford et Helena Christensen. Tout en se disant tourné vers l'avenir, il a expliqué au site Business of Fashion vouloir s'inscrire dans un "revival" années 90 qu'il a observé autour de lui. Résultat : des vêtements qui, souvent, prennent la lumière, par un effet moiré ou des paillettes, et d'autres qui attirent l'oeil par leurs couleurs vives. Les coupes proposent une silhouette affirmée, avec de nombreuses épaulettes, des vestes cintrées, des robes et des jupes très courtes ainsi que des talons vertigineux.
 (ANGELA WEISS / AFP)
Comment faire le plus de "buzz" pendant la Fashion Week? Philipp Plein, connu pour son goût du spectacle et des soirées grandioses, a fait dans le strip-tease et le bling-bling. Pour son deuxième défilé new-yorkais, le designer allemand, venu de Milan, a plus que jamais montré que sa nouvelle collection n'était pas l'essentiel. C'est l'icône du glamour Dita Von Teese qui a ouvert le spectacle avec un strip-tease digne du Crazy Horse. Elle a achevé son numéro en se plongeant dans une coupe à cocktail géante, éclaboussant la scène par un savant jeu de jambes. Le rappeur Future a été l'autre vedette de cette soirée. Enveloppé dans un manteau blanc métallisé, il a monopolisé la scène transformée en salle de concert un bon quart d'heure, avant que les premiers mannequins commencent à défiler. Le style était "streetwear" à la fois rap et bling-bling, avec une tendance vers le sado-maso : des têtes des filles pendait une natte longuissime, qu'elles fouettaient de la main en marchant. Quant aux vêtements, jupes ou robes faites de lanières de cuir cousues en quadrillage semblaient le leitmotiv de la soirée, avec un collier de cuir au cou pour les hommes comme pour les femmes. 
 (EDUARDO MUNOZ ALVAREZ / AFP)
Le créateur new-yorkais Alexander Wang a lui aussi senti le besoin de faire jouer à fond les réseaux sociaux pour son défilé. Dès vendredi, il avait annoncé sur son compte Twitter que les 100 premières personnes à se présenter samedi à l'ouverture de son principal magasin de New York recevraient un bracelet leur permettant d'assister au show. Une demi-heure avant l'heure officielle du défilé, il a retransmis sur son site des images en direct des mannequins dans un bus qui circulait dans le bas de Manhattan. Le créateur dansait avec ses modèles, parmi lesquelles Kendall Jenner, Bella Hadid et Kaia Gerber, la fille de la mannequin Cindy Crawford, qui effectue des débuts remarqués cette saison à New York, à 16 ans à peine. Formule inédite à la Fashion Week, le bus a effectué une mini-tournée, avec plusieurs arrêts. A chaque fois, les mannequins descendaient du bus pour défiler dans la rue. Et à chaque fois, Alexander Wang venait saluer au pas de course, tapant dans les mains de spectateurs.
	 
 (Lovekin/WWD/Shutterstoc/SIPA)
La chanteuse Rihanna a présenté une collection pour l'équipementier Puma, toujours plus orientée sportswear. Passée ces deux dernières saisons par Paris, elle n'a pas déçu sur la scénographie avec une troupe de motards qui s'est lancée depuis une rampe à plus de dix mètres au-dessus des dunes de sable rose qui constituaient le décor du défilé. Elle a aussi surpris par la tonalité de sa collection, qui a poussé beaucoup plus loin le curseur vers le sportswear, voire le sport tout court, que les trois premières cuvées. Le ballet des shorts en matière épaisse type éponge, des ensembles en style nylon coupe-vent et pantalon rappelait que Puma reste, avant tout, un équipementier sportif, même si sa marque Fenty avec Rihanna suit sa trajectoire propre. Les pièces frappaient surtout par leur côté technique, notamment les coupes, le choix des matières et une série de poches. Restent les cuissardes et les talons XXL, ou encore ces lanières enlacées façon résille sur les flancs, qui apportent une touche de féminité. En clôture, elle a effectué un tour d'honneur à l'arrière d'une des motos.
