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«N°5 Culture Chanel» : les codes artistiques de Mademoiselle au Palais de Tokyo
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié le 04/05/2013 18:26
Mis à jour le 06/12/2016 06:30
L'exposition révèle une partie des secrets de l'histoire du N°5 depuis sa création par Mademoiselle Chanel en 1921 à travers des archives personnelles de la créatrice de mode, des photos, des films, des livres et des oeuvres d'art. Après Moscou, Canton, Shanghai et Pékin, Paris est le 5e opus de ce projet décryptant le contexte et les références qui relient ce parfum à son époque. Passionnant !
L'exposition montre l'univers d'une époque et l'imaginaire de Gabrielle Chanel qui la conduisirent à créer cette flagrance à l'aube des années 20. Son entourage artistique est alors des plus riches. Parmi ses amis, elle compte Jean Cocteau, Pablo Picasso, ou le peintre Francis Picabia. Elle est aussi entourée de musiciens, le pianiste Erik Satie ou le compositeur russe Igor Stravinsky.
(Man Ray Trust / ADAGP Paris 2013)
Pour Jean-Louis Froment, le commissaire de l'exposition : « C'est le portrait d'un parfum à travers sa créatrice Gabrielle Chanel et à travers aussi une époque qui résonne très fortement à l'intérieur de cette création…Il traverse des pays, des jardins, des livres, des poèmes, des mouvements artistiques où chaque fois il prend la source de la modernité de sa composition ».
(Philippe Halsman/Magnum Photos © Droits d’Image de Salvador Dalí réservés. Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres, 2013)
Parce que tout jardin est synonyme de senteurs, c’est par lui que débute la visite. C’est une évocation poétique du N°5 tel que le conçoit Piet Oudolf -chef de file de la nouvelle vague naturaliste- qui signe ici son premier projet en France. Un jardin qui restera visible toute l’année 2013. Sa traversée conduit le visiteur vers l’entrée de l’exposition, à l’étage.
(Collection CHANEL, Paris )
Là, à l’intérieur de vitrines transparentes, des livres, des œuvres d’art, des objets et des fims côtoient d’autres vitrines contenant un livre blanc, embossé, fil rouge du parcours. C’est la graphiste Irma Boom, Lauréate du Prix Gutemberg en 2001, qui a créé une édition réalisée à partir d’images illustrant le N°5 ainsi que de citations de Mademoiselle Chanel et de différents auteurs.
(Collection particulière. Courtesy Ronald Feldman Gallery New York. Photo Corinne Jeammet)
Lorsque Gabrielle Chanel charge Ernest Beaux d’imaginer pour elle un parfum, ne cherche-t-elle pas à travers lui ce que Proust nomme une “réminiscence“, le souvenir chéri d’un amour que la mort accidentelle d’Arthur Capel fin 1919 a interrompu ? C’est Arthur Capel dit Boy qui a transmis à Gabrielle Chanel un goût pour la littérature et l’ésotérisme. C’est à ses côtés qu’elle devient une lectrice, et une fois Boy disparu, elle s’attache aux signes et aux chiffres qu’ils partageaient.
(Bibliothèque historique de la Ville de Paris, Paris (France) © BHVP/Roger Viollet )
N°5 voit le jour en 1921 dans un contexte créatif dynamique. Depuis la révolution cubiste des Demoiselles d’Avignon de Picasso en 1907 et l’avènement du Futurisme italien en 1908, les avant-gardes triomphent à l’aube des années 1920. L’abstraction traverse la création inspirant aussi bien les arts plastiques que la poésie, la littérature, la musique jusqu’aux effluves de ce parfum nouveau…
(FRAC Bourgogne, Dijon (France) © Man Ray Trust/ADAGP, Paris 2013)
Gabrielle Chanel est proche des créateurs parmi les plus novateurs de son époque - Cocteau, Picasso, Apollinaire, Stravinsky, Dali et Diaghilev. Né de cet air du temps qui porte les avant-gardes, le N°5 semble en être le manifeste. Le Cubisme, le Dadaïsme, le Surréalisme sont autant de courants dont il pourrait constituer le double olfactif, tant il exprime cette aspiration à une modernité absolue. Quand Gabrielle Chanel lance son 1er parfum, c’est au créateur de parfum français Ernest Beaux qu’elle confie cette mission. Ils inventent “un parfum de femme à odeur de femme“... Pensé comme une robe de couture, le N°5 est le premier parfum en rupture avec les fragrances en vogue qui n’évoquent le plus souvent qu’une senteur figurative (la rose, le jasmin, le lilas). Elle le conçoit comme un simple numéro, une dénomination de laboratoire, qui est aussi son chiffre porte-bonheur. La même rigueur s’applique au flacon carré, glissé dans un emballage de papier gros grain blanc gansé de noir, dont l’élégance fait écho à la ligne épurée qu’elle impose à travers ses créations de mode.
(The Vera and Arturo Schwarz Collection of Dada and Surrealist Art in the Israel Museum © ADAGP Paris, 2013/courtesy Comité Picabia © Photo Avshalom Avital/ The Israel Museum Jerusalem)
Le succès de N°5 Outre-Atlantique est tel qu’en 1945, les GIs se précipitent rue Cambon pour rapporter à leurs femmes le parfum le plus français. En 1954 c’est Marylin Monroe qui dans une interview déclare ne porter pour dormir que “quelques gouttes de N°5“. En 1964, Andy Warhol représente l’image du flacon démultiplié inscrivant ainsi le N°5 parmi ses icônes du XX° siècle. Lauren Hutton, Ali Macgraw, Candice Bergen, Catherine Deneuve, Suzy Parker, Carole Bouquet, Nicole Kidman, et dernièrement Brad Pitt, incarneront son image.
(Collection privée/Musée des Lettres et Manuscrits, Paris (France) © Private Collection/Musée des lettres et manuscrits-Paris)
La visite de l'exposition se prolonge par la bibliothèque multi média. Dans cet espace, une présentation olfactive de 7 composants du N°5 (ylang-ylang, vanille, bois de santal, aldéhydes, rose, jasmin, hespéridés) est proposée dans des tiroirs odorants. A disposition également des livres (avec une section pour les plus jeunes) sur les artistes, le parfum et l’univers de Chanel ainsi que des tablettes tactiles pour visionner des films documentaires sur les matières premières et les secrets de fabrication du N°5. Une salle de projection diffuse des films publicitaires. De nombreuses égéries ont prêté leur image depuis la première publicité incarnée par Gabrielle Chanel en 1937 : de Catherine Deneuve à Carole Bouquet en passant par Nicole Kidman ou plus récemment Brad Pitt. Enfin, des ateliers olfactifs permettent de découvrir comment se compose ce parfum.
(Collection Chanel, Paris (France) © Éditions Gallimard)
Exposition « N°5 Culture Chanel » du 5 mai au 5 juin. Palais de Tokyo. 13, avenue du Président Wilson. 75016 Paris. Entrée par le 2, rue de la Manutention. Tous les jours sauf le mardi de midi à minuit. Entrée libre. Accompagnement avec audioguide gratuit et livret. www.5-culturechanel.com
(Corinne Jeammet)
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