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Les éventails Duvelleroy dévoilent leurs savoir-faire aux Arts Déco
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié le 29/04/2013 15:38
Mis à jour le 06/12/2016 06:30
Les successeurs de Duvelleroy -une des rares maisons d’éventaillistes à avoir subsisté- cultivent des savoir-faire anciens ressuscités grâce à Éloïse Giles et Raphaëlle de Panafieu. Archives et photographies évoquent cette histoire depuis sa création en 1827 tandis que dessins préparatoires, patrons et formes retracent les étapes de la réalisation. A découvrir à la Bibliothèque des Arts Déco !
Collection Michel Maignan.
Et si l'éventail redevenait un accessoire de mode ? "C'est dingue que l'éventail ait disparu des mains des femmes alors que toutes en avaient, un peu comme les lunettes de soleil aujourd'hui", s'étonne Éloïse Giles, une des créatrices à l'origine de la Renaissance de la marque Duvelleroy. Pour elle, c'est "la quintessence de la féminité", "l'accessoire absolu". Ainsi durant la 2e moitié du XIXème siècle, "le petit livret de l'usage de l'éventail" indiquait qu’à chaque position de l'accessoire correspondait un message : devant le visage pour dire "Je vous aime" et contre la joue pour signaler à l'amant "Nous sommes surveillés".
(Collection Michel Maignan. )
Autrefois capitale de l’éventaillerie, Paris ne compte en 1827 guère plus de 15 fabricants. Mais Jean-Pierre Duvelleroy -persuadé que cet accessoire devenu désuet après la Révolution française va connaître un nouvel essor- ouvre sa maison. Il s’entoure des meilleurs tabletiers pour fabriquer des montures d’éventails en bois, en corne, en nacre, en ivoire, et en écaille… Il collabore avec les graveurs et les peintres, s’entoure d’artistes comme Ingres ou Delacroix. Après avoir créé un éventail figurant la famille royale d’Angleterre d’après l’oeuvre de Winterhalter, il est nommé fournisseur officiel de la reine Victoria. En 1853, il réalise un éventail pour la corbeille de mariage d’Eugénie de Montijo. La maison devient fournisseur exclusif de la ville de Paris.
(Travail industriel de Bastard-Lannoye. Collection Michel Maignan)
L’éventail couture va connaître la gloire : les feuilles en tulle, en gaze de soie, en dentelle et en organza sont rebrodées de paillettes tandis que les plumes sont travaillées en marqueterie. Duvelleroy se spécialise en éventails “trophées”, oeuvres de plumes réalisées à partir d’un seul oiseau, intégrant parfois jusqu’à la tête de celui-ci. Avec l’Art nouveau, les éventails s’ornent de fleurs et de femmes, souvent peintes par Billotey, Louise Abbéma, Gendrot ou Maurice Leloir. Duvelleroy développe dès le XIXe des éventails publicitaires.
(Suzanne Nagy / Musée des Arts Décoratifs)
Après la Première Guerre mondiale, la production d’éventails de mode, aux feuilles textiles, décline au profit de celle d’éventails publicitaires, aux feuilles de papier. Des éventails commémorant la victoire des Alliés sont conservés au musée de l’Armée. Pendant l’entre-deux-guerres, Duvelleroy crée des éventails en plumes d’autruche, pour parer les garçonnes. L’éventail de Farida Zulfikar pour ses noces avec le roi Farouk d’Egypte, en 1938, sera la dernière commande royale de la maison.
(Suzanne Nagy / Musée des Arts Décoratifs)
Duvelleroy est l’une des seules maisons à avoir perduré après-guerre. Pendant les Trente Glorieuses, elle survit grâce au commerce d’objets de maroquinerie et à la vente d’éventails anciens. La France a été le plus grand producteur d’éventails publicitaires au monde. Faits de papier et de brins de bois, imprimés grâce à des techniques modernes, ils sont offerts par les hôtels, les restaurants, les magasins ou vendus en souvenir. La carrière de l’éventail publicitaire s’étend de 1890 à la 2nde Guerre mondiale. Passé de mode, sa production devient quasi confidentielle après les années 1950, même s’il bénéficie de signatures d’affichistes renommés - Chéret, Pal, ou Cappiello, Poulbot.
(Suzanne Nagy / Musée des Arts Décoratifs)
En 2010, Éloïse Giles et Raphaëlle de Panafieu ressuscitent l’éventail de haute façon et s’associent à Michel Maignan, l’héritier de la Maison Duvelleroy qui a préservé le fonds transmis par son grand-père. Pour conserver ce savoir-faire rare, les deux jeunes femmes constituent un réseau d’artisans capables de réaliser des collections dans la haute tradition française. 15 corps de métier (tabletier, brodeur, plumassier…) peuvent intervenir dans sa fabrication. Un éventailliste formé par le dernier maitre d’art en France assemble l'éventail à la main. Les Duvelleroy sont tous signés par une marguerite. En 2012, Duvelleroy reçoit le label « Entreprise du Patrimoine Vivant».
(Fonds Duvelleroy)
La maison réalise des éventails couture (montures en fibre de carbone, en nacre, en marqueterie de paille, les feuilles en soie ou en plumes de paon, d’autruche, de faisan), des éventails de designers (co-édités avec des grands de la mode et du design, comme Lovisa Burfitt ou Nathalie Lété). Après le succès de l’éventail « Air Conditioning » en 2011 coédité avec Jean-Charles de Castelbajac et porté par Katy Perry, Duvelleroy édite chaque saison des illustrations originales (Romain-Louis Leroux, Chloé Van Paris, Beirut Loves et le Moulin Rouge) et des commandes spéciales. Les créatrices travaillent aussi pour des maisons de couture et de joaillerie
(Suzanne Nagy / Musée des Arts Décoratif)
(DR)
Exposition « La Maison Duvelleroy Passé-Présent », du 29 avril au 31 juillet. Bibliothèques des Arts Décoratifs. 111, rue de Rivoli. 75001 Paris. www.bibliothequedesartsdecoratifs.fr. La bibliothèque est ouverte le lundi de 13h à 19h, le mardi de 10h à 19h et du mercredi au vendredi de 10h à 18h Fermée les samedis, dimanches et lundis matin, les jours fériés, du 25 décembre au 1er janvier et le mois d’août.
(Fonds Duvelleroy.)
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