 (First View/Cover Images/SIPA)
Victoria Beckham a délaissé son noir favori pour les couleurs vives et chaleureuses des marchands de glaces et de scintillantes pantoufles au nom de sa fille de six ans, Harper. "C'est de la pâte à modeler, c'est de la crème glacée mais pas trop sucrée", a déclaré l'ex-Spice Girl de 43 ans, en commentant sa palette de couleurs. "C'est frais, c'est gai, j'adore les chaussures qui brillent, je suis obsédée par la pantoufle Harper", a-t-elle ajouté. Victoria Beckham, qui se targue de faire des vêtements portables, a indiqué s'être concentrée sur la légèreté et la superposition des couches, pour séduire les voyageurs aisés. Pantalons skinny, jupes taille basse et des robes si fines qu'elles deviennent transparentes. Et côté couleurs, violet pâle, pistache, rose-pêche, avec quelques touches de rouge, soulignées d'un motif quadrillage très fin. "Ca me rappelle l'école, quand on avait un devoir de maths", a-t-elle expliqué à l'AFP. "On dirait du papier quadrillé". "J'ai porté tellement de noir, ça me réjouit vraiment de porter des couleurs, ça me rend vraiment heureuse", a-t-elle ajouté. 
 (JP Yim / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
Tory Burch voulait une collection qui dégage de "la joie et du bonheur", "sans ignorer la tristesse de ce qui arrive" en ce moment aux Etats-Unis, avec la volonté de "rassembler". Son inspiration, elle l'a trouvée dans l'oeuvre du designer d'intérieur David Hicks, qui a marqué, à partir des années 60, par son goût pour les formes géométriques et les couleurs, en rupture avec la neutralité de la plupart des intérieurs de l'époque. "Je voulais y ajouter une touche moderne, être inspirée mais le faire à notre façon", a-t-elle confié. La designer originaire de Pennsylvanie a opté pour une série d'imprimés, reprenant le plus souvent des formes géométriques, symétriques ou non, et distillant des touches de couleurs, parfois vives. La créatrice voulait offrir aux femmes la possibilité d'"expérimenter" la couleur, pour "ne pas toujours porter du noir". Outre les formes de David Hicks, la créatrice a aussi emprunté au monde oriental, avec des motifs arrondis, une robe de type djellaba et des mules façon babouches. Pour les matières, elle a voulu de la légèreté, avec beaucoup de coton et de soie. Le tout agrémenté d'accessoires qui contribuent à une allure audacieuse et sophistiquée, comme un collier avec des plaques de métal scintillantes. Pour la couturière, femme d'affaires volontariste devenue une référence du prêt-à-porter américain, il s'agit d'"avoir l'air chic mais sans exagération".
 (ANGELA WEISS / AFP)
Raf Simons a présenté sa deuxième collection pour Calvin Klein, un défilé "entre cauchemar et rêve américain" et en forme d'ode à l'avant-garde artistique new-yorkaise. Le créateur flamand de 49 ans et ancien de chez Dior est considéré comme l'un des créateurs les plus doués de sa génération. Parmi les mannequins, c'est la fille de Cindy Crawford, Kaia Gerber, qui vient de fêter ses 16 ans, qui a créé l'évènement en défilant pour la première fois, sous les yeux de son frère, également mannequin. Arrivé chez Calvin Klein en août 2016 avec pour mission de régénérer la marque et ses ventes, Raf Simons avait repris pour ce défilé l'esprit du décor qui avait électrisé le public lors de son show de février. Comme en février, des bouquets de fils de laine et des tissus rouge sang tombaient des plafonds, laissant émerger de menaçantes lames de haches. Pour les hommes, pantalons et chemises en satin style cow-boy bi- ou quadri-colores, pulls sans manches à torsades de couleurs, T-shirts en maille façon filet. Côté femmes, des blouses et des robes élastiquées au cou, souvent avec un grand revers dans le dos. Et pour les deux sexes, des T-shirt imprimés d'oeuvres d'Andy Warhol, artiste éminemment new-yorkais que Simons a expliqué avoir "trouvé en explorant l'Amérique". Des imperméables, des pantalons, des blousons comme marqués de tâches de peinture noire. Le créateur a expliqué avoir puisé son inspiration dans le cinéma américain. "Il s'agit de l'horreur américaine et de la beauté américaine", a-t-il indiqué dans la note présentant sa collection. "La mode essaie de cacher l'horreur et d'embrasser uniquement la beauté. Mais toutes deux font partie de la vie", a-t-il ajouté.
