"De Calder à Koons, bijoux d’artistes" : des oeuvres d'art miniatures et intimes au MAD
La collection de Diane Venet constituée de 230 pièces illustre le travail de 150 artistes français et internationaux. De Alexander Calder à Jeff Koons, en passant par Pablo Picasso, Niki de Saint Phalle, César, nombreux sont les artistes modernes et contemporains à s’être intéressés au bijou. Ces oeuvres qui allient l'art et l'intime sont à découvrir jusqu'au 8 juillet 2018 au Musée des Arts Déco.
Diane Venet se souvient de l’origine de sa collection : "Ma passion pour le bijou d’art est née le jour où Bernar (ndlr : mari et sculpteur) s’est amusé à enrouler autour de mon annulaire gauche une fine baguette d’argent pour en faire une alliance... Ce geste, attendrissant dans sa spontanéité, a eu un autre effet sur moi, celui de me faire découvrir l’univers trop peu connu de ces bijoux d’art uniques, précieux pour leur rareté et leur charge symbolique souvent à l’origine de leur création".
Dans l'exposition "De Calder à Koons. Bijoux d'artistes. La collection idéale de Diane Venet", les bijoux - le plus souvent de taille modeste - nichés dans leurs écrins de verre entrent en résonance avec des oeuvres plastiques plus monumentales installées le long du parcours.
Quelle est la particularité d’un bijou d’artiste ?
Il s’agit exclusivement, ici, de créations d’artistes, peintres ou sculpteurs. Un bijou d’artiste, au même titre qu’un tableau ou une sculpture, est une oeuvre d’art. Né d’une même démarche créatrice, il en possède la force, la poésie, la provocation et parfois l’humour. Ce bijou n’est pas une oeuvre d’art comme les autres puisqu’il a vocation à être porté. Le porter, c’est s’approprier en quelque sorte un peu du génie de l’artiste qui l’a créé.
"Toutes ces oeuvres, et tant d’autres, constituent un musée miniature qui se porte au poignet, au cou ou au doigt. Elles proposent un regard nouveau sur cette création qui adapte le vocabulaire plastique de l’artiste aux exigences évidentes du bijou, telles que la taille, le poids, la portabilité…" explique Diane Venet, collectionneuse depuis plus de 30 ans.
C'est l’oeuvre de plasticiens, de peintres ou de sculpteurs
Ce bijou n’appartient ni à l’univers de la haute joaillerie, ni à celui du bijou fantaisie, ni même à celui des paruriers (apparu à l’instigation d’Elsa Schiaparelli ou de Gabrielle Chanel). Il n’est pas non plus associé aux créateurs indépendants du bijou contemporain qui conçoivent autant qu’ils réalisent et considèrent l’objet comme un champ d’expression à part entière.
Geste d’affection, souvent conçu pour un proche, il est l’oeuvre de plasticiens, de peintres ou de sculpteurs pour lesquels cette pratique est occasionnelle, souvent inhérente à leur mode de création.
Rares sont les artistes qui réalisent eux-mêmes leurs bijoux. Harry Bertoia, John Chamberlain, Louise Nevelson, Claude Viallat ou Alexander Calder font figure d’exception. Les bijoux d’artistes façonnés dans des matériaux traditionnels - or, argent, bronze, émail - ont été réalisés pour la plupart par des orfèvres.
Des artistes d'avant-garde : Picasso, Giacometti, Dali
Non exhaustive, subjective et poétique, l'exposition est dictée par les coups de coeur de Diane Venet. Les artistes d’avant-garde ouvrent le parcours : Picasso est fasciné par le potentiel sculptural des matériaux en deux dimensions tandis que Derain transpose dans ses têtes en bronze bijoutées son admiration pour le Bénin.
Les idées provocatrices des Surréalistes sont évoquées sous le titre "Rêve et fantaisie" avec le masque perforé de Man Ray, les bijoux de Salvador Dalí et l’univers onirique de Jean Cocteau.
L’exposition se poursuit avec une vision contemporaine du bijou autour des "Métamorphoses de la nature". Cette veine naturaliste s’exprime avec Lowell Nesbitt qui traite le sujet de la fleur de façon monumentale ou Giuseppe Penone avec l’empreinte de sa main sur une feuille d’or.
Puis voici Niki de Saint Phalle qui, quant à elle, traduit à l’échelle du bijou l’image forte et ludique de ses célèbres Nanas.
Les mouvements modernes et contemporains
L’Art abstrait est illustré par l’univers poétique de Fausto Melotti et les surfaces monochromes lacérées de Lucio Fontana déclinées sur ses bracelets. Le Pop Art, de Roy Lichtenstein à Robert Rauchenberg, dépeint avec humour et ironie "L’American way of life".
Les Nouveaux Réalistes, César et Arman, empruntent sous formes de compressions et d’accumulations les symboles de la consommation. Pol Bury évoque l’Art Cinétique avec l’insertion d’éléments mobiles dans ses bijoux. Takis formule des propositions originales sur le magnétisme. L’Art minimaliste et conceptuel s'exprime avec les bagues de Sol LeWitt réalisées pour ses filles. Enfin, l’art intemporel de Pierrette Bloch duplique ses motifs à l’infini.
La Galerie des bijoux du MAD
Les passionnés poursuivront leur visite avec la Galerie des Bijoux qui présente 1 200 pièces du Moyen Âge à nos jours. Bagues, colliers, bracelets et broches sont présentés au sein d’un parcours chronologique. Les bijoux sont exposés derrière des parois de verre qui couvrent la totalité des murs de la galerie. En complément de la présentation chronologique, un mur de vitrines apporte un regard différent sur la production des bijoux à partir des matériaux bruts les plus surprenants. Le public peut découvrir les pierres précieuses ou fines utilisées dans la joaillerie ainsi que les matières travaillées en bijouterie : l’or, l’argent, l’acier, la fonte de fer et le maillechort ainsi que des matières organiques (corail, ivoire, nacre et corne) ou, plus inhabituels, des bijoux en cheveux ou en écailles de poisson. Les matières plastiques et le strass mettent quant à eux l’accent sur la diversité de la production de bijoux fantaisie.
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