Reportage : C.Fazi/J-P.Bierlein/D.Roux Paul Poiret, couturier parfumeur, a signé une quarantaine de parfums aux noms exotiques et très évocateurs : "Borgia", "Maharadjah", "Fruit défendu", "Coup de foudre", "Sa chambre"... En 1911, alors jeune trentenaire, il a lancé les "Parfums de Rosine", du nom de l'une de ses filles. Ce précurseur est devenu le premier couturier à commercialiser ses propres parfums, en considérant qu'ils constituaient une partie centrale de la parure féminine, a souligné une présentation de l'exposition, citée par l'AFP.Paul Poiret s'est entouré d'une maison de parfumeurs de Cannes-la-Bocca, filiale d'un établissement de Grasse, mais aussi d'artistes pour dessiner les flacons.Le musée de Grasse présente une collection de flacons accompagnés par leurs boîtes-écrins stylisées en carton, ainsi que des éventails, des cartes parfumées et des affiches publicitaires vantant ces élixirs. Paul Poiret s'est également lancé dans les vaporisateurs, peints par des jeunes filles défavorisées invitées à s'exprimer librement dans "les Ateliers Martine" de création... À l'exposition Paul Poiret, au Musée international de la Parfumerie de Grasse... (6 juin 2013) (PhotoPQR / Nice Matin / Alain Brun Jacob) Pionnier de l'émancipation fémininePour faire découvrir cet homme éclectique et audacieux, le musée de la parfumerie expose également plusieurs robes du célèbre couturier (inspirées par sa femme et muse, Denise), ainsi que des photos et des films d'archives dévoilant ses fêtes extravagantes où se pressait le tout Paris. En 1906, il a été le premier couturier, avec Madeleine Vionnet (1876-1975), à supprimer le corset en créant des robes taille haute. De fait, il est l'un des pionniers de l'émancipation féminine.Paul Poiret, collectionneur d'art, comptait parmi ses amis André Derain, Kees van Dongen, Henri Matisse, Pablo Picasso ou encore Raoul Dufy. Ce dernier lui a d'ailleurs dessiné de splendides imprimés avec des motifs floraux ou animaliers, exposés à Grasse.Après les années fastes, ses maisons de couture, de parfumerie et d'art décoratif ont sombré avec la crise de 1929. Paul Poiret s'est éteint à Cannes à 65 ans, seul et ruiné, après avoir publié trois livres de mémoires.Des rétrospectives à New York (2007) et Moscou (2011) s'étaient focalisées sur la haute-couture, sans traiter à part entière son activité de parfumeur, ont précisé les organisateurs. L'exposition comprend des fonds propres du musée et de grandes institutions, mais aussi des prêts inédits de collections privées. C'est l'occasion aussi de visiter les collections permanentes du Musée international de la parfumerie (ouvert tous les jours), vaste panorama sur l'histoire et l'industrie de la parfumerie française, dont le berceau historique est à Grasse.