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Les femmes berbères du Maroc à la fondation Bergé-Saint Laurent

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
La richesse du patrimoine amazigh (berbère) doit en grande partie sa survivance aux femmes via la transmission de la langue et des savoir-faire. La passion marocaine de Bergé et Saint Laurent est à l'origine de l'exposition "Femmes berbères du Maroc", qui explore la place centrale des femmes dans cette culture au travers de leurs parures, diverses selon les régions mais toujours extraordinaires.

Mireille Morin-Barde (Coiffures féminines du Maroc, Édisud)

Arrivés au Maroc en 1966, Pierre Bergé et Yves Saint Laurent ont, depuis le tout début de leur passion marocaine, constitué une collection d’art berbère. Cette dernière les accompagne dans leurs successives demeures. À Dar el-Hanch d’abord, la maison qu’ils achètent dans la médina de Marrakech. Puis, en 1974, à Dar Es Saada, la villa qui jouxte le jardin Majorelle dont ils deviennent de fidèles visiteurs, avant d’en faire l’acquisition en 1980 pour le sauver d’une destruction certaine. Le couple entame alors la restauration du jardin Majorelle, comme celle de l’atelier de peinture érigé en son sein. C’est au milieu des années 1980 qu'ils décident de le transformer en musée d’art islamique. Après la mort d’Yves Saint Laurent en 2008, Pierre Bergé propose un musée de civilisation marocain dont il confie les aménagements intérieurs à l’architecte et scénographe français Christophe Martin.
 (Mireille Morin-Barde (Coiffures féminines du Maroc, Édisud))
Le musée berbère ouvre ses portes en 2011 dans l’atelier de Jacques Majorelle que d’étroits liens unissaient à ce peuple. Il présente le panorama le plus exhaustif possible du patrimoine berbère au Maroc. Depuis la collection jusqu’alors réunie par Pierre Bergé et Yves Saint Laurent s’est enrichie.
 (Claude Lefébure)
"Si j’ai voulu que cette exposition soit consacrée aux « femmes berbères » c’est parce que l’essentiel des objets les concerne. C’est aussi à cause du rôle prépondérant qu’elles assurent dans la transmission de l’identité : la langue, les savoir-faire, l’éducation des enfants" indique Pierre Bergé.
	 
 (Claude Lefébure)
Les Imazighen ou Berbères sont les habitants les plus anciens de l’Afrique du Nord. Ils occupent, depuis des millénaires, un territoire qui s’étend depuis les côtes atlantiques du Maroc jusqu’aux confins du Maghreb oriental et de l’Égypte. De successives conquêtes ont façonné le visage du Maroc d’aujourd’hui, reflet d’une mixité caractéristique du pays. Les Berbères ont une langue, une culture qui leur sont propres et qui ont traversé les siècles. 
 (Titouan Lamazou, 2013. Acrylique sur papier)
À travers l’histoire, ce sont les femmes berbères, garantes de la pérennité des traditions et de la langue, qui ont assuré la sauvegarde de l’héritage culturel des tribus. Cette transmission passe notamment par des symboles que l’on retrouve dans le tatouage, le henné, le maquillage, les bijoux, la vannerie, la poterie et la tapisserie
 (Titouan Lamazou, 2013. Acrylique sur papier)
L’exposition s’articule autour de 3 thématiques. Tout d'abord le portrait de la femme berbère : grâce aux textes, cartes et projections, cette introduction propose une découverte historique, géographique, sociétale et tribale des femmes berbères.
 (Musée berbère / Nicolas Mathéus)
Le second volet se penche sur le savoir-faire et l'artisanat au travers de la vie quotidienne et des prérogatives des femmes dans les domaines du tissage, de la poterie, de la vannerie, de la fabrication de l’huile d’argan, de la danse et des fêtes... mais aussi dans les objets domestiques du quotidien ou de fête comme dans les objets rituels. 
 (Musée berbère / Nicolas Mathéus)
Troisième volet abordé : les parures et costumes. Les bustes de bijoux, les costumes et les objets sont accompagnés de présentations multimédia, qui permettent de découvrir dans le détail les éléments constituant les costumes des femmes ainsi que les objets liés à l’apparat. Du Rif au Sahara, les groupes berbères, sédentaires ou nomades, manifestent un goût affirmé pour l’apparat. Vêtements, parures et accessoires attestent de leur identité. Dans le cadre d’un système très codifié, tissages, couleurs, motifs propres à chaque groupe, les femmes berbères créent leur habit de fête. C’est ainsi que lors de grands rassemblements ce n’est pas l’uniformité qui s’offre au regard mais une chaleureuse et exubérante variété de silhouettes.
 (Musée berbère / Nicolas Mathéus)
La Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, qui a vu le jour en 2002, est l’aboutissement de 40 années de création. Elle retrace la mode créée par Yves Saint Laurent, une mode qui révèle les ressorts de la société. En se servant des codes masculins, Yves Saint Laurent apporta aux femmes la sécurité, l’audace tout en préservant leur féminité. Ces vêtements font partie de l’histoire du XXe siècle. Ils ont accompagné l’émancipation des femmes dans tous les domaines, privés, sociaux et politiques
 (Musée berbère / Nicolas Mathéus)
Exposition "Femmes berbères du Maroc" du 21 mars au 20 juillet 2014. 3, rue Léonce Reynaud. 75016 Paris.  www.fondation-pb-ysl.net
 ( Musée berbère / Nicolas Mathéus)

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