"Graphic Fashion": la rencontre Yayoi Kusama-Louis Vuitton s'expose au Printemps
Yayoi Kusama travaille depuis plus de 50 ans, en voyageant à travers le Japon, en passant par les théâtres de New York dans les années 60 et 70. Connue pour ses répétitions de motifs de pois, sa palette artistique combine une variété de moyens d’expression : peinture, dessin, sculpture, film, performance, écriture…Une partie de son travail est marquée par l’obsession d’échapper à un traumatisme psychologique.
Yayoi Kusama où l'art de la perte de repère
A l’origine de son oeuvre, une hallucination vécue lors d’un dîner : à table les fleurs rouges de la nappe se multiplient alors sur les murs, le sol et sur elle-même. L’artiste, née en 1929 au Japon, veut transcrire la perte de repère. Dans les années 50, elle se fait connaître avec les Infinity Nets, des réseaux monochromes composés d’un élément unique minuscule répété à l’infini. En 1958, elle s’installe à New York, où elle fréquente l’avant-garde et expose aux côtés de Claes Oldenburg, Andy Warhol et Donald Judd. Dans ses installations, elle recouvre des objets quotidiens de protubérances molles. Depuis son retour au Japon en 1973, l’artiste -qui se définit elle-même comme obsessionnelle- vit dans un hôpital psychiatrique et se rend chaque jour à son atelier pour créer. Reconnue à la fin des années 80, elle enchaîne les expositions (Biennale de Venise, MOMA à New York, Maison de la Culture du Japon à Paris). Cette rétrospective confirme son statut de figure incontournable de l’art contemporain.
Depuis sa création, Louis Vuitton entretient une relation étroite avec l’art
Cette tradition s’est renforcée avec Marc Jacobs. Pour le directeur artistique : « le caractère obsessionnel et la naïveté de son oeuvre me touchent ». L’admiration est réciproque : Kusama, dont beaucoup de performances interrogent le vêtement et le corps, a un respect profond pour la créativité de Marc Jacobs.
Comme points de départ de la collection : l’obsession et la sérialité. La maroquinerie, le prêt-à-porter, les souliers, les accessoires, les montres et la joaillerie deviennent les supports de ses motifs répétitifs organiques. Traités dans des couleurs énergiques et hybridés, les pois couvrent les produits à l’infini. En all over, ils traduisent les infinies possibilités de jouer avec les échelles, les couleurs et densités. Ici pas de centre, pas de début, pas de fin. Cette prolifération hallucinatoire sera relayée dans les vitrines Vuitton du monde entier, tapissées des motifs emblématiques : les sculptures biomorphiques, les fleurs et les pois rouges sur fond blanc parmi lesquels se cachent des silhouettes de Kusama. Pour l’artiste, qui dit « ma vie est un pois perdu parmi des millions d’autres pois », avec cette collaboration, elle veut véhiculer son message : « Love Forever ».
Un Pop-Up store avec des produits exclusifs
Son installation iconique en rouge et blanc reprend l’une de ses plus célèbres créations, des sculptures biomorphiques. Au niveau -1, des meubles tout en rondeur, recouverts de pois rouges et blancs à l’infini, dévoilent les portants de vêtements et les accessoires. Cette installation engage les visiteurs à apprécier l’étendue des volumes et la qualité des graphismes de son oeuvre.
Comme le souligne Marc Jacobs : «Yayoi Kusama s’est souvent réclamée d’une obsession pour l’infinité. Vous pouvez le voir dans chaque toile ou installation minutieusement créée, et vous verrez aussi un monde qui ne finit jamais. C’est ce que j’admire, ce que j’aime et ce qui me parle dans son travail ». La collection de maroquinerie Monogram est imprimée des motifs que Yayoi Kusama appelle Pumpkin Dots, Waves, Town.
La façade et les vitrines du Printemps relookées
La façade met à l’honneur son travail avec 5 vitrines qui accueillent une création inspirée par une œuvre iconique. « Narcissus Garden » date de 1966, lorsque Yayoi Kusama a participé pour la 1re fois à la 33ème Biennale de Venise. Son travail d’alors comprenait des centaines de sphères miroirs exposées dehors, dans ce qu’elle appelait un « tapis cinétique ». Les vitrines intitulées « Désirs pour l’univers et au-delà » contiennent les sphères miroirs de « Narcissus Garden » ainsi que des mannequins statiques et des poupées miniatures couvertes de pois rouges et blancs. Les autres vitrines reprennent ces codes couleurs, l’infinité de pois et pour certaines l’espace se reflétant à l’infini dans des jeux de miroirs.
Partager : l’article sur les réseaux sociaux
les mots-clés associés à cet article
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.