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Les cent ans de Cardin fêtés à Venise : le changement dans la continuité

Le Palazzo Ca'Bragadin a vu pour la première fois une rétrospective de pièces futuristes et graphiques du couturier évoquant la conquête spatiale.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Défilé lors de la célébration du centenaire du créateur Pierre Cardin, à Venise, le 2 juillet 2022.  (ANDREA PATTARO / AFP)

La maison Pierre Cardin a célébré son créateur, qui aurait eu cent ans samedi, avec un défilé dans son palais à Venise et l'envie de relancer un empire reposant sur une multitude de licences.

Eco-responsabilité

Pierre Cardin, décédé fin 2020 à l'âge de 98 ans, n'aimait pas "qu'on lui souhaite bon anniversaire" mais avait envie de fêter ses 100 ans, raconte à l'AFP Rodrigo Basilicati-Cardin, son petit-neveu et directeur général de la Société de gestion. La nouvelle collection créée par ses studios reprend les silhouettes phares de Cardin, comme la robe trapèze ou des accents géométriques, et est axée sur l'éco-responsabilité. Les pièces sont faites à partir de stocks de tissus dormants de la maison, de polyesters recyclés ou de fibres naturelles de lotus ou de bananier provenant d'une fabrique cambodgienne.

Pas de célébrités au défilé mais 120 des 300 invités étaient des licenciés qui produisent aux quatre coins du monde sous la marque Pierre Cardin. A l'image du modèle bâti par le couturier qui avait, à partir des années 1960, multiplié à outrance les contrats de licences, ce que son héritier veut préserver en essayant de mieux les contrôler.

Détail d'une création Pierre Cardin lors du défilé célébant le centenaire du créateur Pierre Cardin, à Venise, le 2 juillet 2022.  (ANDREA PATTARO / AFP)

La maison va intégrer la semaine de la mode parisienne

"C'est encore un petit empire économique avec ces licences qui arrivent toujours à fonctionner" mais "Cardin, c'est un nom qui s'est marginalisé", explique à l'AFP Arnaud Cadart, gérant de portefeuille chez Flornoy Ferri. "Cela se vend toujours mais plutôt dans des pays émergents et auprès des clientèles peu éduquées au luxe", ajoute-t-il. A Paris, "ce n'est plus rien par rapport à Louis Vuitton ou Saint Laurent. C'est abyssal en termes de réputation et de dynamique commerciale".

Après le défilé-hommage au pied d'une fusée au Bourget, près de Paris en janvier, et celui de Venise samedi, la maison va officiellement intégrer la semaine de la mode parisienne en février-mars 2023, 25 ans après que Pierre Cardin l'a quittée. Rodrigo Basilicati-Cardin compte sur l'équipe "soudée" du studio pour relever ce nouveau défi. "C'est mon travail de veiller qu'on ne déraille pas", souligne-t-il. Il n'a pas l'intention d'inviter un styliste extérieur pour ne pas dénaturer Pierre Cardin".

Pourtant, "il faut un directeur artistique aujourd'hui, une personnalité. C'est en prenant ce risque-là qu'on peut amplifier le potentiel" de relance de la marque, selon Olivier Gabet, directeur du musée des Arts décoratifs, en marge d'une rétrospective sur la créatrice Elsa Schiaparelli (1890-1973), dont la maison connaît un grand succès avec le directeur artistique Daniel Roseberry avec des pièces portées par Beyoncé ou Lady Gaga.

Le design de Pierre Cardin, qui "s'est appuyé sur une vision du futur qui était cosmique à l'époque", pourrait se traduire aujourd'hui dans des "matières intelligentes, qui rechargent les batteries des téléphones, permettent de réguler la température du corps ou auto-nettoyantes", anticipe Ariane Bigot, adjointe à la direction mode du Salon Première vision.

  (ANDREA PATTARO / AFP)

Préserver la tradition

"Un ADN et un nom fort" pourraient permettre à la maison de se réinventer", dit-elle à l'AFP. Arnaud Cadart, lui, a des doutes. "Il n'y a pas d'héritage créatif de ces 30 dernières années. Pierre Cardin signait des contrats de licences, achetait des maisons, parfois des villages entiers. (...) Il n'y a pas de relais, sauf si vraiment le coup de crayon du neveu est incroyable", lance-t-il, cinglant.

Le même souci de préserver la tradition règne au restaurant Maxim's à Paris, joyau de l'Art nouveau racheté par Cardin en 1981 et qui n'a jamais retrouvé son éclat d'antan. "C'est comme une vieille voiture de collection, il ne faut pas la bousculer. Ici, c'est le restaurant qui vous apprivoise, pas le contraire", déclare à l'AFP son chef Nicolas Castelet, récemment nommé.

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