"Mode & femmes 14/18" : les prémices de l'émancipation des femmes

L'exposition aborde la mode de la Première Guerre mondiale avec une grande diversité de supports : robes, chapeaux et uniformes d'époque y côtoient Unes de magazines de mode, photographies et journaux satiriques.

La haute couture s'engage

Dans un premier temps, l'exposition montre comment l’éclatement du conflit bouleverse l'industrie de la haute couture. Elle s’intéresse à l’évolution stylistique des vêtements portés par les femmes de l’aristocratie de la “crinoline de guerre” à la robe “tonneau”. Les robes reflètent aussi l’actualité avec leurs couleurs patriotiques et leurs détails militaires. En montrant les efforts des couturiers pour défendre le savoir-faire français face à la concurrence étrangère, elle insiste sur la valeur économique, symbolique et patriotique revêtue par la haute couture pendant ce conflit.

Les uniformes des travailleuses

Les femmes qui travaillent revêtent des tenues ou uniformes. Ce vêtement spécifique, relié à l’activité exercée, révèle le nouveau statut social de la femme qui remplace son mari dans l’exploitation agricole, les usines de munitions, à la Poste… Ce nouveau vêtement est à l’origine de débats sur la masculinisation des femmes et sur le brouillage du genre même si la coquetterie n'est pas pour autant abandonnée : ici des bijoux, ici un col blanc qui dépasse d'un uniforme d'ouvrière.

Une période de ruptures

Quel est le rôle des femmes restées à l’arrière qui subissent la guerre au quotidien, tout en ayant la responsabilité de leur foyer et en attendant le retour de leur mari ? L'exposition aborde l’image de la femme "rêvée" qui s’oppose à la réalité de la femme active qui continue de suivre la mode. Un grand mouvement social féminin français jamais vu en France, la grève des midinettes (ouvrières parisiennes de la couture) en 1917 est aussi abordé.

La "frivole" et "l'élégante" sont raillées par les journaux satiriques, alors qu'on assimile la survie de la couture, troisième industrie du pays, à un effort de guerre patriotique. La veuve est écartelée entre exigence de sobriété, nécessité de travailler et statut d'une nouvelle icône de mode invitée à consommer. Avant d'être priée de "revenir à la maison" et de "repeupler la France", rappelle cette exposition.

Une guerre émancipatrice ?

Cette exposition montre comment la guerre de 14-18 porte en elle les prémices de ce que l’on a appelé après la guerre l’émancipation des femmes.

Cette notion est discutée sur le plan vestimentaire et social par les historiennes Françoise Thébaud et Michelle Perrot, qui nuancent l’idée d’une guerre totalement émancipatrice. Cette dernière partie de l'exposition accorde une place à la description de la figure de la garçonne et du nouveau rapport au corps induit par la guerre. Elle aborde aussi la question du travail féminin, des droits sociaux et politiques des femmes.

Des pièces rares, parfois uniques

Un an et demi de recherche a été nécessaire pour réunir des pièces parfois uniques, tirées des archives de Chanel et Lanvin. Ces deux maisons de femmes comptaient parmi les plus actives entre 1914 et 1918, les grands couturiers de l'époque étant partis au front. 

L'exposition propose des documents issus des collections de la Bibliothèque Forney : cartes postales, catalogues commerciaux, périodiques de mode, affiches publicitaires, photographies… datant de la période de la guerre, et rarement, voire jamais, exposés.
Ont aussi été mis à contribution des collections privées et les archives du Musée de la Grande Guerre à Meaux.

Réouverture de Forney après travaux

La Bibliothèque Forney a rouvert après un an de travaux d'embellissement et de mise au norme. La bibliothèque des arts graphiques et des métiers d'art de la Ville de Paris a bénéficié d'un plan de 1,3 million d'euros pour mettre en valeur les collections et mieux accueillir le public avec une scénographie repensée et la création de nouveaux espaces d'accueil. Sa cour intérieure a fait l'objet d'une mise en lumière.

Abritée par l'Hôtel de Sens, elle est l'un des rares vestiges de l'architecture médiévale civile à Paris construit de 1475 à 1519.