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Mariano Fortuny, inventeur prolixe, dévoile son fameux plissé au Palais Galliera
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié le 04/10/2017 14:44
Mis à jour le 31/12/2017 15:10
"Fortuny, un Espagnol à Venise" clôt la saison Espagnole du Palais Galliera ouverte avec "Balenciaga, l’oeuvre au noir" au musée Bourdelle et "Costumes espagnols, entre ombre et lumière" à la Maison de Victor Hugo. Cette rétrospective dévoile la diversité des inspirations et les talents d’inventeur de ce designer célèbre pour son plissé dont les robes ont séduit les artistes et inspirées Proust.
Corinne Jeammet
À travers une centaine de vêtements issus du fonds Galliera, du Museo del Traje à Madrid et du Museo Fortuny à Venise, l’exposition "Fortuny, un Espagnol à Venise"dévoile la diversité des inspirations et les talents d’inventeur de ce designer de mode. Le parcours dans les différentes salles du musée se fait dans une pénombre certaine : ces vêtements anciens sont abrités dans des armoires en glace, tout comme les textiles présentés, gâchant un peu le plaisir de la découverte.
(PHILIPPE LOPEZ / AFP)
Fils du peintre espagnol Mariano Fortuny y Marsal, Mariano Fortuny y Madrazo (1871-1949) s’oriente d’abord vers la peinture. Il s'établit à Venise. Ses goûts éclectiques le poussent à s’intéresser à la gravure, à la photographie, au design et à se passionner pour la mise en scène et l’éclairage scénique. Dès 1906, il se tourne vers le textile avec les châles Knossos en voile de soie imprimé de motifs inspirés de la céramique crétoise de Camarès. Oeuvrant à la libération des corps, revisitant l’Antiquité, le Moyen Âge et la Renaissance, il s’attache à la souplesse du vêtement en créant des pièces intemporelles aux lignes droites.
(PHILIPPE LOPEZ / AFP)
Fortuny magnifie chaque tissu en une pièce unique aux subtils jeux de lumière. Le visiteur admirera, parmi les robes portées par la comtesse Greffulhe et sa fille Élaine, Eleonora Duse, Ellen Terry, Oona Chaplin… ses savantes impressions à base de poudres métalliques sur velours de soie qui rendent hommage aux influences byzantines, japonaises et persanes.
(Collection Palais Galliera © Stéphane Piera / Galliera / Roger-Viollet)
Cette robe emblématique fait la célébrité de Mariano Fortuny et connaîtra un succès ininterrompu jusqu’à nos jours. Inspirée de l’Aurige de Delphes, elle est l’héritière des korai grecques archaïques revêtues de chitons plissés. Fortuny dépose à Paris en 1909 un brevet d’invention pour un "Genre de vêtement pour femmes dérivé de la robe antique" ; il a déposé quelques mois auparavant un brevet pour un "Genre d’étoffe plissée ondulée". Réalisée dans un fin taffetas de soie plissé assemblé en quatre ou cinq lés, la robe Delphos, dont le bas s’évase en corolle, épouse les mouvements du corps et libère la silhouette féminine. Le décor se concentre sur la ceinture rehaussée de motifs imprimés or. Ce modèle d’une extrême épuration génère de subtils effets de concentration et de réflexion de la lumière, auxquels participent les perles en verre qui en agrémentent les bords. Une couche d’albumine sublime la brillance du matériau.
(Venise, Museo Fortuny © Fondazione Musei Civici di Venezia – Museo Fortuny)
Sa notoriété est-elle que Fortuny est mentionné dans l’oeuvre de Marcel Proust. Le peintre Elstir dans À la recherche du temps perdu rapporte : "Mais on dit qu’un artiste de Venise, Fortuny, a retrouvé le secret de leur fabrication et qu’avant quelques années les femmes pourront se promener, et surtout rester chez elles, dans des brocarts aussi magnifiques que ceux que Venise ornait, pour ses patriciennes, avec des dessins d’Orient". "Les robes de Fortuny, fidèlement antiques mais puissamment originales, faisaient apparaître comme un décor […] la Venise tout encombrée d’Orient où elles auraient été portées", écrit encore l'écrivain Marcel Proust.
(Collection Palais Galliera © Stéphane Piera / Galliera / Roger-Viollet)
Maison vénitienne de textile de renom, Fortuny fut fondée il y a plus d’un siècle. Gérée par la famille Riad depuis près de 30 ans, Fortuny est encore et toujours imprégnée de l’esprit de son fondateur. Chaque tissu Fortuny est produit dans l’usine originelle de Venise, sur les mêmes machines, en utilisant le même procédé tenu secret, ainsi que des techniques transmises de génération en génération depuis près d’un siècle.
(Collection Palais Galliera © Stéphane Piera / Galliera / Roger-Viollet)
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