 (ANGELA WEISS / AFP)
Les deux Néerlandais de Maison the Faux continuent d'interroger le monde de la mode en particulier et la société en général sur ses conventions. Après s'en être pris à la consommation à outrance, puis à l'institution du défilé, Tessa de Boer et Joris Suk ont évoqué le poids des normes. Elles étaient représentées par des rayures et des lignes, avec souvent le manichéisme du noir et du blanc. Les créateurs voulaient représenter "la façon dont on force les gens à entrer dans des formes", a dit Tessa de Boer. Autre symbole de l'impératif conformiste, le tailleur Chanel en tweed, réinterprété avec audace jusque dans un string rose et blanc porté par un mannequin homme. "Pour nous, on en revient toujours à ce qui est authentique et ce qui est fabriqué", a expliqué Tessa de Boer. "Pouvez-vous être vous ou êtes-vous ce que vous pensez devoir être ou ce que les autres veulent que vous soyez ?"
 (Frazer Harrison / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
Ralph Lauren a montré qu'il était en quête d'un nouveau ton en dévoilant une collection d'une exceptionnelle sobriété, dédiée aux carreaux, au tweed et au cuir. Il avait organisé le défilé dans le garage de sa propriété de Bedford, au nord de New York, au milieu de quelques-uns des plus beaux modèles de sa collection. Le style tweed ou pied-de-poule était à l'honneur avec ses carreaux très fins, déclinés en tailleur, pantalon, robe, bustier, jupe, mais aussi des accessoires, foulard, sac et chapeau. Le gris et le blanc typiques de cet univers étaient largement représentés côté homme, car le défilé était mixte, notamment dans un ensemble ton sur ton composé d'un costume trois pièces avec cravate et manteau assortis. L'autre grande tendance de la collection était le cuir, inspiré de l'univers de la course automobile, souvent noir mais avec des touches de jaune et de rouge vifs. Signe d'une maison qui évolue avec son temps, les pièces de la collection étaient disponibles à la vente sur le site de la marque immédiatement après la présentation de cette collection d'automne, et non de printemps comme le voulait l'usage ancien. 
 (ANGELA WEISS / AFP)
Le jeune créateur australien-américain Mathew Adams Dolan, qui doit son succès rapide au fait que Rihanna soit tombée amoureuse de ses jeans "oversize", a présenté un défilé qui se voulait, "à l'heure de manifestations constantes et de divisions politiques grandissantes, une méditation sur ce qu'a signifié être Américain par le passé et ce que cela signifiera demain". Il dit s'être inspiré à la fois des images d'Epinal d'une "Amérique pittoresque" et sereine, comme des photos iconiques de familles comme les Kennedy, les Lauren, les Lauder, et du "bas-ventre subversif de l'aristocratie", car "sous le vernis, il y a quelque chose de plus sombre". Cela se traduit par des vêtements qui, partant du vestiaire BCBG (preppy), se déconstruisent : par exemple des pulls classiques torsadés portés immensément amples, une manche traînant dans le dos ou entourant la taille, des costumes rayés chics aux manches démesurément longues (emblématiques du jeune créateur), des pantalons style décontractés chics portés larges dès la cuisse et devenant des pattes d'éléphant arrivé aux chevilles.
 (Albert Urso / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
Pour illustrer le thème de la Nouvelle-Orléans, inspiration dominante de la collection, la maison Kate Spade avait fait venir une fanfare lors de sa présentation, dans l'Oyster Bar, établissement niché au coeur de la gare de Grand Central. Plus de défilé pour la marque qui vient d'être rachetée par Coach, pour 2,4 milliards de dollars, la préférence va désormais aux présentations. "Les gens peuvent s'approcher des vêtements et j'aime toujours le rapport humain, se parler à deux plutôt que dépendre uniquement des réseaux sociaux", a plaidé Deborah Lloyd. La collection avait un parfum romantique, inondée de fleurs et de couleurs pastel, tout en étant aussi plus sportswear qu'à l'habitude. Une mode "un peu plus facile cette saison, ce qui la rend plus pertinente", a expliqué la présidente et responsable de la création, alors que le monde du prêt-à-porter cherche à accrocher les fameux "millenials". Le rachat par Coach n'a rien changé à la direction de la marque, assure la responsable, aux commandes depuis dix ans. "La raison pour laquelle il nous ont achetés", dit-elle, "c'est que nous sommes une marque indépendante."
 (Chinsee/WWD/Shutterstoc/SIPA)

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